Ce jujube à la réglisse que je savoure goulûment bien avant le Jour de l'An réveille mes papilles et me rappelle que l'an dernier en feuilletant une revue qui présentait les décorations traditionnelles et les nouveautés des Fêtes de fin d'année, je suis tombée à la renverse en y trouvant mon arbre à jujubes. Je dis mon arbre à jujubes car je crois bien que je suis la seule des nombreux petits enfants de ma grand-mère maternelle à attacher autant d'importance émotive à cet arbre de plastique.
Il trônait au milieu de la table sur la belle nappe blanche au Jour de l'An chez grand-maman Rondeau. Deux embranchements qui s'entrecroisaient par le milieu et qui tenaient bien droits sur un socle à rebord.Les jujubes en forme de cloche venaient se percher sur les branchettes et donnaient un air de bonheur à cet imitation d'arbre dont le rebord contenait des jujubes en réserve.Un vrai délice, ces jujubes rouges, verts et blancs recouverts d'un givre sucré; ils me faisaient aimer davantage la rencontre annuelle des cousins et cousines qui avec mes oncles et mes tantes remplissaient les deux tablées du Jour de l'An.
Les mets traditionnels: tourtières, dinde, ragoût de pattes et leurs accompagnements étaient au rendez-vous. Sans doute parce que mes grands-parents vivaient tout près de la frontière américaine à Beebe-Rock Island, ils avaient intégré des mets plus ``anglais``: mince meat, gâteau aux fruits, tartes au suif, plum pudding à leur menu . Je ne dédaignais pas tous ces bons plats mais je me souviens avec plus de plaisir de tous les à côté de cette boustifaille.
Cousin Paul, le plus agé des cousins présents était à lui seul, un phénomène. Il avait instauré un système de passe- passe de nourriture et d'ustensiles qui nous faisait rire à nous étouffer. Il décidait que cousine Jacqueline voulait des cornichons , nous nous passions le plateau de cornichons de main à main jusqu'à ce qu'il se positionne face à l'assiette de Jacqueline, puis tout de suite Paul énonçait que cousin Robert voulait la sauce, la promenade de la sauce commençait . Presque tous les plats de la table se déplaçaient ainsi et souvent la même cousine ou le même cousin accumulait devant son assiette une grande quantité de plats, fourchettes, salières...
Nous formions une tablée d'enfants, la dernière de deux ou trois tablées selon les années. Ma grand-mère recevait entre trente et quarante -cinq invités. Tante Thérèse et son mari Richard qui habitaient avec elle étaient les véritables hôtes car grand-maman avait gardé des séquelles de son hémiplégie survenue à la naissance de la dix- septième de sa tribu. On nous conseillait à nous les petits enfants d'être bien tranquilles pour ne pas fatiguer grand-maman. Il ne fallait surtout pas toucher au piano du salon, il valait mieux éviter de glisser sur la belle rampe de l'escalier, veiller à ne pas parler trop fort. Quand arrivait enfin notre tablée nous avions notre revanche sur les consignes et nous nous plongions à coeur joie dans nos fantaisies. Paul avait une voix de stentor, un débit rapide , heureusement qu'il était présent , grâce à lui et ses ``folies`` le Jour de l'An est devenu mémorable.
Si l'arbre à jujubes était ma décoration préférée , la guimauve ornée d'une petite chandelle d'anniversaire et entourée d'un ruban sur lequel on avait enfilé un Life Saver de couleur pour en faire une sorte de bougeoir, me fascinait aussi. Ce bougeoir réchauffait le devant de notre assiette. Ma gourmandise pour les jujubes et les guimauves ne date pas d'hier , je dois mettre la faute sur le Jour de l'An . Sur mon calendrier, il y a maintenant plusieurs Jours de l'An surtout depuis qu'une amie m'a fait cadeau du fameux arbre à jujubes, jujubes à saveur de grand-mère.
Bonne Année 2012
Denise XXX
vendredi 30 décembre 2011
mercredi 7 décembre 2011
Noel, je l'apprivoise encore
Aussi bien le dire franchement, Noel n'est pas ma tasse de thé . J'ai toujours su que le père Noel et mes parents se confondaient et ceux-ci ne se sont jamais forçés pour me prouver le contraire. A partir de novembre ma mère nous prévenait , cette année encore son budget serré rendait les cadeaux improbables. J'aurais dû comprendre au fil du temps que son discours cherchait à me faire apprécier davantage les cadeaux qui s'abritaient sous le sapin qu'elle décorait chaque année avec la même élégance. Hélas je n'aimais pas ce genre de décoration à l'aluminium , je prenais ses paroles au premier degré et lorsque j'ouvrais mes cadeaux j'avais chaque fois l'impression d'avoir enlevé le beurre sur le pain familial.
Ainsi, je n'ai jamais aimé Noel sauf pour les mets si délicieux que ma mère préparaient avec plaisir . Elle aimait cuisiner et avait un don particulier pour les tourtières, les tartes ,les beignets et les diverses bouchées sucrées typiques du temps des fêtes.
