mercredi 31 août 2011

Une future émigrante

Dieu le Père
Rue du Paradis
CIEL  UNI VERS


Cher Monsieur,

Permettez que je me présente, je suis Denise Trudel et j'ai un intérêt de plus en plus marqué pour votre lieu de séjour. Sachant qu'un jour ou l'autre  je serai des vôtres, je voudrais être tout à fait prête  afin de m'adapter le mieux et le plus rapidement possible à cette forme d'émigration. On m'a déjà informée que nuls passeport ou visa ne sont nécessaires. Je me demandais comment  vous pourrez me reconnaître étant donné que mes empreintes digitales comme mon ADN ne seront plus disponibles.

Je voudrais aussi savoir si je dois me mettre  tout de suite à l'étude du chinois. Je parle le français, une langue régionale, je me débrouille en anglais, sûrement que beaucoup de vos citoyens parlent cette langue au  CIEL mais le chinois me semble plus pratique, ils sont tellement nombreux.

Pourriez-vous me donner aussi une petite idée de la tenue vestimentaire appropriée, je suis mal à l'aise avec la nudité, je suis frileuse, je ne me vois pas du tout porter  la burka . J'attends votre suggestion , elle sera celle d'un être de bon goût et de bon jugement.

Qu'en est-il du travail, ici  les équivalences pour les diplômes posent problèmes, exigez-vous des cours d'appoint? Sans vouloir vous offenser je désirerai sans doute travailler un peu ne serait-ce que pour  m'entourer d'un réseau social car nous regarder face à face tous les jours peut devenir gênant pour nous deux. Avec ma notion terrestre d'éternité  ça peut être long pas à peu près.

Votre système économique souffre-t-il comme le nôtre d'inflation, de récession? Je préfère connaître la vérité maintenant pour éviter la dépression pendant...

J'ignore si vous tenez quelques fois des élections , c'est pas que j'aime la politique tant que cela, je veux juste vous signaler la présence d'un bon Jack arrivé chez-vous depuis peu,  il vous ferait un super candidat.

Je suis une adepte des nouvelles continues, je souhaiterais continuer à me tenir au courant de ce qui se passe dans l' UNI VERS, votre système est-il compatible avec le nôtre? J'ai tenté de vous envoyer un courriel, mon serveur me signifie que la puissance de vos ordinateurs est telle que mon message est périmé avant d'arriver chez-vous, est-ce un virus?

J'allais oublier  de vous interroger sur les mets servis dans vos cafétérias, je m'accommode de presque tous les plats dits exotiques, seulement si vous pouviez servir de la poutine , ne serait-ce qu'une fois par année, je me sentirais comme chez-nous.

Espérant  monsieur que vous comprenez toute la fascination que suscite en moi votre pays idyllique, je demeure attentive à vos réponses et suggestions et votre future nouvelle arrivante.

Bien à vous,

Denise Trudel

mardi 30 août 2011

la misère des aliments

Misère de misère je n'arriverai donc  jamais à y voir clair. Est-ce la faute à mon père si j'aime autant le beurre ,  ça doit sûrement être génétique!

Dire que je me suis privée de lui pendant vingt-cinq ans. J'ai participé sciemment  à la guerre du beurre versus la margarine dès le début de mon mariage . Mon mari cardiaque de naissance  avait subi une angioplastie  trois ans plus tôt , la diététiste , l'Institut de Cardiologie au grand complet vous mettaient en garde sur les dangers du beurre. J'ai cuisiné à la margarine  high-tech et à l'huile de tournesol . Misère de misère le beurre est bien meilleur au goût! Avez-vous déjà dégusté de la tourtière faite avec une pâte additionnée d'huile de tournesol. Vous n'avez rien manqué si votre réponse est négative, le gras coulait dans l'assiette. Je  n'étais déjà pas trop fan de la tourtière traditionnelle alors vous pouvez vous imaginer mon dégoût de celle-là.

Misère de misère quel dilemme aussi avec le café et le thé! Le café excitant cardiaque donne des palpitations par contre il est un nettoyeur naturel de l'intestin, anticancérigène dit-on maintenant. Le thé qu'il fallait choisir vert pour toutes ses vertus antioxydantes a perdu quelques plumes au profit du thé blanc, plus rare et plus cher. Je me suis habituée aux thés de toutes couleurs après avoir testé le David 'thea, évidemment le fait que ce thé porte le  nom de mon fils a sûrement contribué à en rehausser la saveur.Le café et moi n'avons pas d'atomes crochus, je ne fais pas la différence entre un bon café au dire des experts et un autre plus médiocre. Je vous rassure, je sais reconnaitre l'eau de vaisselle.

Misère de misère, j'aime aussi le chocolat, ça doit être encore  génétique, ma grand-mère maternelle en raffolait et ne s'en privait pas. La chocolaterie La Foucade de St-Luc  fait un chocolat au miel et aux graines de sésame qui vous retient sur terre, il n'y a rien de comparable au Paradis. Le chocolat ne fait plus engraisser si consommé modérément,  est bon pour le coeur, protège de l' AVC, est aphrodiaque, un vrai bonheur. Même le chocolat au lait a retrouvé ses lettres de noblesse. On le gaspille pour les massages mais si ça vous tente de l'absorber de cette façon allez-y misère de misère.

Heureusement le poisson a presque toujours été un aliment qui faisait l'unanimité, omégas 3 à profusion. il fait les beaux jours de Louis mon cousin pécheur et pêcheur. Ah! J'oubliais le mercure misère de misère, y a rien de parfait et attention aux arêtes, tout à coup que...

De la bologne crue  en sandwich avec un peu de moutarde, c'est assez bon! Gare à la salmonellose toutefois . Ma mère la faisait aussi  frire avec du Beurre dans la poêle , accompagnée de patates pilées et de sauce brune, un vrai délice, Oui, vous pouvez ajouter du brocoli, aliment chouchou par excellence  mais je préfère les carottes et les petits pois misère de misère à cause de mes yeux.

