Je dédie ces mots à mes cousines : Lise St-A.R.
Monique L.
Nicole B.
Pauline R.
J'ai un peu honte de mettre des mots sur un évènement aussi intime et émouvant. Ma mère Bernadette est décédée d'un cancer du poumon en octobre 1993 dans un hôpital de Sherbrooke. Malade depuis plus de deux années avec un diagnostique final tardif , elle et moi avons eu le temps d'apprivoiser la mort qu'elle acceptait comme une délivrance, cet après-midi d'octobre elle a accroché ses patins.
Ma cousine par alliance Lise St-A.R., infirmière, passait tout son temps libre et plus, auprès d'elle. Je lui suis redevable car j'étais alors captive avec un autre malade chez-moi. Voyant venir les derniers
moments , Lise m'appelle au chevet de ma mère et avise aussi des cousines affectivement et géographiquement proches de ma famille. Nous voilà donc Lise, Monique, Nicole, Pauline et moi près du lit de maman . Nous avons certes de la peine mais nous sommes toutes des introverties alors l'abondance de larmes viendra après...
Pauline, femme de grande foi et respectueuse des rites religieux me signale qu'il faudrait faire donner à maman l'onction des malades (Extrême- Onction). Nous demandons l'aumônier qui à notre surprise est
un homme dans la jeune trentaine aux cheveux châtains frisés et aux beaux yeux bleus. Un bel homme que les circonstances tristes ne nous permettent pas d'admirer à sa juste valeur. L'aumônier nous mentionne que Bernadette a reçu les derniers sacrements il y a un mois et qu'il peut quand même faire des prières avec nous selon nos désirs.
La main posée sur le front de ma mère il récite des Ave Maria, le Notre Père et entonne Au ciel, au ciel, au ciel, j'irai la voir un jour...cantique religieux traditionnel bien connu d'une autre génération. L'aumônier nous demande ensuite de nommer des parents décédés qui accueilleront ma mère au Paradis. Nous commencons par nos grands-parents Amanda et Joseph, suivis de Roland, Yvonne, Gérard, Félicienne. Adélard. Dans les moments tragiques viennent souvent les idées folles; je levai les yeux vers mes cousines Lise et Monique et je vis dans leurs regards qu'elles pensaient la même chose que moi. Si on continuait ainsi à nommer des parents morts on en avait pour la nuit car maman était issue d'une famille de dix-sept enfants dont la moitié étaient décédés sans compter leurs conjoints respectifs.
Le fou rire s'empara de nous, nous ne voulions pas scandaliser l'aumônier qui me passait les Kleenex pour m'essuyer les yeux. Mes mains s'agrippaient aux draps lu lit pour essayer de contenir mon hilarié et je ne pensais qu'à une chose: vitement que l'aumônier se retire pour pouvoir laisser libre cours à mes émotions.
J'ai revu Monique et Lise dernièrement et nous nous rappelons toujours avec autant de ``plaisir coupable`` les derniers moments de Bernadette si bien accueillie et dans la joie au Paradis.
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