Décennie 1970
Mes parents après bien des hésitations se sont résolus à acheter une maison sise sur la rue St-Jacques à Coaticook , ils l'ont habitée pendant 25 ans avant de se loger dans une coopérative d'habitation .
La maison centenaire et de style québécois sans lucarne à l' étage, était petite , bien conservée .
Ses anciens propriétaires, les Riendeau bien connus dans la région en avait pris grand soin.
Après une décennie ma mère a voulu la rénover car la cuisine était minuscule , la toilette située à l'étage supérieur nous obligeait à passer par une chambre , l'absence de garde-robe au rez-de-chaussée nous compliquait la vie.
La cuisine fut donc agrandie, une salle de bain moderne installée au rez-de-chaussée, la chambre principale reléguée à l'étage qui redivisé permettait une meilleure circulation.
Hélas la rénovation n'a pas eu que des avantages: elle a fait disparaitre la fenêtre en saillie si jolie dans le salon et toutes les belles boiseries qui encadraient portes et fenêtres, le préfini alors à la mode a fait son apparition. Quel gâchis!
Heureusement ma mère s' est abstenue de toucher à l'ancienne écurie adjacente à la maison et à son étage que j'appelais Carpharnaum avec un grand C car on y remisait les meubles ou différents objets encore en état mais démodés. Ce capharnaum avait servi de remise pour le foin qui nourrissait le cheval à l'époque. Sa grande porte carrée en bois plein s'ouvrait sur le jardin coté nord et me permettait d'admirer la Grande Ours , la Polaire et de situer les diverses constellations . Je couchais là-haut les soirs d'été sur un matelas déposé par terre et je considérais cet endroit comme ma maison . Je m'envolais dans mes rêves d'adolescente et quand mon frère Guy, taquin, venait me ``jouer des tours`` je m'impatientais. Quand il venait me faire entendre les chansons qu'il composait, je l'écoutais admirative de ses tentatives pour maitriser la guitare. Il me faut souligner son très grand talent à imiter Raymond Lévesque dans ``Quand les hommes vivront d'amour`` et mon grand-père Wellie en boisson hell de hell, ceux qui l'ont connu comprendront...
Stanhope, la maison de Maurice et de Marie-Paul
Le frère de ma mère , Maurice, douanier à Stanhope possédait une maison qui avait du chic. Une belle grande maison à deux étages qui avait été aménagée pour faire deux logis mais que mon oncle et ma tante qui avaient huit enfants avaient convertie en un seul. La cuisine de tante Marie-Paul était à mes yeux , une Merveille et je ne me gênais pas pour le lui dire à chaque année quand j'allais la visiter une semaine l'été. Ma mère m'y envoyait pour aider ma tante , j'ai toujours eu l'impression que celle-ci se débrouillait très bien seule car jamais je n'ai vu une maisonnée aussi sage. Les enfants disparaissaient dehors tôt le matin et ne réapparaissaient que pour le souper , ils se couchaient autour de 21:00 heures . Il fallait les voir pour le croire.
Les armoires de la cuisine de tante Marie-Paul étaient nombreuses faites de lattes de bois peintes en blanc, enjolivées de frises . Le pourtour de la fenêtre au -dessus de l'évier s'agrémentait de tablettes arrondies capable d'accueillir bibelots et plantes. La salle à manger simple pouvait recevoir une table à rallonge sans que l'on se sente coincé.
Dehors, côté cour, oncle Maurice avait construit un patio dallé avec mosaique avant même que cela soit vraiment à la mode, je crois que Louis , son fils adolescent , avait mis la main à la pâte. La réussite de cet aménagement était totale, le patio entouré d'arbres et de fleurs invitait à la lecture , ma tante et sa fille Ghislaine la petite dernière en profitaient , leur chien et leur chatte de même que de nombreux oiseaux dont les colibris. Le terrain avait à l'est , ses pommiers et à la limite arrière une pinède qui vous offrait ses aiguilles roussies comme un tapis pour vos pieds.
Vous comprendrez que ces deux maisons m' ont inspirée et fait germer les miennes. J'en ai fait construire quatre, rénover une et louer une qui avait déjà été mise au goût du jour. A présent sevrée de construction j'habite un appartement , nostalgique du plaisir que j'ai eu à réaliser mes rêves.
Très beau billet, Denise. Et oui, t'as raison, j'ai participé à la construction du "patio" avec mon père (et du foyer qui s'y trouvait dans le coin).
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