Une bonne salade  arrosée d'huile d'olives de première pression, c'est le nec plus ultra de la gastronomie méditerranéenne. Il y a vingt ans on disait que l'huile d'olives faisait engraisser, avait un goût acide et coûtait trop cher.Vous pouvez accompagner votre salade de bons fromages au lait cru.
Sachez quand même que j'ai lu des choses ``ben meuchantes``sur le lait cru, misère de misère que c'est compliqué.

Le four à micro-ondes, une chance qu'il ne se mange pas car il parait , je vous le dis sous toute réserve  que certaines ondes...misère de misère n'allez surtout pas répandre la nouvelle!

Si vous êtes à table , je vous souhaite bon appétit!

lundi 29 août 2011

Esclave de sa liberté

Un jour il  fallut qu' ``en toute liberté`` je choisisse une profession, je terminais ma onzième année de scolarité.Le choix était relativement facile à faire: infirmière, enseignante, coiffeuse, secrétaire si je  choisissais de continuer à étudier.

J'aimais l'étude, apprendre de nouvelles choses, les sciences qui commençaient à se développer m'intéressaient  beaucoup. Je me voyais médecin; j'ai du revenir sur terre, mes parents n'avaient pas les moyens de me payer des études de médecine. Je songeai à devenir infirmière, les études  me convenaient, de plus  à cette époque les infirmières recevaient un petit salaire mensuel ce qui soulagerait mes parents.Il y avait un hic: j'avais une phobie de la mort, celle des autres. Les larmes me montaient aux yeux dès que j'évoquais le mot et toutes les émotions qui tournaient autour.

Il  ne me restait peu de choix, j'optai pour l'enseignement car j'aimais les enfants, les ados. Les cours se donnaient dans mon patelin  et je pouvais poursuivre les études jusqu'au doctorat après l'acquisition de mon premier brevet. J'ai travaillé l'été et les week-ends pour payer mes frais. J'ai d'abord obtenu un brevet B qui me donnait la permission d'enseigner au primaire et aux deux premières années du secondaire. Les soeurs de la Présentation de Marie m'engagèrent pour  enseigner au secondaire à des étudiantes à peine plus jeunes que moi, je continuais  mes études à temps partiel à Sherbrooke. En 1969 après mon mariage je retournai aux études à plein temps pour terminer mon baccalauréat à l'Ecole normale Eulalie Durocher affiliée à l'Université de Montréal.

Aussi surprenant que cela puisse paraître je n'ai jamais songé à faire de l'enseignement toute ma vie contrairement à mon mari qui en fit sa carrière .L'enseignement c'est aussi devoir faire de la discipline, celle-ci me donnait le trac de l'acteur, elle me causait des nuits d'insomnie.L'enseignement suscite les confidences, certaines m'ont plaçée dans une situation très inconfortable , j'étais tenue au secret mais je savais que j'aurais dû parler. Je me sentais impuissante et triste face à un tel dilemme.
J'enseignai aussi aux adultes, quelques- uns  qui étaient  chômeurs n'avaient pas eu le choix de leur retour aux études  et me faisaient payer par leur arrogance , leur manque de liberté.Je donnai également des cours privés à des étudiants victimes d'accidents , de maladies ou au prise avec des problèmes psychologiques. Je ne me suis jamais résignée à enseigner dans une polyvalente , beaucoup trop  ``usine`` pour mes valeurs.

Après quinze années d'enseignement , je devais passer à autres choses . Aussi quand des amies m'ont invitée à les joindre au magasin de produits naturels, j'ai hésité puis y voyant un défi je me suis impliquée à fond pendant dix ans, je pouvais continuer à apprendre ( certificat en gestion des affaires)
et reconnaître que  je préférais la Nature tout court à celle des produits.

Je n'avais toutefois pas résolu ma peur de la mort. Je choisis de l'affronter avant que la vie m'y oblige. La mère de ma belle soeur Pauline  est hospitalisée en phase terminale . Le travail de Pauline ne lui permet pas de passer de longues heures auprès de sa mère en semaine. Je lui offre deux jours de veille en semaine, mon horaire me le permettant. Je la veillai  ainsi pendant trois semaines. . La mère de Pauline n'est pas morte en ma présence, je venais à peine de la quitter...sa mort m'a appris à accueillir les émotions du moment comme elles venaient, sans paniquer  malgré les larmes. Cela m'a servi pour les trois personnes de ma famille qui sont décédées en ma présence par la suite .

J'ai fait depuis bien des choix en ``toute liberté`` mais je suis convaincue que j'ai été bien souvent esclave de ma liberté.

P.-S. Mille excuses à ma mère pour m'être enorgueillie de mes études elle qui me disait:  `` si tes études t'enflent la tête un jour , je vais te rabattre le caquet assez vite .``

lundi 22 août 2011

L'ecole Gendreau de Coaticook (2)

Soeur Armand-Marie excellent professeur mais pas très patiente , nous trouve  bien des qualités. Elle s'adresse à A.R. , à J.R. et à moi même qui n'arrivons pas à comprendre la méthode en disant que nous sommes bouchées, des cruches , des sans dessein , ces boniments réitérés en montant le ton  de plus en plus.

Mes deux compagnes éclatent en sanglots , la soeur les renvoie à leur siège , les traitant de bébés . Je suis toujours au tableau , la cloche mettant fin aux cours  a sonné  mais il n'est pas question de partir. Je regarde Sr Armand-Marie dans les yeux et je lui dis calmement et poliment , avec une voix déterminée:``C'est vrai que je suis cruche, je suis ici pour apprendre à extraire la racine carrée et vous, pour me l'enseigner . Cela prendra le temps qu'il faudra , je ne partirai pas du tableau avant de savoir comment l'extraire. ``J'ai vu que je venais de faire tomber les défenses de la bonne soeur, des rides de sourire sont apparues autour de ses yeux. Elle m'a expliqué et nous avons pu aller diner.

