vendredi 30 décembre 2011

L'arbre à jujubes du Jour de l'An

Ce jujube à la réglisse que je savoure goulûment bien avant le Jour de l'An réveille mes papilles et me rappelle que l'an dernier en feuilletant une revue qui présentait les  décorations traditionnelles  et les nouveautés des Fêtes de fin d'année, je suis tombée à la renverse en y trouvant mon arbre à jujubes. Je dis mon arbre à jujubes car je crois bien que je suis la seule des nombreux petits enfants de ma grand-mère maternelle à attacher autant d'importance  émotive à cet arbre de plastique.

Il trônait au milieu de la table sur la belle nappe blanche au Jour de l'An chez grand-maman Rondeau. Deux embranchements qui s'entrecroisaient par le milieu et qui tenaient bien droits sur un socle à rebord.Les jujubes en forme de cloche venaient se percher sur les branchettes et donnaient un air de bonheur  à cet imitation d'arbre dont le rebord contenait des jujubes  en réserve.Un vrai délice, ces jujubes rouges, verts et blancs recouverts d'un givre sucré; ils me faisaient aimer davantage la rencontre annuelle des cousins et cousines qui avec mes oncles et mes tantes remplissaient les deux tablées du Jour de l'An.

Les mets traditionnels: tourtières, dinde, ragoût de pattes et leurs accompagnements étaient au rendez-vous. Sans doute parce que mes grands-parents vivaient tout près de la frontière américaine à Beebe-Rock Island, ils avaient intégré des mets plus ``anglais``: mince meat, gâteau aux fruits,  tartes au suif, plum pudding à leur menu . Je ne dédaignais pas tous ces bons plats mais je me souviens avec plus de plaisir de tous les à côté de cette boustifaille.

Cousin Paul, le plus agé des cousins présents était à lui seul, un phénomène. Il avait instauré un système de passe- passe de nourriture et d'ustensiles qui nous faisait rire à nous étouffer. Il décidait que  cousine Jacqueline voulait des cornichons , nous nous passions  le plateau de cornichons  de main à main jusqu'à ce qu'il se positionne face à l'assiette de Jacqueline, puis tout de suite  Paul énonçait que cousin Robert  voulait la sauce, la promenade de la sauce  commençait . Presque tous les  plats de la table se déplaçaient ainsi et souvent la même  cousine ou le même cousin accumulait devant son assiette une grande quantité de plats, fourchettes, salières...

Nous formions une tablée d'enfants, la dernière de deux ou trois tablées selon les années. Ma grand-mère recevait entre trente et quarante -cinq invités. Tante Thérèse et son mari Richard qui habitaient avec elle étaient les véritables hôtes car grand-maman avait gardé des séquelles de son hémiplégie  survenue à la naissance de la dix- septième de sa tribu. On nous conseillait à nous les petits enfants d'être bien tranquilles pour ne pas fatiguer grand-maman. Il ne fallait surtout pas toucher au piano du salon,  il valait mieux éviter de glisser sur la belle rampe de l'escalier, veiller à ne pas parler trop fort. Quand arrivait enfin notre tablée nous avions notre revanche sur les consignes et nous nous plongions à coeur joie dans nos fantaisies. Paul avait une voix de stentor, un débit rapide , heureusement qu'il était présent , grâce à lui et ses ``folies`` le Jour de l'An est devenu mémorable.

Si l'arbre à jujubes était ma décoration préférée , la guimauve ornée d'une petite chandelle d'anniversaire et entourée d'un ruban sur lequel on avait enfilé un Life Saver de couleur pour en faire une sorte de bougeoir, me fascinait aussi. Ce bougeoir réchauffait le devant de notre assiette. Ma gourmandise pour les jujubes et les guimauves ne date pas d'hier , je dois mettre la faute sur le Jour de l'An . Sur mon calendrier, il y a maintenant plusieurs Jours de l'An  surtout depuis qu'une amie m'a fait cadeau du fameux arbre à jujubes, jujubes à saveur de grand-mère.

Bonne Année 2012
Denise XXX

mercredi 7 décembre 2011

Noel, je l'apprivoise encore

Aussi bien le dire franchement, Noel n'est pas ma tasse de thé . J'ai toujours su que le père Noel et mes parents se confondaient et ceux-ci ne se sont jamais forçés pour me prouver le contraire. A partir de novembre ma mère nous prévenait , cette année encore son budget serré rendait les cadeaux improbables. J'aurais dû comprendre au fil du temps que son discours cherchait à me faire apprécier davantage  les cadeaux qui s'abritaient sous le sapin  qu'elle décorait chaque année avec la  même élégance. Hélas je n'aimais pas ce genre de décoration  à l'aluminium , je prenais ses paroles  au premier degré et  lorsque  j'ouvrais mes cadeaux  j'avais chaque fois l'impression d'avoir  enlevé le beurre sur le pain familial.
Ainsi, je n'ai jamais aimé Noel sauf  pour les mets si délicieux que ma mère préparaient avec plaisir . Elle aimait cuisiner et avait un don particulier pour les tourtières, les tartes ,les beignets et les diverses bouchées  sucrées typiques  du temps des fêtes.

Chez-nous , Noel n'était pas véritablement une fête d'enfants, nous n'étions que mon frère et moi.. Mes parents invitaient deux de mes oncles et tantes qui après un repas copieux jouaient aux cartes en prenant un petit coup . Ils s'amusaient ferme.Quand la neige acceptait de tomber , heureusement je partais pour une longue marche et j'arrivais à trouver un peu plus de charme à cette fête où le petit Jésus était sensé vous ravir.

Nos cadeaux étaient prévisibles. Ma mère m' achetait un présent au nom de mon frère plus jeune : un jupon, des collants, des gants selon les années. Elle- même me donnait un vêtement d'hiver,  en de rares occasions,  je recevaient des patins.  Adolescente, je craignais de recevoir de la part de mon frère , un soutien- gorge . Vous voyez la scène: j'ouvre  mon cadeau devant la parenté qui admire avec moi le sous -vêtement,  à l'eau la pudeur...

Après mon mariage , mon mari et moi avons  participé aux jeux de cartes et j'ai pris du plaisir avec la Dame de Pique et le 500. L'oncle Fernand un véritable clown qui pouvait  révéler les cartes de sa main en faisant semblant de raconter une histoire, m' enlevait toute culpabilité pour la tricherie à laquelle je me laissais  aller pour rigoler. Oncle Germain chez qui  ma famille ira réveillonner dans les années 1980, était ténor dans la chorale de sa paroisse. Après la messe de minuit , nous chantions en les déformant quelque peu  les Glo... oooria des ``Anges dans nos campagnes``et les autres beaux cantiques traditionnels.

A quatre heures dans la nuit, il fallait faire le trajet Bromptonville-Coaticook  en essayant de tenir nos yeux bien ouverts et le lendemain en après-midi celui du retour à notre domicile qui par beau temps se faisait en deux heures. Je trouvais stressante cette période de l'année qui nous donnait congé pour mieux nous faire travailler: courses, bouffe, vaisselle, décorations, cadeaux. C'était déjà l'ère de la consommation , prémices des années 2000. Ma petite fille Oxanne adore les festivités et je puise un peu de sa joie pour combattre ma nostalgie. Peut-être bien que le père Noel existe pour le vrai: quelqu'un a mangé les biscuits et bu le verre de lait pendant que mon chat mangeait ses croquettes...

Joeux Noel 2011

vendredi 2 septembre 2011

Les secrets

Ecoute le vent se lève
La feuille plie , le son jaillit

Entend sa plainte brève
Au milieu de ta nuit

Ta nuit coupée de paroles
Secrets trop bien enfouis

Silence gerbe de corolles
Aux jardins qui fuient

Entend le vent porter douleur
Berceuse qui guérit

Mélodie de douceur
Pour ton coeur en charpie

Ecoute le vent s'est tu
La feuille se déplie

Entend le silence revenu
Refuge choisi

jeudi 1 septembre 2011

Les amants

Quand le soleil sur la rivière
Chauffe les berges égayées

Les amants sur leur litière
Froissent les draps, les oreillers

Se sont reconnus, se sont aimés
Comme les oiseaux au mois de mai

Leurs corps repus dorment enlacés
Début de  temps nouveaux, sentiments entremêlés

La jouissance flux et reflux , tous les sens contentés

Quand la neige sur la rivière
Gèle les eaux moins agitées

Les amants revenus d'ébats éphémères
Comme fardeaux longtemps trainés

Sans  promesses  convenues, sans reproches amers

Laissent souvenirs les plus beaux
Sur leur couche délaissée

La neige et le soleil sur la rivière
 Confondent les amants esseulés

mercredi 31 août 2011

Une future émigrante

Dieu le Père
Rue du Paradis
CIEL  UNI VERS


Cher Monsieur,

Permettez que je me présente, je suis Denise Trudel et j'ai un intérêt de plus en plus marqué pour votre lieu de séjour. Sachant qu'un jour ou l'autre  je serai des vôtres, je voudrais être tout à fait prête  afin de m'adapter le mieux et le plus rapidement possible à cette forme d'émigration. On m'a déjà informée que nuls passeport ou visa ne sont nécessaires. Je me demandais comment  vous pourrez me reconnaître étant donné que mes empreintes digitales comme mon ADN ne seront plus disponibles.

Je voudrais aussi savoir si je dois me mettre  tout de suite à l'étude du chinois. Je parle le français, une langue régionale, je me débrouille en anglais, sûrement que beaucoup de vos citoyens parlent cette langue au  CIEL mais le chinois me semble plus pratique, ils sont tellement nombreux.

Pourriez-vous me donner aussi une petite idée de la tenue vestimentaire appropriée, je suis mal à l'aise avec la nudité, je suis frileuse, je ne me vois pas du tout porter  la burka . J'attends votre suggestion , elle sera celle d'un être de bon goût et de bon jugement.

Qu'en est-il du travail, ici  les équivalences pour les diplômes posent problèmes, exigez-vous des cours d'appoint? Sans vouloir vous offenser je désirerai sans doute travailler un peu ne serait-ce que pour  m'entourer d'un réseau social car nous regarder face à face tous les jours peut devenir gênant pour nous deux. Avec ma notion terrestre d'éternité  ça peut être long pas à peu près.

Votre système économique souffre-t-il comme le nôtre d'inflation, de récession? Je préfère connaître la vérité maintenant pour éviter la dépression pendant...

J'ignore si vous tenez quelques fois des élections , c'est pas que j'aime la politique tant que cela, je veux juste vous signaler la présence d'un bon Jack arrivé chez-vous depuis peu,  il vous ferait un super candidat.

Je suis une adepte des nouvelles continues, je souhaiterais continuer à me tenir au courant de ce qui se passe dans l' UNI VERS, votre système est-il compatible avec le nôtre? J'ai tenté de vous envoyer un courriel, mon serveur me signifie que la puissance de vos ordinateurs est telle que mon message est périmé avant d'arriver chez-vous, est-ce un virus?

J'allais oublier  de vous interroger sur les mets servis dans vos cafétérias, je m'accommode de presque tous les plats dits exotiques, seulement si vous pouviez servir de la poutine , ne serait-ce qu'une fois par année, je me sentirais comme chez-nous.

Espérant  monsieur que vous comprenez toute la fascination que suscite en moi votre pays idyllique, je demeure attentive à vos réponses et suggestions et votre future nouvelle arrivante.

Bien à vous,

Denise Trudel

mardi 30 août 2011

la misère des aliments

Misère de misère je n'arriverai donc  jamais à y voir clair. Est-ce la faute à mon père si j'aime autant le beurre ,  ça doit sûrement être génétique!

Dire que je me suis privée de lui pendant vingt-cinq ans. J'ai participé sciemment  à la guerre du beurre versus la margarine dès le début de mon mariage . Mon mari cardiaque de naissance  avait subi une angioplastie  trois ans plus tôt , la diététiste , l'Institut de Cardiologie au grand complet vous mettaient en garde sur les dangers du beurre. J'ai cuisiné à la margarine  high-tech et à l'huile de tournesol . Misère de misère le beurre est bien meilleur au goût! Avez-vous déjà dégusté de la tourtière faite avec une pâte additionnée d'huile de tournesol. Vous n'avez rien manqué si votre réponse est négative, le gras coulait dans l'assiette. Je  n'étais déjà pas trop fan de la tourtière traditionnelle alors vous pouvez vous imaginer mon dégoût de celle-là.

