mercredi 20 juillet 2011

Que sont mes amies devenues Rutebeuf

Chères amies,

Je dois d'abord vous demander pardon de parler de vous sans votre permission, à votre insu. Je me suis toujours considérée comme un parasite envers vous, je continuerai dans la même foulée. Sans doute l'ignoriez-vous mais j'ai profité de vous à souhait , je me suis plu à vous côtoyer , vous m'avez beaucoup donné.
J'entends vos protestations:

Louise,  oui toi Louise de la Bruère, au nom si noble , je t'entends dans la balançoire du jardin  de ton père à Coaticook quand nous chantions , toi d'une voix si belle et si juste et moi lisant sur tes lèvres pour garder le rythme que je maîtrisais mal.  J'entends Mozart et Beethoveen à travers le son de ton piano, je me souviens d'avoir souvent eu les larmes aux yeux en t'écoutant jouer.
Tu m'as appris  à nager au lac Lippy , nous nous vêtions comme des jumelles, ta mère achetait les tissus de nos robes que maman confectionnait. Je nous vois jouant des tours pendables à ta cousine Simone C. Ma famille moins à l'aise que la tienne ne pouvait  me donner ce que tu m'offrais si généreusement.Ta plus grande qualité outre ton grand talent artistique, c'est bien ta grande générosité .Oh non ! pas de protestations , je ne veux pas les entendre.

Louise de la Bruère qui a fondé et dirigé le choeur Florilège à Sherbrooke.


Et toi, Ghislaine St-Amour si menue et toujours si élégante, j'ai profité de ta grande disponibilité pour faire du camping  chez les Cabana et les Loubier au lac Lyster. Tu m'as laissée manger des bonbons à la cenne quand j'étais stagiaire dans ta classe. Ce que nous pouvions rire de nous et des autres sans culpabilité, tu payais les frites de ma cousine Lise et moi la sauce qui les accompagnaient ... J'ai connu tes premiers coups de coeur et toi les miens, nous avons marché si souvent des  dizaines de kilomètres pour visiter notre camp de louveteaux chez les Carbonneau à St-Herménégilde.
Ton mariage t'a éloignée de moi , je suivais tout de même ton parcours  grâce  à mon père lors de tes rencontres familiales dans notre région.Tu as visité le monde entier , fait de l'Afrique un lieu d'adoption plus longtemps que ma propre tentative. Ghislaine tu portes un patronyme que j'envie...
Est-ce que je t'entends protester?

Ghislaine St-Amour a été  professeur  et  femme d'ambassadeur  dans divers pays africains.

Ah la Provencher! Aline de son prénom.
Aline mon amie du secondaire, mon amie d'école normale ( nous n'étions pas si normales que le mot le laisse entendre), mon amie de couple marié et enfin mon amie pour toujours.
Aline, la grande  aux baguettes en l'air, à l'énergie entraînante, une femme de coeur  à l'esprit familial développé qui s'excuse de vous négliger  et qui finit toujours par  vous chouchouter.
Aline, si intelligente qu'elle faisait l'envie de nos professeurs  . J'ai profité de ta Citroen et de ta dangerosité de conductrice pour te donner confiance ...(elle va me tuer). J'ai profité de ton style direct qui m'a fait évoluer, de tes maisons à la campagne, de nos conversations reprises  comme si on venait de les quitter, de tes récits de voyage  si bien imagés  et qui me font faire des économies.
Je te le dis , j'entends bien  continuer à te parasiter , pour une fois oublie les protestations, cette fois tu  n'auras pas le dessus  alors inutile de crier depuis Granby.

Aline  Provencher   directrice en chef du clan Provencher et grande voyageuse .


Marie-Marthe avec toi je me sens coupable car dans tes Cantons de l'Est d'origine , Valcourt , le parasitage est malvenu. Avec Marie-Marthe , une amie de Sabrevois depuis quarante ans , il est impossible de ne pas être un parasite.
Marie-Marthe cuisine pour une armada d'amies, de proches parents,  de parents éloignés, je la soupçonne de diriger  une cantine secrète. Je lui dois des kilos en trop sur mes hanches à force de déguster ses confitures, ses gelées,  ses tartes au sucre et son foie gras. J'ai parasité tous ses `` party`` qu'elle  a  donnés pour toutes les occasions de sa vie maritale et celle de ses cinq enfants et les anniversaires de ses amies. J'ai parasité  le récit  d'une partie de sa vie écrit comme un calendrier saisonnier. Je lui dois des `` petites affaires de rien du tout `` à l'occasion de la St-Valentin , de l'Halloween , de Pâques ... Et dernièrement je lui dois : l'Arbre à Jujubes comme celui qui trônait sur la table de ma grand-mère  maternelle   au  jour de l'an. Les jujubes accrochés aux branches  à mes yeux d'enfants , c'étaient une Merveille.

Marie-Marthe , tu peux protester cela ne t'empêchera pas de recommencer tes ``petites générosités`` et moi de les aimer.

Marie-Marthe Véronneau, mère, grand-mère, écrivaine et directrice de l'auberge Des Trois Epinettes.

Douce France, cher plaisir de mon enfance...

Ma chère France, je vous dirai vous pour respecter votre grand âge ( pour me faire pardonner mon tutoiement habituel). Je vous dirai que j'aurais aimé vous connaître avant mais voilà je ne vous aurais pas connue maintenant.
France qui me rappelle tant ma mère par le talent, le goût de la ``guenille``( le beau vêtement), l'intelligence vive. France si cultivée, je parasite votre bibliothèque et votre longévité. France avec qui je joue au Scrabble  le dimanche à14:00h en dégustant des mignardises . France que j'appelle gentiment mon écureuil , fait ses provisions  pour   l'hiver , l'été à bicyclette en disant que l'exercice  profite à ses jambes.

France , je vous le dis malgré vos protestations, vous êtes une vieille dame si jeune de coeur et d'esprit,
une voisine de palier si agréable comme on en voit  peu dans une longue vie.

France Tarte, 86 ans  bibliothécaire pour les aînés  secteur Iberville .

1 commentaire:

  1. Très beau billet Denise. On voit que tu les a aimé ces amies et c'est charmant comme tout!

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