Plus tard à l'Ecole normale Nouvelle- France où elle enseignait l'algèbre , j'étais parmi ses meilleures élèves. Nous nous étions jaugées et nous nous respections beaucoup.
Soeur Marie-Paule, titulaire de 11è année n'avait pas de méthodologie, elle était gentille, sans aucune malice et surtout elle était une organisatrice hors pair de toutes les activités parascolaires. Avec elle nous avons patiné,  dansé le folklore, organisé des carnavals, joué des pièces de théâtre .
Ses cours étaient inintéressants, elle avait conservé l'habitude de faire des ``combats`` pour nous faire retenir les  différentes matières à mémoire : l'histoire , la géographie entre autres. Mes compagnes considéraient la méthode digne du primaire , récriminaient sans cesse et n'arrivaient pas à faire cesser le manège jusqu'à ce qu'elles adoptent ma recette .

Les lamentations de toutes sortes m'ont toujours exaspérée, quand je ne suis pas contente d'une chose je passe à l'action: dorénavant, chaque fois qu'une question serait posée, il fallait attendre quelques secondes feignant de  réfléchir profondément et puis répondre :`` je ne le sais vraiment pas`` même et surtout aux questions les plus simplistes à savoir la capitale de la province de Québec.

J'avais fait le pari qu'après deux jours de ce stratagème  Sr Marie-Paule capitulerait. Elle céda  et nous assura que si nous rations nos examens  il ne faudrait pas la  tenir  responsable.

J'étais tout de même une étudiante tranquille par nature, très hypocrite, je murmurais des âneries pour faire rire mon entourage  pendant que je restais de marbre. Suzanne B. dirait sage comme une image ...Je ne craignais pas l'autorité par nature aussi, je respectais la personne, sa compétence ,quant à son titre je m'en fous encore comme de l'an quarante.

Je vous salue toutes les anciennes de Gendreau  1952-1963.

L'ecole Gendreau de Coaticook 1952-1963

A l'époque quand j'ai fréquenté l'école Gendreau  de Coaticook on y dispensait le cours primaire et secondaire. On pouvait passer onze années  de sa vie dans la même école, cela a été mon cas. L'école Gendreau est devenue ma seconde famille, j'ai développé des liens serrés avec les filles de 10è et 11è années.

J'ai eu un amour inconditionnel pour ma maîtresse de première année, Florence Cloutier. Je devais être pot de colle, je me souviens de l'avoir suivie pas à pas  même lorsqu'elle prenait l'autobus pour  rentrer chez-elle. J'étais gauchère, défaut que l'on a toléré jusqu'à Noel puis à partir de la Nouvelle Année la commission scolaire dans sa grande sagesse avait décrété que les gauchers devaient devenir droitiers comme par magie. Madame Cloutier m'a tellement encouragée dans ma conversion  qu'après un mois d'efforts la gauchère que j'étais était devenue ambidextre. Que n'aurais-je fait pour son sucre à la crème et deux petits carnets...

La majorité des laics et des religieuses qui enseignaient à cette école avaient la vocation. Les soeurs de la Présentation de Marie de Gendreau n'étaient pas hautaines, n'utilisaient pas à outrance une discipline humiliante, elles étaient aussi moins à cheval sur la morale que celles des pensionnats.

Soeur Aimée du Saint-Esprit,  titulaire de la 10è année était fine psychologue, toujours de bonne humeur et positive. Ses cours de religion portaient presqu'exclusivement sur l'amour avec un grand A. Elle avait même invité Mme Benoit à nous parler de l'amour au sein du couple , en 1962 , elle innovait.

Soeur Armand -Marie était  maîtresse de discipline , c'était une femme au physique imposant, qui parlait peu et qui n'attirait pas les confidences. Son regard laissait peu de place à la réplique. Elle enseignait aussi les mathématiques et la géométrie. La géométrie était mon talon d'Achille , je détestais cette matière: les sécantes , les bissectrices, les angles obtus de vrais ennemis! L'algèbre à cause sans doute des inconnus m'attirait...

Nous avions appris à extraire les racines carrées et cubiques des nombres , j'oublie en quelle année et j'avais aussi oublié la méthode. Je n'étais pas la seule, nous sommes trois coupables au tableau entrain de bûcher pour extraire une racine carrée.

jeudi 18 août 2011

le client a toujours raison (2)

Nous vendions des sandales magnétiques et les ceintures du même nom munies d'une dizaine d'aimants qui appliqués sur  la région des reins devaient soulager les arthritiques.
Une cliente âgée et fort bien en chair me commande une telle ceinture par téléphone. Je me vois lui expliquer avec  diplomatie que même le format XL risque d'être trop petit. Elle insiste disant qu'une couturière agrandira la ceinture , elle veut  à tout prix l'essayer car ses genoux et ses reins sont très souffrants.

A la réception de la fameuse ceinture, je préviens ma cliente qui m'envoie son infirmier la quérir et qui me confirme  le travail de la couturière.
Trois jours plus tard, je reconnais au téléphone , la voix de ma cliente à la ceinture qui me dit:``Ah !Madame , madame,  je veux vous remercier, je suis tellement contente, la ceinture a ramené mon genou par en arrrière, par en avant et j'ai appelé mon docteur pour lui dire, merci beaucoup puis bonjour là!
 Avant qu'elle ne ferme la ligne , je lui demande qui est son médecin. A mon grand soulagement, elle me donne le seul nom que je voulais entendre, celui du mari d'une partenaire. Celui-ci entre au magasin le vendredi soir  et nous regardant , nous prononçons ensemble:`` la ceinture a ramené le genou par en arrière , par en avant`` et nous éclatons de  rire.  La médecine officielle avait rejoint la médecine parallèle, tout un défi. C'est pour ces surprises  que j'ai gardé le fort dix ans.

Le client a toujours raison

J'ai toujours été adepte d'une saine alimentation sans être fanatique. Je me suis intéressée aux plantes dans leur ensemble et aux plantes médicinales en particulier, j'ai suivi des cours de phytothérapie, de cuisine végétarienne, je ne suis pas devenue végétarienne pour autant bien que je l' aurais souhaité, la cuisine méditerranéenne me convient mieux.Tout cela pour vous dire que trois de mes amies ayant les mêmes intérets ont décidé d'ouvrir un magasin de produits naturels à Bedford en 1983. Le magasin a toujours pignon sur rue et j'en fus la co-propriétaire jusqu' en 1993.