Misère de misère quel dilemme aussi avec le café et le thé! Le café excitant cardiaque donne des palpitations par contre il est un nettoyeur naturel de l'intestin, anticancérigène dit-on maintenant. Le thé qu'il fallait choisir vert pour toutes ses vertus antioxydantes a perdu quelques plumes au profit du thé blanc, plus rare et plus cher. Je me suis habituée aux thés de toutes couleurs après avoir testé le David 'thea, évidemment le fait que ce thé porte le  nom de mon fils a sûrement contribué à en rehausser la saveur.Le café et moi n'avons pas d'atomes crochus, je ne fais pas la différence entre un bon café au dire des experts et un autre plus médiocre. Je vous rassure, je sais reconnaitre l'eau de vaisselle.

Misère de misère, j'aime aussi le chocolat, ça doit être encore  génétique, ma grand-mère maternelle en raffolait et ne s'en privait pas. La chocolaterie La Foucade de St-Luc  fait un chocolat au miel et aux graines de sésame qui vous retient sur terre, il n'y a rien de comparable au Paradis. Le chocolat ne fait plus engraisser si consommé modérément,  est bon pour le coeur, protège de l' AVC, est aphrodiaque, un vrai bonheur. Même le chocolat au lait a retrouvé ses lettres de noblesse. On le gaspille pour les massages mais si ça vous tente de l'absorber de cette façon allez-y misère de misère.

Heureusement le poisson a presque toujours été un aliment qui faisait l'unanimité, omégas 3 à profusion. il fait les beaux jours de Louis mon cousin pécheur et pêcheur. Ah! J'oubliais le mercure misère de misère, y a rien de parfait et attention aux arêtes, tout à coup que...

De la bologne crue  en sandwich avec un peu de moutarde, c'est assez bon! Gare à la salmonellose toutefois . Ma mère la faisait aussi  frire avec du Beurre dans la poêle , accompagnée de patates pilées et de sauce brune, un vrai délice, Oui, vous pouvez ajouter du brocoli, aliment chouchou par excellence  mais je préfère les carottes et les petits pois misère de misère à cause de mes yeux.

Une bonne salade  arrosée d'huile d'olives de première pression, c'est le nec plus ultra de la gastronomie méditerranéenne. Il y a vingt ans on disait que l'huile d'olives faisait engraisser, avait un goût acide et coûtait trop cher.Vous pouvez accompagner votre salade de bons fromages au lait cru.
Sachez quand même que j'ai lu des choses ``ben meuchantes``sur le lait cru, misère de misère que c'est compliqué.

Le four à micro-ondes, une chance qu'il ne se mange pas car il parait , je vous le dis sous toute réserve  que certaines ondes...misère de misère n'allez surtout pas répandre la nouvelle!

Si vous êtes à table , je vous souhaite bon appétit!

lundi 29 août 2011

Esclave de sa liberté

Un jour il  fallut qu' ``en toute liberté`` je choisisse une profession, je terminais ma onzième année de scolarité.Le choix était relativement facile à faire: infirmière, enseignante, coiffeuse, secrétaire si je  choisissais de continuer à étudier.

J'aimais l'étude, apprendre de nouvelles choses, les sciences qui commençaient à se développer m'intéressaient  beaucoup. Je me voyais médecin; j'ai du revenir sur terre, mes parents n'avaient pas les moyens de me payer des études de médecine. Je songeai à devenir infirmière, les études  me convenaient, de plus  à cette époque les infirmières recevaient un petit salaire mensuel ce qui soulagerait mes parents.Il y avait un hic: j'avais une phobie de la mort, celle des autres. Les larmes me montaient aux yeux dès que j'évoquais le mot et toutes les émotions qui tournaient autour.

Il  ne me restait peu de choix, j'optai pour l'enseignement car j'aimais les enfants, les ados. Les cours se donnaient dans mon patelin  et je pouvais poursuivre les études jusqu'au doctorat après l'acquisition de mon premier brevet. J'ai travaillé l'été et les week-ends pour payer mes frais. J'ai d'abord obtenu un brevet B qui me donnait la permission d'enseigner au primaire et aux deux premières années du secondaire. Les soeurs de la Présentation de Marie m'engagèrent pour  enseigner au secondaire à des étudiantes à peine plus jeunes que moi, je continuais  mes études à temps partiel à Sherbrooke. En 1969 après mon mariage je retournai aux études à plein temps pour terminer mon baccalauréat à l'Ecole normale Eulalie Durocher affiliée à l'Université de Montréal.

Aussi surprenant que cela puisse paraître je n'ai jamais songé à faire de l'enseignement toute ma vie contrairement à mon mari qui en fit sa carrière .L'enseignement c'est aussi devoir faire de la discipline, celle-ci me donnait le trac de l'acteur, elle me causait des nuits d'insomnie.L'enseignement suscite les confidences, certaines m'ont plaçée dans une situation très inconfortable , j'étais tenue au secret mais je savais que j'aurais dû parler. Je me sentais impuissante et triste face à un tel dilemme.
J'enseignai aussi aux adultes, quelques- uns  qui étaient  chômeurs n'avaient pas eu le choix de leur retour aux études  et me faisaient payer par leur arrogance , leur manque de liberté.Je donnai également des cours privés à des étudiants victimes d'accidents , de maladies ou au prise avec des problèmes psychologiques. Je ne me suis jamais résignée à enseigner dans une polyvalente , beaucoup trop  ``usine`` pour mes valeurs.

Après quinze années d'enseignement , je devais passer à autres choses . Aussi quand des amies m'ont invitée à les joindre au magasin de produits naturels, j'ai hésité puis y voyant un défi je me suis impliquée à fond pendant dix ans, je pouvais continuer à apprendre ( certificat en gestion des affaires)
et reconnaître que  je préférais la Nature tout court à celle des produits.

Je n'avais toutefois pas résolu ma peur de la mort. Je choisis de l'affronter avant que la vie m'y oblige. La mère de ma belle soeur Pauline  est hospitalisée en phase terminale . Le travail de Pauline ne lui permet pas de passer de longues heures auprès de sa mère en semaine. Je lui offre deux jours de veille en semaine, mon horaire me le permettant. Je la veillai  ainsi pendant trois semaines. . La mère de Pauline n'est pas morte en ma présence, je venais à peine de la quitter...sa mort m'a appris à accueillir les émotions du moment comme elles venaient, sans paniquer  malgré les larmes. Cela m'a servi pour les trois personnes de ma famille qui sont décédées en ma présence par la suite .

J'ai fait depuis bien des choix en ``toute liberté`` mais je suis convaincue que j'ai été bien souvent esclave de ma liberté.

P.-S. Mille excuses à ma mère pour m'être enorgueillie de mes études elle qui me disait:  `` si tes études t'enflent la tête un jour , je vais te rabattre le caquet assez vite .``

lundi 22 août 2011

L'ecole Gendreau de Coaticook (2)

Soeur Armand-Marie excellent professeur mais pas très patiente , nous trouve  bien des qualités. Elle s'adresse à A.R. , à J.R. et à moi même qui n'arrivons pas à comprendre la méthode en disant que nous sommes bouchées, des cruches , des sans dessein , ces boniments réitérés en montant le ton  de plus en plus.

Mes deux compagnes éclatent en sanglots , la soeur les renvoie à leur siège , les traitant de bébés . Je suis toujours au tableau , la cloche mettant fin aux cours  a sonné  mais il n'est pas question de partir. Je regarde Sr Armand-Marie dans les yeux et je lui dis calmement et poliment , avec une voix déterminée:``C'est vrai que je suis cruche, je suis ici pour apprendre à extraire la racine carrée et vous, pour me l'enseigner . Cela prendra le temps qu'il faudra , je ne partirai pas du tableau avant de savoir comment l'extraire. ``J'ai vu que je venais de faire tomber les défenses de la bonne soeur, des rides de sourire sont apparues autour de ses yeux. Elle m'a expliqué et nous avons pu aller diner.

Plus tard à l'Ecole normale Nouvelle- France où elle enseignait l'algèbre , j'étais parmi ses meilleures élèves. Nous nous étions jaugées et nous nous respections beaucoup.
Soeur Marie-Paule, titulaire de 11è année n'avait pas de méthodologie, elle était gentille, sans aucune malice et surtout elle était une organisatrice hors pair de toutes les activités parascolaires. Avec elle nous avons patiné,  dansé le folklore, organisé des carnavals, joué des pièces de théâtre .
Ses cours étaient inintéressants, elle avait conservé l'habitude de faire des ``combats`` pour nous faire retenir les  différentes matières à mémoire : l'histoire , la géographie entre autres. Mes compagnes considéraient la méthode digne du primaire , récriminaient sans cesse et n'arrivaient pas à faire cesser le manège jusqu'à ce qu'elles adoptent ma recette .

Les lamentations de toutes sortes m'ont toujours exaspérée, quand je ne suis pas contente d'une chose je passe à l'action: dorénavant, chaque fois qu'une question serait posée, il fallait attendre quelques secondes feignant de  réfléchir profondément et puis répondre :`` je ne le sais vraiment pas`` même et surtout aux questions les plus simplistes à savoir la capitale de la province de Québec.

J'avais fait le pari qu'après deux jours de ce stratagème  Sr Marie-Paule capitulerait. Elle céda  et nous assura que si nous rations nos examens  il ne faudrait pas la  tenir  responsable.

J'étais tout de même une étudiante tranquille par nature, très hypocrite, je murmurais des âneries pour faire rire mon entourage  pendant que je restais de marbre. Suzanne B. dirait sage comme une image ...Je ne craignais pas l'autorité par nature aussi, je respectais la personne, sa compétence ,quant à son titre je m'en fous encore comme de l'an quarante.

Je vous salue toutes les anciennes de Gendreau  1952-1963.

L'ecole Gendreau de Coaticook 1952-1963

A l'époque quand j'ai fréquenté l'école Gendreau  de Coaticook on y dispensait le cours primaire et secondaire. On pouvait passer onze années  de sa vie dans la même école, cela a été mon cas. L'école Gendreau est devenue ma seconde famille, j'ai développé des liens serrés avec les filles de 10è et 11è années.

J'ai eu un amour inconditionnel pour ma maîtresse de première année, Florence Cloutier. Je devais être pot de colle, je me souviens de l'avoir suivie pas à pas  même lorsqu'elle prenait l'autobus pour  rentrer chez-elle. J'étais gauchère, défaut que l'on a toléré jusqu'à Noel puis à partir de la Nouvelle Année la commission scolaire dans sa grande sagesse avait décrété que les gauchers devaient devenir droitiers comme par magie. Madame Cloutier m'a tellement encouragée dans ma conversion  qu'après un mois d'efforts la gauchère que j'étais était devenue ambidextre. Que n'aurais-je fait pour son sucre à la crème et deux petits carnets...

La majorité des laics et des religieuses qui enseignaient à cette école avaient la vocation. Les soeurs de la Présentation de Marie de Gendreau n'étaient pas hautaines, n'utilisaient pas à outrance une discipline humiliante, elles étaient aussi moins à cheval sur la morale que celles des pensionnats.

Soeur Aimée du Saint-Esprit,  titulaire de la 10è année était fine psychologue, toujours de bonne humeur et positive. Ses cours de religion portaient presqu'exclusivement sur l'amour avec un grand A. Elle avait même invité Mme Benoit à nous parler de l'amour au sein du couple , en 1962 , elle innovait.

Soeur Armand -Marie était  maîtresse de discipline , c'était une femme au physique imposant, qui parlait peu et qui n'attirait pas les confidences. Son regard laissait peu de place à la réplique. Elle enseignait aussi les mathématiques et la géométrie. La géométrie était mon talon d'Achille , je détestais cette matière: les sécantes , les bissectrices, les angles obtus de vrais ennemis! L'algèbre à cause sans doute des inconnus m'attirait...

