La communauté religieuse de Mariannhill s'établit à Sherbrooke après la deuxième guerre mondiale. Les premiers pères originaient de l'est de l'Europe et partaient l'été, faire le tour des Cantons de l'Est en proposant leurs prières, leurs annales, faisant ainsi connaissance avec les familles peu habituées à voir des étrangers.
Ma famille recevait depuis trois ans , le même petit père , un polonais si j'ai bonne mémoire. Un homme chétif dans la cinquantaine, d'un gentillesse exquise et d'une modestie inoubliable. L'été de mes douze ans il sonne à notre porte pour sa visite annuelle . Ma mère étant hospitalisée je prends l'initiative de l'inviter à souper pour 18:00h . Mon père arrive de son travail à17:15h et je lui fais part de mon invitation. Un peu décontenancé de recevoir un hôte sans trop de préavis mon père décide de faire cuire de la truite (sa spécialité). Il faut dire que mon père , habitué aux diverses maladies de ma mère , se débrouillait très bien avec tous les travaux domestiques.
A 18:00h le bon père s'amène et ce sont de joyeuses retrouvailles. L'accent fort prononcé du père rendait mon frère et moi hilares, nous nous étouffions de rire en l'entendant parler de son pays d'origine.
Derrière la table de la cuisine , papa avait installé un grand miroir pour nous permettre de regarder la télévision sans aller au salon. Le père considérant le procédé astucieux, dirige son index vers la tempe de notre paternel en disant:``Papa is ça ,ça``. Mon frère Guy riait tellement qu'il laissait fuser de gros Tsssi Tsssi bien sonores et incontrôlables. Papa que je croyais gêné par notre manque de savoir-vivre demande alors au Mariannhill de nous parler en polonais. Ce qui fut fait et se termina en un éclatement généralisé: nous riions tous , le père y compris et il nous assura qu'il n'avait ri de si bon coeur depuis longtemps.
Vous étiez très sympathique, monsieur le Mariannhill polonais.
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