J'ai passé dix années à travailler comme jamais je ne l'avais fait auparavant, car nous partions de zéro, il nous fallait tout faire, l'aménagement physique du local inclusivement. Dix années à constater que je n'avais pas  du tout la bosse des affaires, la marketing me donnait des allergies.  J'aimais apprendre  et j'ai appris comment tenir la comptabilité, j'ai appris les  qualités et les défauts de tous nos produits et j'ai surtout appris que dans la domaine des produits naturels il y va de modes comme dans d'autres secteurs de commerce. Les maladies   telles la candidose, l'hypoglicémie, la fibromyalgie, l'allergie au gluten pour ne nommer que celles-là profitent toutes de panacées...J'ai lu tellement d'études sur les différentes eaux embouteillées, filtrées, ozonées que je me suis presque noyée.

Je ne m'occupais pas des achats, c'était ma partenaire , Marie-Rose, qui le faisait très bien; elle pouvait  supporter mieux que moi, le fournisseur qui croyait son produit toujours le meilleur de sa catégorie.Ma force , c'était l'écoute des clients, la répartition des tâches , la gestion .

Si vous avez été dans le commerce, vous savez que les clients  ont toujours  raison, ceux-ci nous ont fait parfois de ces surprises.

En entrant travailler un  lundi j'ai reçu un grand nombre d'appels m'informant que le journal La Presse via Pierre Foglia, parlait de notre boutique. Je me méfiais car une amie peintre avait goûté au vitriol de Foglia, je craignais  que notre magasin passe à la casserole. J'achetai quand même le journal  trop curieuse de lire ce qu'il pouvait bien avoir à dire de nous.

Son éternelle fiancée lui avait acheté un nouveau produit contre l'odeur  nauséabonde des pieds . Le dépliant vantait les mérites exceptionnels du produit qui pour une fois avait tenu ses  promesses. Monsieur Foglia  déclarait en mentionnant l'endroit où se le procurer: la boutique naturelle à Bedford ,qu'il ne serait désormais plus obligé d'aller enterrer ses bas deux fois par année à Drummondville.
La publicité gratuite rédigée par un chroniqueur célèbre , ça se prend bien.

mardi 16 août 2011

La recette pour une fête réussie (2)

Heureusement que Jacques V. un invité ami de mes parents que j'ai appelé pour  des  conseils m'a dit:`` Pauvre petite fille, amène ton gâteau à la boulangerie, je vais t'arranger ça.``Ce qu'il fit. Quand j'ai revu mon gâteau à la vanille et au chocolat , je ne pouvais croire que c'était le mien, il avait refait toute la décoration, il était magnifique.

Maintenant les invités et mes parents sont sur place , nous levons nos verres aux jubilaires, nous leur souhaitons un autre vingt-cinq ans d'engueulades et de bon temps puis nous entamons le buffet. Au moment de se servir de sandwichs, oncle Roland déclare qu'il ne fait pas confiance à ça  des sandwichs en couleurs et pour finir le plat tante Yvonne apostrophe Alice en lui disant :``mais qu'est-ce que tu as pensé de rouler les sandwichs du mauvais côté. Je t'ai répété par trois fois au téléphone, dans le sens de la largeur, le plus étroit,  t'es sourde ou quoi.`` La famille Rondeau délivrait ses messages elle-même, clairement et si tendrement...

Le cousin Jean-Louis  bientôt imité par cousin Michel et  mon frère, nous donna une démonstration sur l'art de déguster le sandwich:

Vous le prenez entre le pouce et l'index,
 vous ouvrez grand la bouche et vous poussez bien le tout .
 Vous avalez d'un seul coup avec une bonne rasade de punch.

 Après bien des essais et erreurs, le punch aidant les sandwichs ont disparu.

Ce fut une belle fête remplie de surprises. A propos ,il y a un sens pour rouler les sandwichs, lequel?

La recette pour une fête réussie

Nous avons fêté le 25è anniversaire de mariage de mes parents  en 1970 au début septembre . Mon mari Jean-Claude et moi demeurions à St-Jean-sur-Richelieu et mon frère Guy encore chez mes parents à Coaticook. C'est donc à leur insu que nous avons préparé la fête et choisi de la célébrer à leur maison avec la complicité d'oncle Roland et de tante Alice , frère et soeur de ma mère.

 C'est chez tante Alice  en après-midi que nous avons préparé le buffet de divers sandwichs et salades. Nous  avions acheté tous les ingrédients nécessaires au buffet et  nous en avions pour deux fêtes car Alice , au cas où... avait fait cuire un autre poulet et bien d'autres petites choses.

Au moment de faire les sandwichs roulés avec du pain long de différentes couleurs , je questionne Alice , en étant à ma première expérience, pour savoir dans quel sens il fallait les rouler. Elle m'assure s'être informée auprès de tante Yvonne, restauratrice retraitée, que les sandwichs doivent être roulés dans leur longueur. Je m'exécute et je trouve difficile de les faire tenir même avec un linge mouillé tel que cela doit être . Tante Alice m'aide et c'est à quatre mains que nous roulons. Les autres sandwichs sont plus simples à faire, Alice continue seule  assise à la table pendant que Jean-Claude et moi préparons les salades sur le comptoir de la cuisine.

Alice nous interpelle et lorsque nous la regardons, nous constatons que la chaise sur laquelle elle est assise semble  baisser . Alice était assez corpulente, les pieds  chromés de sa chaise  s'étaient dessoudés de sorte que ma tante descendait tout doucement vers le sol tout en continuant de beurrer les sandwichs. Mon mari et moi essayions de la prévenir , nous riions tellement que nous n'y parvenions pas . Nous l'avons plutôt soulevée avant qu'elle n'atteigne le plancher.

Après souper nous transportons nos victuailles chez mes parents invités au restaurant avec la complicité d'oncle Roland et de sa femme pour faire diversion. Tante Alice nous donne la recette de son punch sans alcool ( elle est Lacordaire): deux boites de jus d'orange, additionnées de jus de pamplemousse, de jus d'ananas, de seven-up , de cerises et j'en passe. Alice goûte à notre préparation et indique les ajustements pour rendre son punch des meilleurs. Ce qu'elle ignorait , c'est que  pendant qu'elle goûtait mon frère ajoutait de la vodka dans le bol de punch. Après trois coupes , elle déclara la recette parfaite et commença la soirée  assez pompette. Nous ne lui avons jamais avoué notre péché.