Nous avions appris à extraire les racines carrées et cubiques des nombres , j'oublie en quelle année et j'avais aussi oublié la méthode. Je n'étais pas la seule, nous sommes trois coupables au tableau entrain de bûcher pour extraire une racine carrée.

jeudi 18 août 2011

le client a toujours raison (2)

Nous vendions des sandales magnétiques et les ceintures du même nom munies d'une dizaine d'aimants qui appliqués sur  la région des reins devaient soulager les arthritiques.
Une cliente âgée et fort bien en chair me commande une telle ceinture par téléphone. Je me vois lui expliquer avec  diplomatie que même le format XL risque d'être trop petit. Elle insiste disant qu'une couturière agrandira la ceinture , elle veut  à tout prix l'essayer car ses genoux et ses reins sont très souffrants.

A la réception de la fameuse ceinture, je préviens ma cliente qui m'envoie son infirmier la quérir et qui me confirme  le travail de la couturière.
Trois jours plus tard, je reconnais au téléphone , la voix de ma cliente à la ceinture qui me dit:``Ah !Madame , madame,  je veux vous remercier, je suis tellement contente, la ceinture a ramené mon genou par en arrrière, par en avant et j'ai appelé mon docteur pour lui dire, merci beaucoup puis bonjour là!
 Avant qu'elle ne ferme la ligne , je lui demande qui est son médecin. A mon grand soulagement, elle me donne le seul nom que je voulais entendre, celui du mari d'une partenaire. Celui-ci entre au magasin le vendredi soir  et nous regardant , nous prononçons ensemble:`` la ceinture a ramené le genou par en arrière , par en avant`` et nous éclatons de  rire.  La médecine officielle avait rejoint la médecine parallèle, tout un défi. C'est pour ces surprises  que j'ai gardé le fort dix ans.

Le client a toujours raison

J'ai toujours été adepte d'une saine alimentation sans être fanatique. Je me suis intéressée aux plantes dans leur ensemble et aux plantes médicinales en particulier, j'ai suivi des cours de phytothérapie, de cuisine végétarienne, je ne suis pas devenue végétarienne pour autant bien que je l' aurais souhaité, la cuisine méditerranéenne me convient mieux.Tout cela pour vous dire que trois de mes amies ayant les mêmes intérets ont décidé d'ouvrir un magasin de produits naturels à Bedford en 1983. Le magasin a toujours pignon sur rue et j'en fus la co-propriétaire jusqu' en 1993.

J'ai passé dix années à travailler comme jamais je ne l'avais fait auparavant, car nous partions de zéro, il nous fallait tout faire, l'aménagement physique du local inclusivement. Dix années à constater que je n'avais pas  du tout la bosse des affaires, la marketing me donnait des allergies.  J'aimais apprendre  et j'ai appris comment tenir la comptabilité, j'ai appris les  qualités et les défauts de tous nos produits et j'ai surtout appris que dans la domaine des produits naturels il y va de modes comme dans d'autres secteurs de commerce. Les maladies   telles la candidose, l'hypoglicémie, la fibromyalgie, l'allergie au gluten pour ne nommer que celles-là profitent toutes de panacées...J'ai lu tellement d'études sur les différentes eaux embouteillées, filtrées, ozonées que je me suis presque noyée.

Je ne m'occupais pas des achats, c'était ma partenaire , Marie-Rose, qui le faisait très bien; elle pouvait  supporter mieux que moi, le fournisseur qui croyait son produit toujours le meilleur de sa catégorie.Ma force , c'était l'écoute des clients, la répartition des tâches , la gestion .

Si vous avez été dans le commerce, vous savez que les clients  ont toujours  raison, ceux-ci nous ont fait parfois de ces surprises.

En entrant travailler un  lundi j'ai reçu un grand nombre d'appels m'informant que le journal La Presse via Pierre Foglia, parlait de notre boutique. Je me méfiais car une amie peintre avait goûté au vitriol de Foglia, je craignais  que notre magasin passe à la casserole. J'achetai quand même le journal  trop curieuse de lire ce qu'il pouvait bien avoir à dire de nous.

Son éternelle fiancée lui avait acheté un nouveau produit contre l'odeur  nauséabonde des pieds . Le dépliant vantait les mérites exceptionnels du produit qui pour une fois avait tenu ses  promesses. Monsieur Foglia  déclarait en mentionnant l'endroit où se le procurer: la boutique naturelle à Bedford ,qu'il ne serait désormais plus obligé d'aller enterrer ses bas deux fois par année à Drummondville.
La publicité gratuite rédigée par un chroniqueur célèbre , ça se prend bien.

mardi 16 août 2011

La recette pour une fête réussie (2)

Heureusement que Jacques V. un invité ami de mes parents que j'ai appelé pour  des  conseils m'a dit:`` Pauvre petite fille, amène ton gâteau à la boulangerie, je vais t'arranger ça.``Ce qu'il fit. Quand j'ai revu mon gâteau à la vanille et au chocolat , je ne pouvais croire que c'était le mien, il avait refait toute la décoration, il était magnifique.

Maintenant les invités et mes parents sont sur place , nous levons nos verres aux jubilaires, nous leur souhaitons un autre vingt-cinq ans d'engueulades et de bon temps puis nous entamons le buffet. Au moment de se servir de sandwichs, oncle Roland déclare qu'il ne fait pas confiance à ça  des sandwichs en couleurs et pour finir le plat tante Yvonne apostrophe Alice en lui disant :``mais qu'est-ce que tu as pensé de rouler les sandwichs du mauvais côté. Je t'ai répété par trois fois au téléphone, dans le sens de la largeur, le plus étroit,  t'es sourde ou quoi.`` La famille Rondeau délivrait ses messages elle-même, clairement et si tendrement...

Le cousin Jean-Louis  bientôt imité par cousin Michel et  mon frère, nous donna une démonstration sur l'art de déguster le sandwich:

Vous le prenez entre le pouce et l'index,
 vous ouvrez grand la bouche et vous poussez bien le tout .
 Vous avalez d'un seul coup avec une bonne rasade de punch.

 Après bien des essais et erreurs, le punch aidant les sandwichs ont disparu.

Ce fut une belle fête remplie de surprises. A propos ,il y a un sens pour rouler les sandwichs, lequel?

La recette pour une fête réussie

Nous avons fêté le 25è anniversaire de mariage de mes parents  en 1970 au début septembre . Mon mari Jean-Claude et moi demeurions à St-Jean-sur-Richelieu et mon frère Guy encore chez mes parents à Coaticook. C'est donc à leur insu que nous avons préparé la fête et choisi de la célébrer à leur maison avec la complicité d'oncle Roland et de tante Alice , frère et soeur de ma mère.

 C'est chez tante Alice  en après-midi que nous avons préparé le buffet de divers sandwichs et salades. Nous  avions acheté tous les ingrédients nécessaires au buffet et  nous en avions pour deux fêtes car Alice , au cas où... avait fait cuire un autre poulet et bien d'autres petites choses.

Au moment de faire les sandwichs roulés avec du pain long de différentes couleurs , je questionne Alice , en étant à ma première expérience, pour savoir dans quel sens il fallait les rouler. Elle m'assure s'être informée auprès de tante Yvonne, restauratrice retraitée, que les sandwichs doivent être roulés dans leur longueur. Je m'exécute et je trouve difficile de les faire tenir même avec un linge mouillé tel que cela doit être . Tante Alice m'aide et c'est à quatre mains que nous roulons. Les autres sandwichs sont plus simples à faire, Alice continue seule  assise à la table pendant que Jean-Claude et moi préparons les salades sur le comptoir de la cuisine.

Alice nous interpelle et lorsque nous la regardons, nous constatons que la chaise sur laquelle elle est assise semble  baisser . Alice était assez corpulente, les pieds  chromés de sa chaise  s'étaient dessoudés de sorte que ma tante descendait tout doucement vers le sol tout en continuant de beurrer les sandwichs. Mon mari et moi essayions de la prévenir , nous riions tellement que nous n'y parvenions pas . Nous l'avons plutôt soulevée avant qu'elle n'atteigne le plancher.

Après souper nous transportons nos victuailles chez mes parents invités au restaurant avec la complicité d'oncle Roland et de sa femme pour faire diversion. Tante Alice nous donne la recette de son punch sans alcool ( elle est Lacordaire): deux boites de jus d'orange, additionnées de jus de pamplemousse, de jus d'ananas, de seven-up , de cerises et j'en passe. Alice goûte à notre préparation et indique les ajustements pour rendre son punch des meilleurs. Ce qu'elle ignorait , c'est que  pendant qu'elle goûtait mon frère ajoutait de la vodka dans le bol de punch. Après trois coupes , elle déclara la recette parfaite et commença la soirée  assez pompette. Nous ne lui avons jamais avoué notre péché.

La table de fête est maintenant bien dressée ,  les aliments prêts à être consommés , il me reste à vérifier le gâteau que j'ai fait cuire chez-moi la veille. J'ouvre la boite , le gâteau que je me suis donnée un mal fou à glaçer est dans un triste état. Le transport a fait craquer le glaçage et de blanc qu'il était il commence à devenir écru.Les décorations argentées le rendent plus misérable.

La ma tante des Etats

Fernande et Germain étaient aussi les grands voyageurs de la famille Trudel, après la naissance de leur fille Lise dont j'étais devenue la gardienne attitrée, je les accompagnais dans presque tous leurs déplacements. Cette fois nous irons une semaine aux Etats-Unis , visiter ma grand-tante Julia, veuve depuis peu et propriétaire d'un dépanneur à New Bedford (Mass.) .Mon grand-père Wellie et  cousine Yvonne sont aussi du voyage.

J'avais quatorze ans, je connaissais mon grand-père  sous deux facettes: le week-end il était soul et larmoyant, la semaine il  était beaucoup plus sobre  et effacé. Je l'ai connu autrement lors de ce voyage, il pouvait être d'un comique à vous faire pisser dans vos culottes.

Nous arrêtons pour diner , la serveuse nous présente le menu,  Wellie le consulte même s'il ne sait pas lire  et déclare d'emblée :``Hell  de hell(son patois) y a rien à manger aux States , basélique de calvince.`` C'était parti, il a commandé un hamburger steak avec des patates pilées et des petits pois. Le service était lent, sa première remarque, quand il eut goûté la viande il la trouva trop cuite et sans saveur disant qu'elle provenait d'un boeuf de l'ouest canadien  qui avait marché jusqu'à l'est avant de finir dans son assiette Hell de hell. Les patates manquaient de beurre et de sel , celles du Canada étant bien meilleures basélique de calvince.  Il a consenti à ce que les petits pois soient comestibles. Au moment du dessert, il avait choisi de la crème glacée, j'attendais une remarque salace , elle était bonne dit-il elle devait provenir de Coaticook Hell de hell.

Tout cela prononcé en français devant une serveuse qui ne comprenait pas un mot mais qui riait avec nous pour être polie. Nous avons rigolé durant tout le repas qui n'était pas aussi raté que mon aieul le laissait entendre. Lorsque rendus chez ma grand-tante qui cuisinait fort bien ,il nous a fait rire  toute la semaine en la complimentant à sa façon: `` C'est bon en Chr... je te le jure sur  la tête du défunt Raymond ( son fils) et de  feue la défunte Emilia ( sa femme) Hell de hell``.

Tante Julia , personne moderne et très affable, me laissait servir ses clients même si mon anglais était plus que limité. Un monsieur se présente  au comptoir,  y dépose ses achats et me dit: Fish.
Je me précipite sur la première boite de saumon et la lui offre, No, no me fait le client, je lui montre un boite de sardines. No, no  avec un geste me montrant l'arrière de la caisse enregistreuse. Je ne comprends toujours pas et je lui demande :`` What kind of fish? A fish for your cat?
Le client patient avec plus qu'un grand sourire répète write , write... Je pars chercher  tante Julia qui m'explique devant le  monsieur moqueur que celui-ci veut faire porter ses achats sur son compte, Fish  c'est son nom.