Chez-nous , Noel n'était pas véritablement une fête d'enfants, nous n'étions que mon frère et moi.. Mes parents invitaient deux de mes oncles et tantes qui après un repas copieux jouaient aux cartes en prenant un petit coup . Ils s'amusaient ferme.Quand la neige acceptait de tomber , heureusement je partais pour une longue marche et j'arrivais à trouver un peu plus de charme à cette fête où le petit Jésus était sensé vous ravir.
Nos cadeaux étaient prévisibles. Ma mère m' achetait un présent au nom de mon frère plus jeune : un jupon, des collants, des gants selon les années. Elle- même me donnait un vêtement d'hiver, en de rares occasions, je recevaient des patins. Adolescente, je craignais de recevoir de la part de mon frère , un soutien- gorge . Vous voyez la scène: j'ouvre mon cadeau devant la parenté qui admire avec moi le sous -vêtement, à l'eau la pudeur...
Après mon mariage , mon mari et moi avons participé aux jeux de cartes et j'ai pris du plaisir avec la Dame de Pique et le 500. L'oncle Fernand un véritable clown qui pouvait révéler les cartes de sa main en faisant semblant de raconter une histoire, m' enlevait toute culpabilité pour la tricherie à laquelle je me laissais aller pour rigoler. Oncle Germain chez qui ma famille ira réveillonner dans les années 1980, était ténor dans la chorale de sa paroisse. Après la messe de minuit , nous chantions en les déformant quelque peu les Glo... oooria des ``Anges dans nos campagnes``et les autres beaux cantiques traditionnels.
A quatre heures dans la nuit, il fallait faire le trajet Bromptonville-Coaticook en essayant de tenir nos yeux bien ouverts et le lendemain en après-midi celui du retour à notre domicile qui par beau temps se faisait en deux heures. Je trouvais stressante cette période de l'année qui nous donnait congé pour mieux nous faire travailler: courses, bouffe, vaisselle, décorations, cadeaux. C'était déjà l'ère de la consommation , prémices des années 2000. Ma petite fille Oxanne adore les festivités et je puise un peu de sa joie pour combattre ma nostalgie. Peut-être bien que le père Noel existe pour le vrai: quelqu'un a mangé les biscuits et bu le verre de lait pendant que mon chat mangeait ses croquettes...
Joeux Noel 2011
Ainsi, je n'ai jamais aimé Noel sauf pour les mets si délicieux que ma mère préparaient avec plaisir . Elle aimait cuisiner et avait un don particulier pour les tourtières, les tartes ,les beignets et les diverses bouchées sucrées typiques du temps des fêtes.
Chez-nous , Noel n'était pas véritablement une fête d'enfants, nous n'étions que mon frère et moi.. Mes parents invitaient deux de mes oncles et tantes qui après un repas copieux jouaient aux cartes en prenant un petit coup . Ils s'amusaient ferme.Quand la neige acceptait de tomber , heureusement je partais pour une longue marche et j'arrivais à trouver un peu plus de charme à cette fête où le petit Jésus était sensé vous ravir.
Nos cadeaux étaient prévisibles. Ma mère m' achetait un présent au nom de mon frère plus jeune : un jupon, des collants, des gants selon les années. Elle- même me donnait un vêtement d'hiver, en de rares occasions, je recevaient des patins. Adolescente, je craignais de recevoir de la part de mon frère , un soutien- gorge . Vous voyez la scène: j'ouvre mon cadeau devant la parenté qui admire avec moi le sous -vêtement, à l'eau la pudeur...
Après mon mariage , mon mari et moi avons participé aux jeux de cartes et j'ai pris du plaisir avec la Dame de Pique et le 500. L'oncle Fernand un véritable clown qui pouvait révéler les cartes de sa main en faisant semblant de raconter une histoire, m' enlevait toute culpabilité pour la tricherie à laquelle je me laissais aller pour rigoler. Oncle Germain chez qui ma famille ira réveillonner dans les années 1980, était ténor dans la chorale de sa paroisse. Après la messe de minuit , nous chantions en les déformant quelque peu les Glo... oooria des ``Anges dans nos campagnes``et les autres beaux cantiques traditionnels.
A quatre heures dans la nuit, il fallait faire le trajet Bromptonville-Coaticook en essayant de tenir nos yeux bien ouverts et le lendemain en après-midi celui du retour à notre domicile qui par beau temps se faisait en deux heures. Je trouvais stressante cette période de l'année qui nous donnait congé pour mieux nous faire travailler: courses, bouffe, vaisselle, décorations, cadeaux. C'était déjà l'ère de la consommation , prémices des années 2000. Ma petite fille Oxanne adore les festivités et je puise un peu de sa joie pour combattre ma nostalgie. Peut-être bien que le père Noel existe pour le vrai: quelqu'un a mangé les biscuits et bu le verre de lait pendant que mon chat mangeait ses croquettes...
Joeux Noel 2011
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