La table de fête est maintenant bien dressée ,  les aliments prêts à être consommés , il me reste à vérifier le gâteau que j'ai fait cuire chez-moi la veille. J'ouvre la boite , le gâteau que je me suis donnée un mal fou à glaçer est dans un triste état. Le transport a fait craquer le glaçage et de blanc qu'il était il commence à devenir écru.Les décorations argentées le rendent plus misérable.

La ma tante des Etats

Fernande et Germain étaient aussi les grands voyageurs de la famille Trudel, après la naissance de leur fille Lise dont j'étais devenue la gardienne attitrée, je les accompagnais dans presque tous leurs déplacements. Cette fois nous irons une semaine aux Etats-Unis , visiter ma grand-tante Julia, veuve depuis peu et propriétaire d'un dépanneur à New Bedford (Mass.) .Mon grand-père Wellie et  cousine Yvonne sont aussi du voyage.

J'avais quatorze ans, je connaissais mon grand-père  sous deux facettes: le week-end il était soul et larmoyant, la semaine il  était beaucoup plus sobre  et effacé. Je l'ai connu autrement lors de ce voyage, il pouvait être d'un comique à vous faire pisser dans vos culottes.

Nous arrêtons pour diner , la serveuse nous présente le menu,  Wellie le consulte même s'il ne sait pas lire  et déclare d'emblée :``Hell  de hell(son patois) y a rien à manger aux States , basélique de calvince.`` C'était parti, il a commandé un hamburger steak avec des patates pilées et des petits pois. Le service était lent, sa première remarque, quand il eut goûté la viande il la trouva trop cuite et sans saveur disant qu'elle provenait d'un boeuf de l'ouest canadien  qui avait marché jusqu'à l'est avant de finir dans son assiette Hell de hell. Les patates manquaient de beurre et de sel , celles du Canada étant bien meilleures basélique de calvince.  Il a consenti à ce que les petits pois soient comestibles. Au moment du dessert, il avait choisi de la crème glacée, j'attendais une remarque salace , elle était bonne dit-il elle devait provenir de Coaticook Hell de hell.

Tout cela prononcé en français devant une serveuse qui ne comprenait pas un mot mais qui riait avec nous pour être polie. Nous avons rigolé durant tout le repas qui n'était pas aussi raté que mon aieul le laissait entendre. Lorsque rendus chez ma grand-tante qui cuisinait fort bien ,il nous a fait rire  toute la semaine en la complimentant à sa façon: `` C'est bon en Chr... je te le jure sur  la tête du défunt Raymond ( son fils) et de  feue la défunte Emilia ( sa femme) Hell de hell``.

Tante Julia , personne moderne et très affable, me laissait servir ses clients même si mon anglais était plus que limité. Un monsieur se présente  au comptoir,  y dépose ses achats et me dit: Fish.
Je me précipite sur la première boite de saumon et la lui offre, No, no me fait le client, je lui montre un boite de sardines. No, no  avec un geste me montrant l'arrière de la caisse enregistreuse. Je ne comprends toujours pas et je lui demande :`` What kind of fish? A fish for your cat?
Le client patient avec plus qu'un grand sourire répète write , write... Je pars chercher  tante Julia qui m'explique devant le  monsieur moqueur que celui-ci veut faire porter ses achats sur son compte, Fish  c'est son nom.

Nous avons fait un voyage des plus joyeux , le chat de ma tante a dû nous trouver moins drôles  car ma cousine Lise, trois ans, s'amusait à lui tirer la queue pour le faire marcher droit, aussi droit que Wellie demeuré sobre septs jours  complets, son record.

samedi 13 août 2011

Du camping à toutes les sauces (fin)

Une fois mariée, j'ai continué à camper avec des expériences moins heureuses. Au camping du Parc provincial à Orford , nous avons essuyé un orage qui a emporté une partie du chemin d'accès  le rendant impraticable pour deux jours. La pluie a grugé la terre sous un piquet de notre tente de sorte qu'elle s'est retrouvée au quart dans le vide, l'eau s'infiltrait partout, mon mari avait jasé avec les campeurs voisins , oubliant de creuser les rigoles...Nous étions loin des robinets, amener l'eau rendait les tâches ménagères pénibles et puis les règlements étaient apparus. Dans un camping près de Fitch Bay , j'ai surpris un voyeur dans les toilettes et j'ai craint ses représailles.

J'étais habituée à du camping plus sauvage, plus libéral et surtout à du camping  avec des pros. Mon mari faisait de son mieux mais il avait  débuté son apprentissage tardivement , le camping c'était la dolce vita, la socialisation et il socialisait.

Quand mon fils est né, je n'ai pu me résigner à trainer tout le matériel nécessaire à un poupon en plus du matériel de camping  lui-même. Je suis devenue paresseuse, paresseuse, paresseuse de sorte que je me suis  restreinte à   camper sur mes terrains à la campagne où je montais la tente  achetée pour David  devenu louveteau à son tour. Je couchais  à l'intérieur de celle-ci plus souvent que lui. J'aimais l'odeur de l'air frais, j'y avais transporté un matelas et je dormais là jusqu'à ce qu'une bonne pluie  trempe la toile de fond et me fasse préférer ma chambre.

Il m'arrive de camper encore ...dans le grand luxe du Wannebago de ma cousine Lise et de Jimmy son conjoint, fiers de perpétuer la tradition de Germain et Fernande. Je n'oublie pas les toasts  rôties  dans un beau feu de camp , elles me sont toujours un régal.