Nous avons fait un voyage des plus joyeux , le chat de ma tante a dû nous trouver moins drôles  car ma cousine Lise, trois ans, s'amusait à lui tirer la queue pour le faire marcher droit, aussi droit que Wellie demeuré sobre septs jours  complets, son record.

samedi 13 août 2011

Du camping à toutes les sauces (fin)

Une fois mariée, j'ai continué à camper avec des expériences moins heureuses. Au camping du Parc provincial à Orford , nous avons essuyé un orage qui a emporté une partie du chemin d'accès  le rendant impraticable pour deux jours. La pluie a grugé la terre sous un piquet de notre tente de sorte qu'elle s'est retrouvée au quart dans le vide, l'eau s'infiltrait partout, mon mari avait jasé avec les campeurs voisins , oubliant de creuser les rigoles...Nous étions loin des robinets, amener l'eau rendait les tâches ménagères pénibles et puis les règlements étaient apparus. Dans un camping près de Fitch Bay , j'ai surpris un voyeur dans les toilettes et j'ai craint ses représailles.

J'étais habituée à du camping plus sauvage, plus libéral et surtout à du camping  avec des pros. Mon mari faisait de son mieux mais il avait  débuté son apprentissage tardivement , le camping c'était la dolce vita, la socialisation et il socialisait.

Quand mon fils est né, je n'ai pu me résigner à trainer tout le matériel nécessaire à un poupon en plus du matériel de camping  lui-même. Je suis devenue paresseuse, paresseuse, paresseuse de sorte que je me suis  restreinte à   camper sur mes terrains à la campagne où je montais la tente  achetée pour David  devenu louveteau à son tour. Je couchais  à l'intérieur de celle-ci plus souvent que lui. J'aimais l'odeur de l'air frais, j'y avais transporté un matelas et je dormais là jusqu'à ce qu'une bonne pluie  trempe la toile de fond et me fasse préférer ma chambre.

Il m'arrive de camper encore ...dans le grand luxe du Wannebago de ma cousine Lise et de Jimmy son conjoint, fiers de perpétuer la tradition de Germain et Fernande. Je n'oublie pas les toasts  rôties  dans un beau feu de camp , elles me sont toujours un régal.

Du camping à toutes les sauces (2)

J'avais eu la piqûre du camping et bientôt j'organisai  du camping avec diverses associations: l'O.T.J. de Coaticook et les Louveteaux de la 5è St-Edmond. Nous campions chez les Cabana à Baldwin's Mills. Ils étaient accueillants et mettaient gratuitement leurs terres à notre disposition , leurs chevaux se promenaient  entre  nos tentes.  J 'avais alors peur des araignées et je demandais aux campeuses qui faisaient leur ronde de nuit de bien vouloir les chasser . Nous avions un menu des plus monotone la soupe aux nouilles revenait à chaque repas  et nous alternions  le ragoût de boulettes Cordon bleu avec le stew Cordon bleu et la boite de Kam comme mets principal, les campeuses amenaient ces provisions.  Heureusement  que le beurre, le pain  et le lait nous étaient offerts par le comité des loisirs, nous pouvions nous  empiffrer de bonnes toasts.

A St-Herménégilde, les Carbonneau nous ont reçus  pendant trois étés , ils nous   prêtaient une maison inoccupée pour loger nos louveteaux  à qui  le rêglement scout interdisait la tente à cause de leur jeune âge. La maison n'avait ni eau ni électricité et les Carbonneau nous amenaient l'eau dans des bidons à lait et  remisaient nos produits périssables dans leur frigidaire ou congélateur.Tante Fernande  avait accepté de nous servir de cuisinière , elle suivait un menu bien orchestré et nous mangions comme des rois, ses grands-pères dans le sirop sont restés célèbres. Elle avait toute mon admiration car elle cuisinait sur un poêle Bélanger en pleine canicule.

J'ai campé à St-Rock de Mékinac deux semaines pendant deux étés consécutifs dans des camps de formation scoute. Nos tentes à six places étaient semblables à celles de l'O.T.J. prêtées par les Zouaves .Un grand mat  central en bois tenait la tente harnachée , tendue par des cordes à des piquets.La région était  confortable le jour , le soir venu il fallait hélas se battre contre les mouches noires et les brûlots. Celles qui suspendaient ses vêtements  près d'une source de lumière s'en souvenaient, vous vous grattiez même dans les parties ``dont on ne prononce pas le nom`` dirait Harry Potter.

Quand j'ai acheté ma propre tente, celle-ci était facile à monter, une croix centrale fixait les pôles en aluminium  et divers tenseurs tenaient le tout en place . J'ai beaucoup campé au lac Lyster chez les Loubier à Piskiart près du sous-bois, avec Ghislaine mon amie et assistante scoute. Nous nous sommes souvent ramassées les fesses dans l'eau. Nous dormions sur des pneumatiques qui se dégonflaient et prenaient l'eau sous les averses. Nous avons fait des feux de camp mémorables, mangé des toasts beurrées avec du vrai beurre, admiré les perséides, le camping à son meilleur.

Du camping à toutes les sauces

Alors que les  terrains de camping n'étaient qu'à leurs balbutiements, oncle Germain et tante Fernande se lançaient dans la grande aventure du camping , elle allait durer tout le reste de leur vie.

Le lac Lippy à St-Herménégilde leur a servi  de lieu d'essai et j'ai été invitée à partager leur expérience un certain week-end de juillet quand j'avais quatorze ans. Mon oncle avait loué le minimum d'équipement : la tente, la lampe  et le poêle Coleman. Il n'avait pas prévu coucher sur place  et il avait monté la tente sur un terrain privé sans la permission  du propriétaire , nous étions anxieux de nous faire évincer. Après quelques pourparlers , la permission temporaire nous fut accordée et nous avons  résolu d'y coucher  afin de surveiller notre sommaire  installation.
Fernande  était couchée sur une chaise longue pas très confortable, sa fille Lise , 3 ans, étendue sur un grand coussin . Moi j'ai sommeillé sur un siège d'automobile monté sur des blocs de bois qui menaçaient de tomber chaque fois que je bougeais.Au début de la nuit nous avions chaud mais vers l'aurore , nos petites couvertures ne nous réchauffaient plus assez.Nous avons quand même aimé nous endormir au son des cigales et du coassement des grenouilles et nous faire éveiller par le pépiement des oiseaux.

Une semaine après ce premier camping, mon oncle et ma tante achetaient un équipement complet. Ils avaient vite compris que de bons sacs de couchage et des lits de camp assureraient un meilleur confort.Au cours des ans, la tente-roulotte  a remplacé la tente , elle a roulé en Gaspésie, en Ontario, aux Etats-Unis et occupé presque tous les campings des Cantons de l'Est. Une roulotte permanente a pris la relève, Fernande a campé de nombreuses années au camping Pré Vert de Cookshire -Eaton jusqu'à ce que la maladie  d'Alzheimer mette un terme à sa persévérance.

jeudi 11 août 2011

Très étrange

Si mes deux  premières  expériences étranges m'ont interrogée,  cette dernière m'a carrément jetée sur le cul. Quand j'écris ces lignes je suis toujours estomaquée.
Me voici en 1999, le 3 septembre à 11:00 am alors que le téléphone sonne.
J'explique:

Mon père est mort au début de février 1999 et depuis son veuvage et le mien en 1994 à quatre mois d'intervalle, il venait me visiter une semaine par mois et je lui rendais la pareille un week-end. Son anniversaire  étant le 3 septembre, la veille je m'étais conditionnée  au calme voire  ne pas pleurer toute la journée.Ce vendredi tout se passait comme prévu , du moins je le croyais, jusqu'à ce que le téléphone sonne.


Je réponds: ``Oui bonjour! ``en jetant un regard vers mon afficheur où je constate un interurbain.  Mon interlocuteur demande: `` Bernadette `` (le nom de ma mère décédée en 1993) d'une voix caverneuse, mon premier étonnement.

Je suis sur le point d'expliquer qu'elle est décédée depuis un moment quand mon afficheur  attire mon attention :849-3703 le numéro de mon père à Coaticook. Ce numéro je l'ai fait annuler peu avant son décès, deuxième étonnement.

Je regarde vitement le code régional 604, celui de Vancouver et de l'ile du même nom où habite mon frère Guy alors en voyage en Angleterre, troisième étonnement.

Je m'apprête à dire :`` Vous vous êtes trompé de numéro `` quand je pense à m'informer de l'interlocuteur:`` Who speaking?  `` j'ai failli m'évanouir en entendant la réponse: ``Jean-Claude`` , le nom de mon mari  défunt, quatrième étonnement et non le moindre.

J'ai eu la force de balbutier dans un anglais chevrotant:`` Its a wrong number``. Puis je suis rapidement allée m'asseoir au salon en me pinçant pour vérifier que je ne rêvais pas et j'ai répété ce geste toute la journée, j'étais sciée.

Le lendemain j'ai appelé pour savoir qui pouvait bien  m'avoir joué un si vilain tour. Un répondeur m'a débité : nous sommes désolés de ne pouvoir vous répondre , en cas d'urgence... et on laissait un autre numéro.Lorsque j'ai reçu le compte de téléphone , je possédais la preuve  matérielle  que je n'avais pas inventé cet appel qui m'a tant bouleversée.

J'ai cherché longtemps la signification de ce message et je pense l'avoir trouvée , vous m'excuserez de me garder une petite gêne.

Assez étrange

En 1978, je demeurais sur la Montée Bertrand à Sabrevois, mon mari et moi ainsi qu'un couple d'amis revenions d'une réunion familiale à Chambly . Nous étions en janvier, il faisait très froid (- 20C) c'était la pleine lune et le ciel scintillait d'étoiles. En approchant de notre maison , nous avons  tous  remarqué le drôle de nuage ( expression de nos amis)  qui se trouvait  juste  au dessus du boisé derrière chez-nous. Un seul nuage , à mi hauteur entre le bleu du ciel et la ligne des arbres, un nuage d'où sortaient des éclairs  qui ne ressemblaient ni à des éclairs de chaleur ni à des éclairs d'orage.

On aurait pu supposer que le nuage servait de camouflage à des tirs d'artillerie dépourvus de son. Quand un éclair jaillissait par devant, un autre éclair semblait diriger ses rayons vers celui-ci comme en une riposte guerrière. Mes amis et nous n'avions jamais  vu un phénomène semblable. Nous sommes entrés pour prendre un café et au moment du départ  de nos amis une demi-heure plus tard , seules la lune et les étoiles occupaient le firmament.

Etrange, étrange

Voilà un sujet délicat! Je crois être du genre réaliste, j'accepte le mystère mais quand je peux expliquer un phénomène par des arguments rationnels je suis habituellement plus satisfaite car je risque moins de passer pour une fabulatrice.

J'ai été confrontée à de l'étrange  pour la première fois lorsque j'habitais avec mes parents à Coaticook sur la rue Main. La  maison avait de l'âge, elle se divisait en cinq logis, ma famille habitait le devant du rez-de-chaussée. Les trois chambres à coucher se  présentaient en enfilade sans corridor. Ma chambre communiquait avec celle de mon jeune frère et la sienne dans la chambre de mes parents.Ceux-ci se couchaient autour de 12:30h am  et puisqu'une porte de la cuisine donnait aussi sur ma chambre ainsi qu'  une grande grille murale qui laissait passer la lumière, je ne dormais qu'un d'un oeil avant 1:00h am.
A plusieurs reprises après le coucher de mes parents, alors que j'étais encore éveillée , j'ai vu passer deux êtres filiformes  qui marchaient de ma chambre vers celle de mon frère . La première fois j'ai failli crier de surprise et de peur puis j' ai pensé que j'avais du rêver ou m'imaginer le phénomène. Presque toutes les nuits pendant un bon moment , j'ai revu mes deux fantômes , ils me regardaient imperturbables en passant , le plus grand   me disait en pensée: `` il ne faut pas avoir peur, on ne fait que passer``.`C'est vrai qu'ils ne faisaient que passer et toujours dans le même sens. J'ai fini par m'habituer à leur présence et je ne les surveillai plus chaque nuit car j'avais besoin de sommeil. Non, je ne rêvais pas , j'avais alors douze ans.

lundi 8 août 2011

Vivre et Laisser vivre

Des amis à moi ont fait graver Vivre et Laisser vivre sur une dalle du seuil de leur maison. J'ai trouvé la devise à mon goût parce qu'elle ne m'apparaissait pas à prime abord moralisante. Je veux bien pratiquer la vertu à la  condition que l'on me fout la paix  avec les ``il ne faut pas que... et les c'est mieux que...``

Vivre et Laisser vivre  cela semble facile  à réaliser , je m'y exerce depuis une vingtaine d'années  et mon score ne dépasse  à peine les cinquante pour cent. Pourtant je m'efforce de Vivre le plus possible selon mes convictions mais voilà que souvent le regard des autres m'interpelle , je ne me sens pas  à la hauteur de leurs attentes, je me juge sévèrement.

