lundi 1 août 2011

Croyances et certitudes

Vous qui avez des certitudes si vous saviez comme je vous envie. Je suis née sceptique et croyez bien que je n'en suis point fière. Etre sceptique , c'est vivre dans l'insécurité totale, c'est inconfortable, angoissant, cela peut même frôler la désespérance.

Mes plus vieux souvenirs remontent au berceau: je vois des gens penchés vers moi, admiratifs du gros bébé que j'étais , me parlant un langage simpliste de guili-guili. J'ai conscience de les regarder en me disant qu'ils me prennent sans doute pour une imbécile avant même que je leur en donne la preuve .

Dans l'enfance , je confondais croyance  et certitude. Ainsi je croyais que le beurre provenait d'un quelconque mélange  de farine et d'huile , très éloigné du lait. J'ai cru jusqu'à l'âge de sept ans  que la frontière que l'on  nommait ``ligne`` par chez-moi , était constituée d'un large et profond fossé qui s'étirait à l'infini et que l'on passait avec précaution aidé des douaniers. Mes lectures m'ont fait croire un certain temps que St-Exupéry était un vénérable saint plutôt qu'un écrivain célèbre.

Vous me direz que ma naiveté a dû se complaire lorsque l'enseignement religieux  est entré dans ma vie. Pas du tout, mon scepticisme latent s'est éveillé et je ne compte plus les questions embarrassantes  que je posais aux religieuses , aux vicaires , aux laics , concernant entre autres les propriétés et qualités de celui que l'on nomme Dieu. Je les interrogeais sur l'histoire des religions , sur la différence entre catholiques et orthodoxes . Je leur demandais s'ils adhéraient vraiment à toutes ces croyances.

Si Dieu existe comme on me le décrivait  pourquoi celui des autres religions n'était-il pas aussi bon et fiable? La morale du petit catéchisme me semblait avoir été inventée par des hommes contrôlants bien plus que par Dieu lui-même...Je n'étais pas reposante pour les autres et encore moins pour moi-même. Les réponses apportées à mon questionnement me laissaient encore plus sceptique. Et si c'était autre chose ? Peut-il y avoir un autre point de vue?

Il y a bien une certitude à laquelle j'adhère: le corps que j'habite  doit mourir un jour. Quant à ce que l'on nomme âme, esprit, entité ou autres termes plus ésotériques  qui survit au corps, je choisis le pari de Pascal car cela me réconforte d'y croire. Sous quelle forme la vie continue-t-elle, je n'ai aucune certitude  sauf de l'imagination à revendre.

Je ne fais pas partie des Sceptiques du Québec, je suis trop sceptique  pour m'attacher à de telles croyances. Vous le voyez, longtemps j'ai été dans un tourment déchirant, mon coeur aurait voulu s'apaiser dans la croyance tandis que ma raison se rebiffait dans l'incertitude .

Pour vous rassurer sachez que depuis une dizaine d'années j'ai cessé de lutter contre ma condition de sceptique , je l'assume de mieux en mieux  comme un don naturel qui servirait à poser des questions sans attendre que les réponses-vérités soient immuables . Je vous pose tout de même une dernière question: suis-je vraiment sceptique?

1 commentaire:

  1. Quel superbe texte! Diantre (j'aurais pu dire "Dieu", mais je n'ai pu m'y résoudre), que j'aimerais avoir la plume facile comme toi. Salut bien!

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