Du camping à toutes les sauces (2)

J'avais eu la piqûre du camping et bientôt j'organisai  du camping avec diverses associations: l'O.T.J. de Coaticook et les Louveteaux de la 5è St-Edmond. Nous campions chez les Cabana à Baldwin's Mills. Ils étaient accueillants et mettaient gratuitement leurs terres à notre disposition , leurs chevaux se promenaient  entre  nos tentes.  J 'avais alors peur des araignées et je demandais aux campeuses qui faisaient leur ronde de nuit de bien vouloir les chasser . Nous avions un menu des plus monotone la soupe aux nouilles revenait à chaque repas  et nous alternions  le ragoût de boulettes Cordon bleu avec le stew Cordon bleu et la boite de Kam comme mets principal, les campeuses amenaient ces provisions.  Heureusement  que le beurre, le pain  et le lait nous étaient offerts par le comité des loisirs, nous pouvions nous  empiffrer de bonnes toasts.

A St-Herménégilde, les Carbonneau nous ont reçus  pendant trois étés , ils nous   prêtaient une maison inoccupée pour loger nos louveteaux  à qui  le rêglement scout interdisait la tente à cause de leur jeune âge. La maison n'avait ni eau ni électricité et les Carbonneau nous amenaient l'eau dans des bidons à lait et  remisaient nos produits périssables dans leur frigidaire ou congélateur.Tante Fernande  avait accepté de nous servir de cuisinière , elle suivait un menu bien orchestré et nous mangions comme des rois, ses grands-pères dans le sirop sont restés célèbres. Elle avait toute mon admiration car elle cuisinait sur un poêle Bélanger en pleine canicule.

J'ai campé à St-Rock de Mékinac deux semaines pendant deux étés consécutifs dans des camps de formation scoute. Nos tentes à six places étaient semblables à celles de l'O.T.J. prêtées par les Zouaves .Un grand mat  central en bois tenait la tente harnachée , tendue par des cordes à des piquets.La région était  confortable le jour , le soir venu il fallait hélas se battre contre les mouches noires et les brûlots. Celles qui suspendaient ses vêtements  près d'une source de lumière s'en souvenaient, vous vous grattiez même dans les parties ``dont on ne prononce pas le nom`` dirait Harry Potter.

Quand j'ai acheté ma propre tente, celle-ci était facile à monter, une croix centrale fixait les pôles en aluminium  et divers tenseurs tenaient le tout en place . J'ai beaucoup campé au lac Lyster chez les Loubier à Piskiart près du sous-bois, avec Ghislaine mon amie et assistante scoute. Nous nous sommes souvent ramassées les fesses dans l'eau. Nous dormions sur des pneumatiques qui se dégonflaient et prenaient l'eau sous les averses. Nous avons fait des feux de camp mémorables, mangé des toasts beurrées avec du vrai beurre, admiré les perséides, le camping à son meilleur.

Du camping à toutes les sauces

Alors que les  terrains de camping n'étaient qu'à leurs balbutiements, oncle Germain et tante Fernande se lançaient dans la grande aventure du camping , elle allait durer tout le reste de leur vie.

Le lac Lippy à St-Herménégilde leur a servi  de lieu d'essai et j'ai été invitée à partager leur expérience un certain week-end de juillet quand j'avais quatorze ans. Mon oncle avait loué le minimum d'équipement : la tente, la lampe  et le poêle Coleman. Il n'avait pas prévu coucher sur place  et il avait monté la tente sur un terrain privé sans la permission  du propriétaire , nous étions anxieux de nous faire évincer. Après quelques pourparlers , la permission temporaire nous fut accordée et nous avons  résolu d'y coucher  afin de surveiller notre sommaire  installation.
Fernande  était couchée sur une chaise longue pas très confortable, sa fille Lise , 3 ans, étendue sur un grand coussin . Moi j'ai sommeillé sur un siège d'automobile monté sur des blocs de bois qui menaçaient de tomber chaque fois que je bougeais.Au début de la nuit nous avions chaud mais vers l'aurore , nos petites couvertures ne nous réchauffaient plus assez.Nous avons quand même aimé nous endormir au son des cigales et du coassement des grenouilles et nous faire éveiller par le pépiement des oiseaux.

Une semaine après ce premier camping, mon oncle et ma tante achetaient un équipement complet. Ils avaient vite compris que de bons sacs de couchage et des lits de camp assureraient un meilleur confort.Au cours des ans, la tente-roulotte  a remplacé la tente , elle a roulé en Gaspésie, en Ontario, aux Etats-Unis et occupé presque tous les campings des Cantons de l'Est. Une roulotte permanente a pris la relève, Fernande a campé de nombreuses années au camping Pré Vert de Cookshire -Eaton jusqu'à ce que la maladie  d'Alzheimer mette un terme à sa persévérance.

jeudi 11 août 2011

Très étrange

Si mes deux  premières  expériences étranges m'ont interrogée,  cette dernière m'a carrément jetée sur le cul. Quand j'écris ces lignes je suis toujours estomaquée.
Me voici en 1999, le 3 septembre à 11:00 am alors que le téléphone sonne.
J'explique:

Mon père est mort au début de février 1999 et depuis son veuvage et le mien en 1994 à quatre mois d'intervalle, il venait me visiter une semaine par mois et je lui rendais la pareille un week-end. Son anniversaire  étant le 3 septembre, la veille je m'étais conditionnée  au calme voire  ne pas pleurer toute la journée.Ce vendredi tout se passait comme prévu , du moins je le croyais, jusqu'à ce que le téléphone sonne.


Je réponds: ``Oui bonjour! ``en jetant un regard vers mon afficheur où je constate un interurbain.  Mon interlocuteur demande: `` Bernadette `` (le nom de ma mère décédée en 1993) d'une voix caverneuse, mon premier étonnement.

Je suis sur le point d'expliquer qu'elle est décédée depuis un moment quand mon afficheur  attire mon attention :849-3703 le numéro de mon père à Coaticook. Ce numéro je l'ai fait annuler peu avant son décès, deuxième étonnement.

Je regarde vitement le code régional 604, celui de Vancouver et de l'ile du même nom où habite mon frère Guy alors en voyage en Angleterre, troisième étonnement.

Je m'apprête à dire :`` Vous vous êtes trompé de numéro `` quand je pense à m'informer de l'interlocuteur:`` Who speaking?  `` j'ai failli m'évanouir en entendant la réponse: ``Jean-Claude`` , le nom de mon mari  défunt, quatrième étonnement et non le moindre.