Laisser vivre s'avère encore plus difficile. Si je vis avec un buveur ou un fumeur et que je sois sobre et non fumeur , je choisis de Vivre ou de Laisser vivre?
Laisser vivre c'est entendre la musique rock  de mon voisin ou lui imposer ma musique country?
Vivre et Laisser vivre c'est dormir au côté de mon conjoint qui ronfle  , qui me tient éveillée et aime être collé-collé ou faire chambre à part?
C'est  saluer le Témoin qui frappe poliment  à  ma porte pour  m' offrir sa lecture biblique  ou lui claquer la porte au nez?
C'est accepter mon ado aux cheveux longs et qui porte sa casquette partout même sous la douche ou lui couper les cheveux  pendant son sommeil?
C'est manger des spaghettis avec ma petite fille en ajoutant du fromage à profusion pour masquer les épices ou lui faire des macaronis?

Vivre et Laisser vivre c'est comme le sport , on finit par y arriver à force de pratique et de constance on recommmence souvent presqu'à zéro selon celui qui est devant soi et de l'importance qu'on lui accorde.
Cela m`oblige à redéfinir mes valeurs et à réévaluer celles des autres.

La prochaine fois que je franchirai la porte de mes amis , je crois que je subtiliserai leur dalle pour la remplacer par cette inscription:
                                                    L'Eau s'accommode de la cruche



mardi 2 août 2011

Les jardins et la fierté

J'ai visité en juillet un potager qui m'a beaucoup plu par le choix des légumes encore en devenir et par son site enchanteur. Il était entouré d'arbres adultes et d'arbustes juste à l'orée d'un chemin en gravelle suffisamment calme pour que de nombreuses espèces d'oiseaux veulent y faire leurs  nids.Le potager de Louis et Louise que je baptiserai la Loulouerie promettait une récolte abondante  et quand on sortait de l'enclos de protection  contre les goûteurs: lièvres, ratons-laveurs et autres mignons ``grignoteux``, je me retrouvais dans un jardin où les hostas, les hémérocalles, les hydrangées m'ont  ravie, à Gatineau.

J'ai fait plusieurs jardins  pour les différentes maisons que j'ai habitées. Mes potagers n'étaient pas une réussite, j'avais la carotte coriace, le radis mangé par les vers, l'échalote faiblarde. Avec la menthe, j'ai eu un succès boeuf et les années d'après aussi, quel envahissement...Si mes potagers manquaient d'élégance , je me rattrapais avec les jardins : mes tournesols mexicains et mes zinnias, ma fierté!

Le mot est lancé, voilà bien la motivation du jardinier amateur, la fierté !La fierté de voir une si petite  semence donner des fleurs et des fruits qui vous font vibrer le coeur. J'ai vu cette fierté là chez Louis et Louise. La fierté du travail de la terre  à coups de bêche et d'arrache ongles , la fierté de la persévérance puis un beau  matin  la fierté de la  récolte.

Je me souviens d'avoir déterré des fèves à quatre jours de leur mise en terre pour m'émerveiller de l'éclosion du germe. Si je réfléchis bien, je crois que cette fierté provient aussi de la sensation euphorique de participer à quelque chose de plus grand que soi , une sorte de communion avec une Nature que l'on voudrait  bien obéissante mais qui nous échappe souvent , une nature au pouce vert délinquant. A ce propos , un jour j'ai lu `` Les jardins de Findhorn``. J'ai eu l'impression que j'aurais pu être l'auteur de ce livre tellement il correspondait à ma vision de la nature.

J'ai eu pour modèle un père qui avait beaucoup de succès avec son potager, c'est toutefois ma mère qui s'en glorifiait et mon frère qui  travaillait au désherbage pendant que j'arrosais et pas toujours les vrais légumes...Mon frère n'aimait pas le jardinage et le déteste encore . Mon père qui ne mangeait   de concombres , il les trouvait indigestes, se plaisait à en semer plusieurs variétés qui grimpaient sur toutes les cordes de palissage  et prenaient de l'expansion.Quand je lui demandais  pourquoi il cultivait autant de concombres , il me répondait:`` C'est pour faire enrager ta mère, ça envahit SON jardin.``

Si j'avais un terrain plus vaste et un âge moins canonique , je cultiverais  une panoplie d'arbres fruitiers et d'arbustes décoratifs. Je suis quand même bien à mon aise de rêver et de visiter comme je l'ai fait  avec un régal pour tous les sens,  le jardin de ma parenté et celui de mes amies.

lundi 1 août 2011

Croyances et certitudes

Vous qui avez des certitudes si vous saviez comme je vous envie. Je suis née sceptique et croyez bien que je n'en suis point fière. Etre sceptique , c'est vivre dans l'insécurité totale, c'est inconfortable, angoissant, cela peut même frôler la désespérance.

Mes plus vieux souvenirs remontent au berceau: je vois des gens penchés vers moi, admiratifs du gros bébé que j'étais , me parlant un langage simpliste de guili-guili. J'ai conscience de les regarder en me disant qu'ils me prennent sans doute pour une imbécile avant même que je leur en donne la preuve .

Dans l'enfance , je confondais croyance  et certitude. Ainsi je croyais que le beurre provenait d'un quelconque mélange  de farine et d'huile , très éloigné du lait. J'ai cru jusqu'à l'âge de sept ans  que la frontière que l'on  nommait ``ligne`` par chez-moi , était constituée d'un large et profond fossé qui s'étirait à l'infini et que l'on passait avec précaution aidé des douaniers. Mes lectures m'ont fait croire un certain temps que St-Exupéry était un vénérable saint plutôt qu'un écrivain célèbre.

Vous me direz que ma naiveté a dû se complaire lorsque l'enseignement religieux  est entré dans ma vie. Pas du tout, mon scepticisme latent s'est éveillé et je ne compte plus les questions embarrassantes  que je posais aux religieuses , aux vicaires , aux laics , concernant entre autres les propriétés et qualités de celui que l'on nomme Dieu. Je les interrogeais sur l'histoire des religions , sur la différence entre catholiques et orthodoxes . Je leur demandais s'ils adhéraient vraiment à toutes ces croyances.

Si Dieu existe comme on me le décrivait  pourquoi celui des autres religions n'était-il pas aussi bon et fiable? La morale du petit catéchisme me semblait avoir été inventée par des hommes contrôlants bien plus que par Dieu lui-même...Je n'étais pas reposante pour les autres et encore moins pour moi-même. Les réponses apportées à mon questionnement me laissaient encore plus sceptique. Et si c'était autre chose ? Peut-il y avoir un autre point de vue?

Il y a bien une certitude à laquelle j'adhère: le corps que j'habite  doit mourir un jour. Quant à ce que l'on nomme âme, esprit, entité ou autres termes plus ésotériques  qui survit au corps, je choisis le pari de Pascal car cela me réconforte d'y croire. Sous quelle forme la vie continue-t-elle, je n'ai aucune certitude  sauf de l'imagination à revendre.

Je ne fais pas partie des Sceptiques du Québec, je suis trop sceptique  pour m'attacher à de telles croyances. Vous le voyez, longtemps j'ai été dans un tourment déchirant, mon coeur aurait voulu s'apaiser dans la croyance tandis que ma raison se rebiffait dans l'incertitude .

Pour vous rassurer sachez que depuis une dizaine d'années j'ai cessé de lutter contre ma condition de sceptique , je l'assume de mieux en mieux  comme un don naturel qui servirait à poser des questions sans attendre que les réponses-vérités soient immuables . Je vous pose tout de même une dernière question: suis-je vraiment sceptique?

mercredi 20 juillet 2011

Que sont mes amies devenues Rutebeuf

Chères amies,

Je dois d'abord vous demander pardon de parler de vous sans votre permission, à votre insu. Je me suis toujours considérée comme un parasite envers vous, je continuerai dans la même foulée. Sans doute l'ignoriez-vous mais j'ai profité de vous à souhait , je me suis plu à vous côtoyer , vous m'avez beaucoup donné.
J'entends vos protestations:

Louise,  oui toi Louise de la Bruère, au nom si noble , je t'entends dans la balançoire du jardin  de ton père à Coaticook quand nous chantions , toi d'une voix si belle et si juste et moi lisant sur tes lèvres pour garder le rythme que je maîtrisais mal.  J'entends Mozart et Beethoveen à travers le son de ton piano, je me souviens d'avoir souvent eu les larmes aux yeux en t'écoutant jouer.
Tu m'as appris  à nager au lac Lippy , nous nous vêtions comme des jumelles, ta mère achetait les tissus de nos robes que maman confectionnait. Je nous vois jouant des tours pendables à ta cousine Simone C. Ma famille moins à l'aise que la tienne ne pouvait  me donner ce que tu m'offrais si généreusement.Ta plus grande qualité outre ton grand talent artistique, c'est bien ta grande générosité .Oh non ! pas de protestations , je ne veux pas les entendre.

Louise de la Bruère qui a fondé et dirigé le choeur Florilège à Sherbrooke.


Et toi, Ghislaine St-Amour si menue et toujours si élégante, j'ai profité de ta grande disponibilité pour faire du camping  chez les Cabana et les Loubier au lac Lyster. Tu m'as laissée manger des bonbons à la cenne quand j'étais stagiaire dans ta classe. Ce que nous pouvions rire de nous et des autres sans culpabilité, tu payais les frites de ma cousine Lise et moi la sauce qui les accompagnaient ... J'ai connu tes premiers coups de coeur et toi les miens, nous avons marché si souvent des  dizaines de kilomètres pour visiter notre camp de louveteaux chez les Carbonneau à St-Herménégilde.
Ton mariage t'a éloignée de moi , je suivais tout de même ton parcours  grâce  à mon père lors de tes rencontres familiales dans notre région.Tu as visité le monde entier , fait de l'Afrique un lieu d'adoption plus longtemps que ma propre tentative. Ghislaine tu portes un patronyme que j'envie...
Est-ce que je t'entends protester?

Ghislaine St-Amour a été  professeur  et  femme d'ambassadeur  dans divers pays africains.

Ah la Provencher! Aline de son prénom.
Aline mon amie du secondaire, mon amie d'école normale ( nous n'étions pas si normales que le mot le laisse entendre), mon amie de couple marié et enfin mon amie pour toujours.
Aline, la grande  aux baguettes en l'air, à l'énergie entraînante, une femme de coeur  à l'esprit familial développé qui s'excuse de vous négliger  et qui finit toujours par  vous chouchouter.
Aline, si intelligente qu'elle faisait l'envie de nos professeurs  . J'ai profité de ta Citroen et de ta dangerosité de conductrice pour te donner confiance ...(elle va me tuer). J'ai profité de ton style direct qui m'a fait évoluer, de tes maisons à la campagne, de nos conversations reprises  comme si on venait de les quitter, de tes récits de voyage  si bien imagés  et qui me font faire des économies.
Je te le dis , j'entends bien  continuer à te parasiter , pour une fois oublie les protestations, cette fois tu  n'auras pas le dessus  alors inutile de crier depuis Granby.

Aline  Provencher   directrice en chef du clan Provencher et grande voyageuse .


