Il existe des livres qui à l'exemple des gens que nous croisons nous influencent plus que d'autres. ``Les mots pour le dire ``de Marie Cardinal ont été pour moi une prise de conscience totale et bénéfique .
J'avais avec ma mère Bernadette une relation compétitive. Ma mère femme de devoir et femme
d'intérieur accomplie: cuisine, ménage, tricot, couture, jardin, était une femme que l'on dit parfaite. Vivre avec la perfection , croyez-moi c'est plus que difficile , il faut être à la hauteur , irréprochable.
Elevée sévèrement ma mère ne faisait de compliments à personne surtout pas à nous ses enfants cela aurait pu nous rendre orgueilleux. A l'adolescence , rêveuse , très occupée à étudier et à gagner le coût de mes études en travaillant à l'Oeuvre des terrains de jeux, je m'accommodais assez bien de sa perfection. Après mon mariage ce fut autre chose. Je la voyais un week-end par mois et à toutes les grandes fêtes , je revenais toujours bouleversée de nos rencontres , les larmes au yeux avec un mal d'estomac angoissant .Me voyant souvent mal en point en sa présence , ma mère que les questions directes n'avaient jamais gênée me dit:`` Coup donc est-ce que je te rends malade? ``
A sa question , face à elle, nulle réponse. Pourtant je réfléchissais et j'en étais à me demander si elle n'avait pas raison lorsque je lus le livre de Marie Cardinal. Le vécu de l'auteur avec sa propre mère, médecin et femme de devoir n'a rien de commun avec le mien. Ce qui est semblable, c'est la souffrance qui nous étouffe.
Marie Cardinal exprimait avec ses mots à elle , exactement ce que je ressentais moi-même. Elle me fit prendre conscience du grand pouvoir que j'accordais à ma mère, mon désir d'approbation , d'identification et surtout que je n'avais pas le pouvoir de la changer mais de changer mon jugement face à la situation.
L'auteur qui a fait une longue psychanalyse explique qu'après avoir pris conscience de l'interaction psychologique entre sa mère et elle , elle a pu prendre suffisamment de distance émotionnelle pour en arriver à un degré de neutralité: les blessures d'enfance de sa mère appartiennent à sa mère et que pour guérir de ses propres blessures , il faut travailler sur soi , éviter de prendre les remarques désobligeantes de ses proches comme étant personnelles, ne pas tenir les autres pour responsables ils ont bien assez de leurs propres bobos à gérer.
Si vous avez des relations mère-fille pénibles, je vous souhaite de lire un livre qui vous ouvrira des portes. Cela m'est arrivé à 45 ans , deux ans avant le décès de ma mère ... heureusement pour nous deux.
Merci Denise de partager cette tranche de vie avec nous.
RépondreSupprimerTu as piqué ma curiosité et je me rendrai bientôt à la bibliothèque municipale y chercher ce livre de Marie Cardinal. Les relations mère-fille sont souvent ardues, malheureusement...