J'ai eu la force de balbutier dans un anglais chevrotant:`` Its a wrong number``. Puis je suis rapidement allée m'asseoir au salon en me pinçant pour vérifier que je ne rêvais pas et j'ai répété ce geste toute la journée, j'étais sciée.

Le lendemain j'ai appelé pour savoir qui pouvait bien  m'avoir joué un si vilain tour. Un répondeur m'a débité : nous sommes désolés de ne pouvoir vous répondre , en cas d'urgence... et on laissait un autre numéro.Lorsque j'ai reçu le compte de téléphone , je possédais la preuve  matérielle  que je n'avais pas inventé cet appel qui m'a tant bouleversée.

J'ai cherché longtemps la signification de ce message et je pense l'avoir trouvée , vous m'excuserez de me garder une petite gêne.

Assez étrange

En 1978, je demeurais sur la Montée Bertrand à Sabrevois, mon mari et moi ainsi qu'un couple d'amis revenions d'une réunion familiale à Chambly . Nous étions en janvier, il faisait très froid (- 20C) c'était la pleine lune et le ciel scintillait d'étoiles. En approchant de notre maison , nous avons  tous  remarqué le drôle de nuage ( expression de nos amis)  qui se trouvait  juste  au dessus du boisé derrière chez-nous. Un seul nuage , à mi hauteur entre le bleu du ciel et la ligne des arbres, un nuage d'où sortaient des éclairs  qui ne ressemblaient ni à des éclairs de chaleur ni à des éclairs d'orage.

On aurait pu supposer que le nuage servait de camouflage à des tirs d'artillerie dépourvus de son. Quand un éclair jaillissait par devant, un autre éclair semblait diriger ses rayons vers celui-ci comme en une riposte guerrière. Mes amis et nous n'avions jamais  vu un phénomène semblable. Nous sommes entrés pour prendre un café et au moment du départ  de nos amis une demi-heure plus tard , seules la lune et les étoiles occupaient le firmament.

Etrange, étrange

Voilà un sujet délicat! Je crois être du genre réaliste, j'accepte le mystère mais quand je peux expliquer un phénomène par des arguments rationnels je suis habituellement plus satisfaite car je risque moins de passer pour une fabulatrice.

J'ai été confrontée à de l'étrange  pour la première fois lorsque j'habitais avec mes parents à Coaticook sur la rue Main. La  maison avait de l'âge, elle se divisait en cinq logis, ma famille habitait le devant du rez-de-chaussée. Les trois chambres à coucher se  présentaient en enfilade sans corridor. Ma chambre communiquait avec celle de mon jeune frère et la sienne dans la chambre de mes parents.Ceux-ci se couchaient autour de 12:30h am  et puisqu'une porte de la cuisine donnait aussi sur ma chambre ainsi qu'  une grande grille murale qui laissait passer la lumière, je ne dormais qu'un d'un oeil avant 1:00h am.
A plusieurs reprises après le coucher de mes parents, alors que j'étais encore éveillée , j'ai vu passer deux êtres filiformes  qui marchaient de ma chambre vers celle de mon frère . La première fois j'ai failli crier de surprise et de peur puis j' ai pensé que j'avais du rêver ou m'imaginer le phénomène. Presque toutes les nuits pendant un bon moment , j'ai revu mes deux fantômes , ils me regardaient imperturbables en passant , le plus grand   me disait en pensée: `` il ne faut pas avoir peur, on ne fait que passer``.`C'est vrai qu'ils ne faisaient que passer et toujours dans le même sens. J'ai fini par m'habituer à leur présence et je ne les surveillai plus chaque nuit car j'avais besoin de sommeil. Non, je ne rêvais pas , j'avais alors douze ans.

lundi 8 août 2011

Vivre et Laisser vivre

Des amis à moi ont fait graver Vivre et Laisser vivre sur une dalle du seuil de leur maison. J'ai trouvé la devise à mon goût parce qu'elle ne m'apparaissait pas à prime abord moralisante. Je veux bien pratiquer la vertu à la  condition que l'on me fout la paix  avec les ``il ne faut pas que... et les c'est mieux que...``

Vivre et Laisser vivre  cela semble facile  à réaliser , je m'y exerce depuis une vingtaine d'années  et mon score ne dépasse  à peine les cinquante pour cent. Pourtant je m'efforce de Vivre le plus possible selon mes convictions mais voilà que souvent le regard des autres m'interpelle , je ne me sens pas  à la hauteur de leurs attentes, je me juge sévèrement.

Laisser vivre s'avère encore plus difficile. Si je vis avec un buveur ou un fumeur et que je sois sobre et non fumeur , je choisis de Vivre ou de Laisser vivre?
Laisser vivre c'est entendre la musique rock  de mon voisin ou lui imposer ma musique country?
Vivre et Laisser vivre c'est dormir au côté de mon conjoint qui ronfle  , qui me tient éveillée et aime être collé-collé ou faire chambre à part?
C'est  saluer le Témoin qui frappe poliment  à  ma porte pour  m' offrir sa lecture biblique  ou lui claquer la porte au nez?
C'est accepter mon ado aux cheveux longs et qui porte sa casquette partout même sous la douche ou lui couper les cheveux  pendant son sommeil?
C'est manger des spaghettis avec ma petite fille en ajoutant du fromage à profusion pour masquer les épices ou lui faire des macaronis?

Vivre et Laisser vivre c'est comme le sport , on finit par y arriver à force de pratique et de constance on recommmence souvent presqu'à zéro selon celui qui est devant soi et de l'importance qu'on lui accorde.
Cela m`oblige à redéfinir mes valeurs et à réévaluer celles des autres.