Marie-Marthe avec toi je me sens coupable car dans tes Cantons de l'Est d'origine , Valcourt , le parasitage est malvenu. Avec Marie-Marthe , une amie de Sabrevois depuis quarante ans , il est impossible de ne pas être un parasite.
Marie-Marthe cuisine pour une armada d'amies, de proches parents,  de parents éloignés, je la soupçonne de diriger  une cantine secrète. Je lui dois des kilos en trop sur mes hanches à force de déguster ses confitures, ses gelées,  ses tartes au sucre et son foie gras. J'ai parasité tous ses `` party`` qu'elle  a  donnés pour toutes les occasions de sa vie maritale et celle de ses cinq enfants et les anniversaires de ses amies. J'ai parasité  le récit  d'une partie de sa vie écrit comme un calendrier saisonnier. Je lui dois des `` petites affaires de rien du tout `` à l'occasion de la St-Valentin , de l'Halloween , de Pâques ... Et dernièrement je lui dois : l'Arbre à Jujubes comme celui qui trônait sur la table de ma grand-mère  maternelle   au  jour de l'an. Les jujubes accrochés aux branches  à mes yeux d'enfants , c'étaient une Merveille.

Marie-Marthe , tu peux protester cela ne t'empêchera pas de recommencer tes ``petites générosités`` et moi de les aimer.

Marie-Marthe Véronneau, mère, grand-mère, écrivaine et directrice de l'auberge Des Trois Epinettes.

Douce France, cher plaisir de mon enfance...

Ma chère France, je vous dirai vous pour respecter votre grand âge ( pour me faire pardonner mon tutoiement habituel). Je vous dirai que j'aurais aimé vous connaître avant mais voilà je ne vous aurais pas connue maintenant.
France qui me rappelle tant ma mère par le talent, le goût de la ``guenille``( le beau vêtement), l'intelligence vive. France si cultivée, je parasite votre bibliothèque et votre longévité. France avec qui je joue au Scrabble  le dimanche à14:00h en dégustant des mignardises . France que j'appelle gentiment mon écureuil , fait ses provisions  pour   l'hiver , l'été à bicyclette en disant que l'exercice  profite à ses jambes.

France , je vous le dis malgré vos protestations, vous êtes une vieille dame si jeune de coeur et d'esprit,
une voisine de palier si agréable comme on en voit  peu dans une longue vie.

France Tarte, 86 ans  bibliothécaire pour les aînés  secteur Iberville .

mardi 19 juillet 2011

Que sont mes amies devenues Rutebeuf

Chères amies,

le décès de ma mère

Je dédie ces mots à mes cousines :  Lise St-A.R.
                                                         Monique L.
                                                         Nicole B.
                                                         Pauline R.     


 J'ai un peu honte de mettre des mots sur un évènement aussi intime et émouvant. Ma mère Bernadette est décédée d'un cancer du poumon en octobre 1993 dans un hôpital de Sherbrooke. Malade depuis plus de deux années avec un diagnostique final tardif , elle et moi avons eu le temps d'apprivoiser la mort qu'elle acceptait comme une délivrance, cet après-midi d'octobre  elle a accroché ses patins.

Ma cousine par alliance Lise St-A.R., infirmière, passait tout son temps libre  et plus,  auprès d'elle. Je lui suis redevable  car j'étais alors captive avec un autre malade chez-moi. Voyant venir les derniers
 moments  , Lise m'appelle au chevet de ma mère et avise aussi des cousines affectivement et géographiquement proches de ma famille. Nous voilà donc Lise, Monique, Nicole, Pauline et moi près du lit de maman . Nous avons certes  de la peine  mais nous sommes toutes des introverties  alors l'abondance de larmes viendra après...

Pauline, femme de grande foi et respectueuse des rites religieux me signale qu'il faudrait faire donner à maman l'onction des malades (Extrême- Onction). Nous demandons l'aumônier qui à notre surprise est
un  homme dans la jeune trentaine  aux cheveux châtains frisés   et aux beaux yeux bleus. Un bel homme que les circonstances  tristes ne nous permettent pas  d'admirer  à sa juste valeur. L'aumônier nous mentionne  que Bernadette a reçu les derniers sacrements il y a un mois  et qu'il peut quand même  faire des prières avec nous selon nos désirs.

La main posée sur le front de ma mère il récite  des Ave Maria, le Notre Père et entonne Au ciel, au ciel, au  ciel, j'irai la voir un jour...cantique religieux  traditionnel bien connu d'une autre génération. L'aumônier nous demande ensuite de nommer des parents  décédés qui accueilleront  ma mère au Paradis. Nous commencons par nos grands-parents Amanda et Joseph, suivis de  Roland, Yvonne, Gérard, Félicienne. Adélard.  Dans les moments tragiques viennent souvent les idées folles; je levai les yeux  vers mes cousines  Lise et Monique et je vis dans leurs regards qu'elles pensaient la même chose que moi. Si  on continuait ainsi à nommer des parents morts on en avait pour la nuit car  maman était issue d'une famille de dix-sept enfants dont la moitié étaient décédés sans compter leurs conjoints  respectifs.

Le fou  rire s'empara de nous, nous ne voulions pas scandaliser l'aumônier qui me passait les Kleenex pour m'essuyer les yeux. Mes mains s'agrippaient  aux draps lu lit pour essayer  de contenir  mon hilarié et je ne pensais qu'à une chose: vitement que l'aumônier se retire  pour pouvoir laisser libre cours à mes émotions.


J'ai revu Monique et Lise dernièrement et nous nous rappelons toujours avec autant de ``plaisir coupable`` les derniers moments de Bernadette si bien accueillie et dans la joie au Paradis.

lundi 18 juillet 2011

Un livre d'influence

Il existe des livres qui à l'exemple des gens que nous croisons nous influencent plus que d'autres. ``Les mots pour le dire ``de Marie Cardinal ont été pour moi une prise de conscience  totale et bénéfique .

J'avais avec ma mère  Bernadette une relation compétitive. Ma mère femme de devoir et femme
d'intérieur accomplie: cuisine, ménage, tricot, couture, jardin, était une femme que l'on dit  parfaite. Vivre avec la perfection , croyez-moi c'est plus que difficile , il faut être à la hauteur , irréprochable.

Elevée sévèrement  ma mère ne faisait de compliments à personne  surtout pas à nous ses enfants cela aurait pu nous rendre orgueilleux.  A l'adolescence , rêveuse , très occupée à étudier  et à gagner le coût de mes études en travaillant à l'Oeuvre des terrains de jeux, je m'accommodais  assez bien de sa perfection. Après mon mariage ce fut autre chose. Je la voyais un week-end par mois et à toutes les grandes fêtes , je revenais toujours bouleversée de nos rencontres , les larmes au yeux  avec un mal d'estomac angoissant .Me voyant souvent mal en point en sa présence , ma mère que les questions directes  n'avaient jamais gênée me dit:`` Coup donc est-ce que je te rends malade? ``
A sa question , face à  elle, nulle réponse. Pourtant je réfléchissais et j'en étais à me demander si elle n'avait pas raison  lorsque je lus  le livre de Marie Cardinal. Le vécu de l'auteur  avec sa propre mère, médecin et femme de devoir n'a  rien de commun avec le mien. Ce qui est semblable, c'est  la souffrance qui nous étouffe.

Marie Cardinal exprimait avec ses  mots à elle , exactement ce que je ressentais moi-même. Elle me fit prendre conscience du grand pouvoir que j'accordais à ma mère, mon  désir d'approbation , d'identification  et surtout  que je n'avais pas le pouvoir de la changer mais de  changer  mon  jugement face  à la situation.

L'auteur qui a fait une longue psychanalyse explique qu'après avoir pris conscience de l'interaction psychologique entre sa mère et elle , elle a pu prendre suffisamment de distance émotionnelle pour en arriver à un degré de neutralité: les blessures d'enfance de sa mère appartiennent à sa mère et  que pour guérir de ses propres blessures  , il faut travailler sur soi  , éviter de prendre les remarques désobligeantes de ses proches comme étant personnelles, ne pas tenir les autres pour responsables ils ont bien assez de leurs propres bobos à gérer.

Si vous avez des relations mère-fille pénibles, je vous souhaite de lire un livre qui vous  ouvrira des portes. Cela m'est arrivé à 45 ans , deux ans avant le décès de ma mère ... heureusement pour nous deux.

dimanche 17 juillet 2011

Le père de Mariannhill

La communauté  religieuse de Mariannhill s'établit à Sherbrooke après la deuxième guerre mondiale. Les premiers pères originaient de l'est de l'Europe et partaient l'été, faire le tour des Cantons de l'Est en proposant leurs prières, leurs annales, faisant ainsi connaissance avec les familles peu habituées à voir des étrangers.
Ma famille recevait  depuis trois ans , le même petit père , un polonais si j'ai bonne mémoire. Un homme chétif  dans la cinquantaine, d'un gentillesse exquise et  d'une modestie inoubliable. L'été de mes douze ans il sonne à notre porte pour sa visite annuelle . Ma mère étant hospitalisée  je prends l'initiative de l'inviter à souper pour 18:00h . Mon père arrive de son travail à17:15h et je lui fais part de  mon invitation. Un peu décontenancé de recevoir un hôte sans trop de préavis mon père décide de faire cuire  de la truite (sa spécialité). Il faut dire que mon père , habitué aux diverses maladies de ma mère , se débrouillait très bien avec tous les travaux domestiques.
A 18:00h  le bon père s'amène et ce sont de joyeuses retrouvailles. L'accent fort prononcé du père rendait mon frère et moi hilares, nous nous étouffions de rire en l'entendant parler de son pays d'origine.
Derrière la table de la cuisine , papa avait installé un grand miroir pour nous permettre de regarder la télévision sans aller au salon. Le père considérant le procédé astucieux, dirige son index vers la tempe de notre paternel en disant:``Papa is ça ,ça``. Mon frère Guy riait tellement qu'il laissait  fuser de gros  Tsssi Tsssi bien sonores et incontrôlables. Papa que je croyais gêné par notre manque de savoir-vivre demande alors au Mariannhill  de nous parler en polonais. Ce qui fut fait et se termina   en un éclatement généralisé: nous riions tous , le père y compris  et il nous assura qu'il n'avait ri de si bon coeur depuis longtemps.
Vous étiez très sympathique, monsieur le Mariannhill polonais.

vendredi 15 juillet 2011

des orages dissemblables

Certains phénomènes naturels sont plus difficiles que d'autres à décrire. Les orages font partie de ceux-ci. On dira d'eux qu'ils sont d'une sonorité plus ou moins forte , d'une violence à faire trembler les morts  ou si lointains qu'ils forment des éclairs de chaleur.

J'ai assisté à des orages  costauds mais plutôt brefs  dans un pays d'Afrique, la Côte d'Ivoire. Le compteur de l'électricité s'animait de flashs pas très rassurants  seule une coupure du courant évitait de le griller.

Dans la région de Coaticook (lac Lyster) où les rochers sont à fleur de terre , les orages résonnent en écho. Ils sont impressionnants, on dirait que l'indien Piskiart qui veille sur le lac, a perdu la maitrise de son tam-tam.

Les plus beaux orages que j'ai vus étaient silencieux car ils étaient lointains à la frontière du Québec et du Vermont à St-Armand.Ces orages formés d'éclairs horizontaux, illuminaient la forêt de feuillus sur une dizaine de kilomètres. Ils dansaient la grande valse en formant de mini zigzags répétés qui auraient fait sensation sur une photo panoramique. Les éclairs emplissaient le ciel de teintes  d'aurores boréales et formaient une longue banderole de feux d'artifices   sans pétarade, quelques instants en clins d'oeil et puis en s'éveillant.Ils pouvaient se donner en spectacle pendant des heures.
Mon fils David alors un ado  peu impressionnable en était resté bouche bée et m'avait avoué que c'était vraiment beau. Après une telle appréciation venant d'un ado, je n'avais plus de qualificatifs  à ajouter. C'était vraiment beau.

Les idées brillantes sont-elles héréditaires?

Lorsque mon frère Guy et moi avons connu mon grand-père Wellie, son alcoolisme ne nuisait plus qu'à lui-même. Pour nous ses petits-enfants  c'était même  un sujet de plaisanteries. Nous remplacions souvent sa bière par du  ``Ginger Ale``en lui demandant  si sa bière était bonne et il nous répondait par l'affirmative en feignant d'ignorer la substitution.

Un samedi soir de juillet  1963, Wellie est assis près de moi sur le divan du salon , nous regardons la télévision en attendant de prendre la relève  d'une partie de cartes. Je vois passer mon frère  Guy (13 ans) tenant notre chat dans ses bras en se dirigeant à l'étage dans sa chambre.  Guy  jouait  avec notre jeune cousine Lise Trudel( 6 ans) , à cacher le chat et  à le trouver. Notre maison chauffée au bois était munie d'une  grille  amovible installée  au plafond   du salon, elle permettait  de faire circuler la chaleur   du rez-de-chaussée à l'étage.  Oh la brillante idée!  Mon frère enlève la grille  du plancher de sa chambre , me fait signe de garder le silence et sans plus attendre, lance le chat par le trou , sur la tête chauve de mon grand-pèreWellie toujours assis à mon  coté. Quelle subtile  cachette !

Evidemment nous avons beaucoup ri de la farce  sauf mon père qui ne voulait encourager le vice et bien sûr mon grand-père qui a plutôt ri jaune... et qui a gardé une marque  de griffes de chat  sur son crâne dénudé pendant quelques jours.

Je sais que l'âme de mon grand-père Wellie repose en paix ,  la quantité  d'alcool qu'il a ingurgité de son vivant le préserve pour l'éternité.

vendredi 8 juillet 2011

des oiseaux et des chats

Il existe sans doute une sorte de mutualisme entre les chats et les oiseaux. A Bedford j'ai été amusée par des hirondelles bicolores qui avaient pris en grippe un bon gros matou blanc. Avait-il attrapé une  hirondelle pour la manger ou delogé un de ses oisillons ?... Le pauvre chat essayait par tous les moyens de sortir d'un ponceau. A droite comme à gauche, des hirondelles l'attendaient  et lui picoraient la tête  comme pour l'épouiller. Le manège a duré longtemps et lorsque lassées elles sont parties, le matou a attendu un bon moment avant de se risquer à sortir et s'est enfui chez-lui en vitesse.

J'ai observé le même phénomène  avec des bruants chez ma belle-soeur Pauline . Son chat Callou, chat de maison sans malice, attaché à la corde à linge pour prendre l'air se faisait littéralement charger  par les oiseaux qui semblaient prendre un plaisir fou à voir le chat miauler  et baisser les oreilles.

Que dire aussi de ma très belle chatte Camille et de Ti-gris mon chat invité  qui adorait les sacs de couchage au Grand Verglas. Quand ces deux félins passaient devant la porte vitrée de mon foyer , ils semblaient fascinés. A plusieurs reprises j'avais remarqué leur insistance pour l'âtre.J'étais certaine d'y trouver une souris prisonnière,  j'ai plutôt trouvé un beau bruant sans doute entré par la cheminée  pour manger des insectes et s'y trouvant piégé n'avait pu ressortir.

Mais la véritable symbiose , c'était Ti-gris et moi.  Ti-gris était un joueur né, avec lui tout était prétexte  aux jeux : papier d'aluminium, une corde , une balle, une branche oscillant au vent ,la neige folle sur la corde de bois, même un oiseau...Cher Ti-gris, toi et moi on faisait un bon couple.

samedi 2 juillet 2011

Allez debout !

Ah les petits maudits je les aurais volontiers envoyés à Sherbrooke  et  à Gatineau chez mes cousins Michel et Louis, ornithologues émérites. Pendant trois étés à tour de rôle , ils me servaient de réveil . Inutile d'essayer de dormir plus tard que 5:30h ou 6:00h  la cacophonie est en marche.
La première alarme est venue d'un geai bleu  et d'un écureuil qui face à face règlaient  leurs différends  à coups de bec et de frous-frous sur la clôture blanche derrière chez-moi. L'écureuil défendait ses arachides cachées dans mes plates-bandes.
L'été suivant j'ai eu droit à deux corneilles  qui enseignaient le vol à leurs petits. Couac ,couac, couac la mélodie n'arrêtait pas.  Puis quand   je frisais la crise de nerfs , elles partaient pour la journée  mais revenaient au dortoir le soir. J'ai connu aussi   l'épervier de Cooper qui avec ses kik, kik, kik  et son vol plané, a l'air d'un colonel commandant son régiment. Il se perchait sur le toit  de l'immeuble et surveillait je ne sais qui ou quoi. Il recommençait son manège le soir  vers 19:00h.

Je croyais avoir le plaisir de nourrir  les oiseaux  lors de mon retour à St-Jean-sur-Richelieu avec des graines de tournesol  striées. Tout de suite les oiseaux ont été délogés par un écureuil  qui s'est approprié la mangeoire et qui y a déposé ses  empreintes dentaires. Il était d'une telle voracité qu'après une semaine  j'ai retiré la mangeoire en sa présence , lui expliquant que des goinfres comme lui il fallait les mettre au pas. Je lui ai donné une heure de rendez-vous quotidienne  à 16:00h .  Sachez qu'il connaissait l'heure, il m'attendait assis sur la clôture  et je dosais sa pitance. Par mauvais temps il m'arrivait de l'oublier, je le trouvais sur le dossier de ma berçeuse , patient, me regardant par la fenêtre du patio.
L'hiver a fermé  le robinet  et comme mon trottoir  sert d'autoroute pour les chats, l'écureuil a dû programmer son GPS vers le chêne et les érables. J'ai su aussi par les locataires du deuxième que certains craignent les rongeurs...

vendredi 1 juillet 2011

L'expo de Bedford

L'exposition de Bedford  est la plus vieille au Québec et au Canada je crois. Ce n'est pas la plus intéressante mais elle attire quand même bien du monde par tradition.
Cette année là j'avais invité ma belle-soeur et mes neveux Luc et Michel  à visiter l'expo.Nous sommes devant les stalles des vaches, on s'apprête à faire parader l'une d'elles pour le jugement.  Luc qui la regarde les yeux tous ronds s'exclame :``mais c'est donc ben gros, j'en pensais pas que c'était gros de même.``Je m'interroge , que peut-il trouver de si gros? la Vache, il n'avait jamais vu une vache de près.  Luc est un ado de 16 ans , un urbain, il a visité le zoo de Granby, le parc Safari  sans  y voir  de vaches .

Deux ans plus tard en visitant la même exposition je m'arrête devant un mouton qui a gagné  de nombreux rubans et dont le jeune propriétaire couche à proximité pour ne pas laisser son mouton seul. Ce mouton est d'une saleté repoussante on dirait qu'il est crotté.  Sa laine est emmêlée de brindilles, il a un oeil à moitié fermé et l'autre pas très droit, une de ses oreilles est basse tandis que l'autre tente de se redresser. J'avoue ne rien comprendre à la dizaine de rubans  prestigieux qu'il s'est  mérité.
Avec diplomatie je mentionne à l'ado que son mouton a l'air affectueux mais que sa beauté laisse à désirer. L'ado regarde son mouton avec tendresse  et m'explique que c'est justement pour cela que son mouton est le récipiendaire de tant de rubans, il a toutes les caractéristiques de sa race.

Ce jour là j'ai appris, il y a des avantages à tout.

La partie basse

Mon père avait pour habitude de cueillir les noisettes, les noix de Grenoble, les pommettes et les pommes sauvages car il aimait leurs goûts particuliers. Un dimanche du mois d'août, ma mère , mon mari et moi l'accompagnons dans un rang de Barnston pour profiter des pommes maintenant mûres. Les deux pommiers sont au milieu du champ où paissent  un troupeau de vaches laitières.

Les vaches aiment  les pommes, je le sais pour en avoir donné aux vaches qui venaient me reluquer à Sabrevois. De temps en temps,  je tends une pomme à une ou deux vaches et je continue la cueillette. Tout à coup ma mère me crie en essayant de rester calme :`` Denise, reviens  tout de suite``Je la regarde ne comprenant pourquoi je dois revenir. Puis ma mère ajoute:``regarde, regarde``. Je regarde et je ne vois rien d'autres que deux pommiers et des vaches. Ma mère de plus en plus paniquée presqu'en colère: ``regarde plus bas, tu ne regardes pas  à la bonne place.``

Oh là là là !!!  Le Boeuf offusqué   parce que je m'intéresse à SES vaches  est venu m'éconduire  jusqu'à la clôture , les cornes en évidence et en levant des mottes de terre. J'avoue que j'ai eu un peu chaud et je ne vous parle pas de ma mère...

Quand les oreilles font la différence

Ma cousine Lise élevée sur la ferme de son père mon oncle Sylvio, habitait maintenent à Manchester aux Etats-Unis, ses parents ayant émigré dans les années 1970. Lise vient me visiter à St-Armand. St-Armand, un des plus beaux villages du Québec , peu populeux, s'étend du lac Champlain jusqu'à Frelisburg tout aussi beau. Après nous être fait piquer par les maringouins en nous promenant dans le bois,  nous profitons de la belle soirée pour faire un tour d'auto  et admirer les collines avec l'espoir d'apercevoir un chevreuil  si nombreux dans la région.

Nous rencontrons le maire et son épouse qui font un tour de calèche  et au cours de la conversation  je leur mentionne  qu'en passant devant leur pâturage j'ai vu un chevreuil  couché au milieu de leur troupeau de boeufs d'élevage.Le fait qu'il soit couché m'a intriguée...

Je vois le regard interrogateur du maire  qui psychologue me dit en douce: `` tu es certaine que c'est un chevreuil parce  que j'ai mon âne avec le troupeau.``  Je trouvais aussi que ce chevreuil avait de drôles d'oreilles. Lise a  bien ri de moi , ses frères et soeurs aussi.  J'ai perdu ma crédibilité, je ne suis pas assez futée pour faire la différence entre  un âne et un chevreuil.

maitres sauveteurs

A Saint-Armand notre maison surplombe une colline qui donne sur un  marais protégé, l'étang Streit, un sanctuaire d'oiseaux. Les tortues sortent du marais à la mi-mai pour pondre leurs oeufs qu'elles enterrent dans le sable ou le gravier. Elles peuvent ainsi se retrouver à plus d'un kilomètre de leur départ. David mon fils , âgé de seize ans, entre  en vitesse dans la maison en disant :``Il y a  une énorme tortue dans le milieu du chemin. Viens voir.`` J'accoure, il a raison c'est toute une tortue, une serpentine, On avise qu'il faut l'enlever avant qu'une auto ne l'écrase. David , je le vois bien, craint de se faire pincer les doigts par la tortue  en la soulevant par sa carapace. Moi je crains de la trouver trop lourde et de l'échapper .
Nous avons été chercher une pelle carrée dans notre garage et avec celle-ci nous avons déplacé la tortue vers le champ. Elle est retournée au marais, nous étions heureux de notre sauvetage à la pelletée.

Autre tortues

Nicomas le chien de Randy notre voisin anglais venait marcher avec moi chaque fois que je descendais au marais.Ce chien était d'une intelligence  peu commune certains humains auraient pu en être jaloux...
Je montre à Nicomas  une tortue  en train de pondre et je lui demande de  me trouver d'autres tortues.
Il en a répéré sept  cachéees dans l'herbe. Il plaçait sa patte à proximité de la tortue , me regardait et attendait que j'arrive près d'elles ( patte et tortue). Ce chien qu'un vétérinaire avait dressé,  était un fou de baignades et marchait au pas comme un soldat. Son maître m'en avait confié la  garde  toute une année pour des raisons professionnelles. L' hiver  il attrappait les balles de neige au vol .Quand Randy revenait le chercher les fins de semaine ce chien me demandait du regard la permission de  le rejoindre. Je lui disais:`` voyons Nicomas c'est ton père qui arrive qu'est-ce que tu attends?``.

jeudi 30 juin 2011

...les baleines

Bien   qu'ils se soient épousés aux Etats -Unis mon frère et sa femme demeurent au Canada à Port Alice au nord de l'ile de Vancouver.Le moulin à pulpe  du village fait vivre  et bien vivre presque tous ses habitants. Le site est montagneux, excellent pour la pêche aux saumons , la baie donne accès au Pacifique et aux merveilles marines qui s'y trouvent entre autres les orques ou épaulards.