La prochaine fois que je franchirai la porte de mes amis , je crois que je subtiliserai leur dalle pour la remplacer par cette inscription:
                                                    L'Eau s'accommode de la cruche



mardi 2 août 2011

Les jardins et la fierté

J'ai visité en juillet un potager qui m'a beaucoup plu par le choix des légumes encore en devenir et par son site enchanteur. Il était entouré d'arbres adultes et d'arbustes juste à l'orée d'un chemin en gravelle suffisamment calme pour que de nombreuses espèces d'oiseaux veulent y faire leurs  nids.Le potager de Louis et Louise que je baptiserai la Loulouerie promettait une récolte abondante  et quand on sortait de l'enclos de protection  contre les goûteurs: lièvres, ratons-laveurs et autres mignons ``grignoteux``, je me retrouvais dans un jardin où les hostas, les hémérocalles, les hydrangées m'ont  ravie, à Gatineau.

J'ai fait plusieurs jardins  pour les différentes maisons que j'ai habitées. Mes potagers n'étaient pas une réussite, j'avais la carotte coriace, le radis mangé par les vers, l'échalote faiblarde. Avec la menthe, j'ai eu un succès boeuf et les années d'après aussi, quel envahissement...Si mes potagers manquaient d'élégance , je me rattrapais avec les jardins : mes tournesols mexicains et mes zinnias, ma fierté!

Le mot est lancé, voilà bien la motivation du jardinier amateur, la fierté !La fierté de voir une si petite  semence donner des fleurs et des fruits qui vous font vibrer le coeur. J'ai vu cette fierté là chez Louis et Louise. La fierté du travail de la terre  à coups de bêche et d'arrache ongles , la fierté de la persévérance puis un beau  matin  la fierté de la  récolte.

Je me souviens d'avoir déterré des fèves à quatre jours de leur mise en terre pour m'émerveiller de l'éclosion du germe. Si je réfléchis bien, je crois que cette fierté provient aussi de la sensation euphorique de participer à quelque chose de plus grand que soi , une sorte de communion avec une Nature que l'on voudrait  bien obéissante mais qui nous échappe souvent , une nature au pouce vert délinquant. A ce propos , un jour j'ai lu `` Les jardins de Findhorn``. J'ai eu l'impression que j'aurais pu être l'auteur de ce livre tellement il correspondait à ma vision de la nature.

J'ai eu pour modèle un père qui avait beaucoup de succès avec son potager, c'est toutefois ma mère qui s'en glorifiait et mon frère qui  travaillait au désherbage pendant que j'arrosais et pas toujours les vrais légumes...Mon frère n'aimait pas le jardinage et le déteste encore . Mon père qui ne mangeait   de concombres , il les trouvait indigestes, se plaisait à en semer plusieurs variétés qui grimpaient sur toutes les cordes de palissage  et prenaient de l'expansion.Quand je lui demandais  pourquoi il cultivait autant de concombres , il me répondait:`` C'est pour faire enrager ta mère, ça envahit SON jardin.``

Si j'avais un terrain plus vaste et un âge moins canonique , je cultiverais  une panoplie d'arbres fruitiers et d'arbustes décoratifs. Je suis quand même bien à mon aise de rêver et de visiter comme je l'ai fait  avec un régal pour tous les sens,  le jardin de ma parenté et celui de mes amies.

lundi 1 août 2011

Croyances et certitudes

Vous qui avez des certitudes si vous saviez comme je vous envie. Je suis née sceptique et croyez bien que je n'en suis point fière. Etre sceptique , c'est vivre dans l'insécurité totale, c'est inconfortable, angoissant, cela peut même frôler la désespérance.

Mes plus vieux souvenirs remontent au berceau: je vois des gens penchés vers moi, admiratifs du gros bébé que j'étais , me parlant un langage simpliste de guili-guili. J'ai conscience de les regarder en me disant qu'ils me prennent sans doute pour une imbécile avant même que je leur en donne la preuve .

Dans l'enfance , je confondais croyance  et certitude. Ainsi je croyais que le beurre provenait d'un quelconque mélange  de farine et d'huile , très éloigné du lait. J'ai cru jusqu'à l'âge de sept ans  que la frontière que l'on  nommait ``ligne`` par chez-moi , était constituée d'un large et profond fossé qui s'étirait à l'infini et que l'on passait avec précaution aidé des douaniers. Mes lectures m'ont fait croire un certain temps que St-Exupéry était un vénérable saint plutôt qu'un écrivain célèbre.

Vous me direz que ma naiveté a dû se complaire lorsque l'enseignement religieux  est entré dans ma vie. Pas du tout, mon scepticisme latent s'est éveillé et je ne compte plus les questions embarrassantes  que je posais aux religieuses , aux vicaires , aux laics , concernant entre autres les propriétés et qualités de celui que l'on nomme Dieu. Je les interrogeais sur l'histoire des religions , sur la différence entre catholiques et orthodoxes . Je leur demandais s'ils adhéraient vraiment à toutes ces croyances.

Si Dieu existe comme on me le décrivait  pourquoi celui des autres religions n'était-il pas aussi bon et fiable? La morale du petit catéchisme me semblait avoir été inventée par des hommes contrôlants bien plus que par Dieu lui-même...Je n'étais pas reposante pour les autres et encore moins pour moi-même. Les réponses apportées à mon questionnement me laissaient encore plus sceptique. Et si c'était autre chose ? Peut-il y avoir un autre point de vue?

Il y a bien une certitude à laquelle j'adhère: le corps que j'habite  doit mourir un jour. Quant à ce que l'on nomme âme, esprit, entité ou autres termes plus ésotériques  qui survit au corps, je choisis le pari de Pascal car cela me réconforte d'y croire. Sous quelle forme la vie continue-t-elle, je n'ai aucune certitude  sauf de l'imagination à revendre.

Je ne fais pas partie des Sceptiques du Québec, je suis trop sceptique  pour m'attacher à de telles croyances. Vous le voyez, longtemps j'ai été dans un tourment déchirant, mon coeur aurait voulu s'apaiser dans la croyance tandis que ma raison se rebiffait dans l'incertitude .

Pour vous rassurer sachez que depuis une dizaine d'années j'ai cessé de lutter contre ma condition de sceptique , je l'assume de mieux en mieux  comme un don naturel qui servirait à poser des questions sans attendre que les réponses-vérités soient immuables . Je vous pose tout de même une dernière question: suis-je vraiment sceptique?