C'est à Telegraph Cove que le départ pour l'observation des baleines a lieu. Très petit village de maisons aux quais -trottoirs de bois, il est d'un charme  inhabituel. Lorsque j'ai fait la croisière, le circuit était récent et se faisait en chalutier dirigé par des écologistes passionnés,  qui ne prenaient à bord  qu'une  quinzaine de personnes ( beaucoup    avaient  le mal de mer ) venant des quatre coins du monde.  On embarquait à 9:00h dans la matinée pour ne revenir qu'à 20:00h  dans la soirée .

Les baleines étaient nombreuses au rendez-vous et elles sont demeurées longtemps dans le sillage du chalutier sans doute parce que ce jour là c'était aussi l'ouverture de la pêche en haute mer. Elles et leurs baleineaux nous ont donné un spectacle  mémorable: projections hors de l'eau ,  évents qui régurgitent, chants aux mélodies langoureuses ,  plongeons  et replongeons . J'avais déjà vu ailleurs quelques baleines à l'unité mais jamais aussi enjouées et rapprochées que celles de Telegraph Cove.

J'allais oublier: vous n'avez pas besoin de chaussures , vous pouvez aller pieds nus je n'ai pas entendu qu'on y célébrait  un   mariage  mais après tout pourquoi pas, cela pourrait intéresser mon frère.

la noce les souliers et les baleines

En 1972 j'ai fait mon premier voyage dans l'Ouest. Mon frère Guy a eu la bonne idée de se marier au début septembre comme mes parents vingt-sept ans passés. Il s'est marié  à une américaine de naissance , Cheri qui porte bien son nom, elle est gentille et   depuis elle chérit mon frère tous les jours ( la pauvre). La noce a eu lieu  à Shelton dans l'état de Washington. Une noce  champêtre , organisée par la tante de Cheri, une noce moins traditionnelle que les nôtres comme j'aurais aimé que la mienne  fut mais voilà j'ai fait un mariage double , c'était un peu plus compliqué.
Le mariage de mon frère a failli se faire sans le marié. Nous avions tous couché au motel la veille , mon frère y compris. Il avait apporté ses plus beaux atours pour son mariage et paradait devant moi pour que j'approuve. Tout me  semblait ``ben beau`` lorsque je jetai les yeux sur ses souliers. Il était chaussé de ``lofers``avachis, délavés qui ``juraient`` avec l'habit de noces. Je suggère qu'il porte d'autres chaussures et en une pirouette le voilà qui claque la porte en disant: ``je reviens``. On attend, on attend , il est 10:50h et il se marie à  11:00h,  nous devons compter plusieurs minutes pour nous rendre à l'église . Guy est finalement revenu très zen avec une boite de chaussures dans les mains. Il était allé s'acheter des souliers. Je ne connais aucun autre futur marié qui achète ses souliers  dix minutes avant la cérémonie.

Au cours de son voyage de noces en Californie,  mon frère a manqué d'argent  il a dû se débrouiller avec l'argent  en espèces reçus en cadeaux de noces car il avait oublié son portefeuille au Canada. Je ne sais pas comment ma belle-soeur fait pour endurer un tel phénomène ...à suivre

Nos chatons noirs

La chatte Noiraude de mon fils David avait accouché d'une portée de cinq chatons tous semblables à leur mère , deux semaines plus tôt que ma chatte, Pot de colle , qui elle  avait eu quatre chatons de différentes couleurs dont un seul noir .  David gardait ses chatons dans sa chambre  tandis que les miens se repaissaient au solarium. Nos chattes très maternelles  nous permettaient de prendre  leurs petits  sans problème même qu'elles semblaient se glorifier de notre intérêt.

Pour vérifier si leur sens de la maternité pouvait s'étendre à d'autres que leur propre portée, David a eu l'idée de mélanger  les chatons. Il a d'abord échangé la portée au complet . Les deux chattes ont allaité sans rechigner la portée de l'autre. Ensuite il a mélangé les chatons  sans aucun problème. Il a finalement remis les chatons à leur mère respective. Quelques heures après mon fils me demande combien de chatons  avait  sa Noiraude: ``Toujours cinq voyons!  `` Puis il me dit :`` Viens voir j'en compte six``. Je vérifie , il a raison il y a bien six chatons noirs dans sa boite. Je  vais compter mes chatons et je constate ébahie que le chaton noir est diparu.

La Noiraude avait transporté à notre insu le seul chaton de la même couleur que les siens. En plus d'être très maternelle cette chatte nous a montré qu'elle connaissait ses couleurs.

des affamés qui ont du goût 2

Je devais les revoir à St-Armand. Depuis deux jours j'avais détecté une odeur spéciale dans ma cuisine et je disais à mon mari, Jean-Claude, cette odeur me rappelle quelque chose que je n'arrive pas à nommer. La noirceur venue  j'entends croquer , le bruit venant de mon patio. Instinctivement  je me dis que c'est ma chatte qui mange ses croquettes . Mauvaise déduction la chatte est à mes pieds dans la maison. Je m'approche de la porte et je vois un gros raton laveur qui mange sans souci. J'allume pour éclairer le patio, le raton se sauve sous l'escalier. Je ferme  la lumière et je dis au raton:``Ecoute , je ne t'ai pas demandé de t'en aller de toutes façons je sais où tu es caché. Tu peux revenir et finir de manger.``

Il est timidement revenu, et  le lendemain aussi. Tout doucement je suis allée avec lui sur le patio, m'asseoir en retrait de sa nourriture , du pain brun cette fois ,  deux jours après  je lui tendais les tranches de pain et il les prenait dans ses pattes. J'ai cessé de le nourrir   à la mi-août quand il s'est amené en compagnie de trois  autres ratons.

Des affamés qui ont du goût

La première fois que je les ai croisés , je campais  avec deux amies sur le terrain de la famille Cabana à Baldwin.A cause d'eux nous n'avons pu déjeuner. Il fallait nous réapprovisionner , le pain , le beurre, les biscuits soda, les gâteaux Vachon, les bananes tous disparus en une nuit.Nous avons ouvert une enquête à la Colombo  pour trouver le, la ou les coupables.

Nos indices:  miettes de papier d'aluminium
Nos soupçons: un animal quelconque
Notre solution:  le guet chacune notre tour pour la nuit  à venir

Ils sont venus à deux au milieu de la nuit , leur vacarme nous a alerté car nous avions enfermé nos nouvelles provisions dans nos chaudrons  et déposé une caisse remplie de boites de conserve sur le dessus. Avec leurs pattes bien griffées  et leurs museaux  fins, ils ont réussi à brasser la caisse mais ne sont jamais parvenus  à la nourriture.  Nos deux ratons laveurs que nous avons éclairés  avec nos lampes de poche étaient tellement mignons, leurs grands yeux cernés nous regardant presqu'implorant. Les autre nuits ils ont sans doute trouvé un meilleur restaurant car  nous ne  les avons plus revus.

Je vous salue madame

La Montée Bertrand à Sabrevois est un rang très  paisible , notre terrain situé  à l'orée d'un boisé et à proximité d'un ruisseau avait un charme assez unique il donnait accès  à des sentiers pédestres  et à d'immenses champs de mais propices au ski de fond . Une de nos voisines d'origine russe , Madame Babkine, grand amoureuse des bêtes , avait aménagé sa maison pour pouvoir garder 4 chiens et 6 chats  sans compter les invités occasionnels les chiens et chats des parents et amis.

Il y avait toujours sur sa cuisinière  une grande marmite fumante remplie d'os et de légumes , une soupe pour nourrir ses animaux. Sur les deux divans de son salon  elle avait déposé de  solides jetés en faux cuir pour que les chiens se couchent sans les abimer . La porte de son garage avait une trappe permettant à ses chats de se sauver  quand ses chiens avaient des idées de chasse. Sa maison très propre gardait tout de même une forte odeur de fauve .  Madame Babkine  habituée  l'ignorait . Mais surtout, surtout  elle  avait Karine, une alezane qu'elle montait en écuyère chevronnée. Une jument fière et racée qu'elle gâtait  avec des carrés de sucre en lui caressant la crinière`:``Tiens , mange Karine  maman va te brosser.``

Karine était au pré tous les jours de beau temps. Je la voyais de chez-moi parfois courant pour s'amuser  et puis d'autres fois très calme. Un jour, près de sa clôture, je m'avise de lui dire:``Bonjour Karine``J'ai eu la surprise de voir Karine cabrée  , relevant et penchant la tête en s'ébrouant  et hennissant  trois fois de suite pour me faire honneur. Je suis certaine que la reine d'Angleterre  n'aurait  eu pareil hommage. Les juments russes ont du sang de tsar, le père de Madame Babkine avait été général sous Nicolas 11 et avait pu fuir avant la révolution de 1917.

mardi 28 juin 2011

L'Hôte

J' avais adopté un beau gros beagle . C'est comme cela que je le décris car sans être de pure race il possédait les oreilles caractéristiques du beagle , longues et pendantes. Il dormait dans une  niche de bonne dimension  près de notre remise à Sabrevois.
En  revenant de vacances , mon mari et moi avons trouvé ,esseulé, à deux rangs de chez-nous, un petit beagle qui pleurait de faim.Nous l'avons amené et il a partagé la vie de notre gros chien, ils s'étaient pris d'affection  et se chouchoutaient.
J'avais aussi une chatte  grise  à poils courts  nommée Grisou ( original n'est-ce pas?) qui couchait dans la maison  en maîtresse absolue. C'est maintenant l'hiver , il fait froid et tempête, les tempêtes à Sabrevois à cause de la plaine , c'est à voir! Je m'inquiète de Grisou qui malgré mes appels répétés reste introuvable et je crains la route 133 déjà dangereuse par beau temps .
Je me couche en implorant les dieux de la nature pour ma chatte et le lendemain me levant aux aurores , je regarde tout de suite vers le patio dans l'espoir d'y trouver ma chatte en attente.
Ce que je vois: le gros beagle qui sort de la niche en secouant la neige de son dos,  suivi du  petit beagle, suivi de Grisou qui toute pimpante, fière de ses conquêtes s'en vient vers moi en courant . Futée la Grisou, très futée.

Deux invitations inusitées

Pourriez-vous penser deux secondes que je puisse être invitée à la chasse et que j'accepte d'y aller?Lorsque j'ai dit : `` oui les gars on y va ``, j'avais mon idée  en tête. A Sabrevois, les jumeaux de mon voisin  Guy et Gilles Duquette  qui partageaient avec moi l'amour des chiens et des chats  ont pensé  me convertir à leurs efforts pour contrôler la population  de siffleux ( marmottes).  On dit qu'ils font du ravage.
Armés d'une carabine à plombs  nous partons à la chasse , moi les mains vides  en me promettant de revenir bredouille...

Le territoire de chasse : un grand terrain en friche où la famille Duquette possède un petit camp pour le plaisir de tous. Le soleil à son maximum,  mes jeunes  chasseurs  de douze ans savent bien que les marmottes en profiteront.
Voilà notre premier siffleux , Guy arme sa carabine sans compter sur le vent qui alerte l'animal et le fait se réfugier dans son trou. Quelques minutes plus tard  notre deuxième siffleux se pointe , réarmement de la carabine cette fois c'est Gilles qui s'apprête à  viser. Et là, je tousse  en me disant désolée... le sourire au coin des yeux.
 Futés les jumeaux  me disent:``C'est pas avec toi qu'on va tuer des siffleux aujourd'hui hen Denise!``
J'avais visionné maintes fois le film Sissi et retenu le passage  sur le coq de bruyère.

Les jumeaux ont vite oublié leur déconfiture  car quelques mois plus tard ils sont venus me demander les yeux humides si je voulais assister avec eux aux funérailles de leur chatte.
Comment dire non?  `` On sait que tu l'aimais `` m'ont-ils dit.
La chatte  reposait sur une serviette dans une boite en carton. Nous avons récité un Ave, fait le signe de la croix , souhaité qu'elle repose en paix. Elle a été enterrée à la lisière de mon terrain et du leur  là où ont poussé   les tomates biologiques générées par le champ d'épuration. Quelle futée cette chatte tout de même elle a réussi à me tirer les larmes.