mercredi 20 juillet 2011

Que sont mes amies devenues Rutebeuf

Chères amies,

Je dois d'abord vous demander pardon de parler de vous sans votre permission, à votre insu. Je me suis toujours considérée comme un parasite envers vous, je continuerai dans la même foulée. Sans doute l'ignoriez-vous mais j'ai profité de vous à souhait , je me suis plu à vous côtoyer , vous m'avez beaucoup donné.
J'entends vos protestations:

Louise,  oui toi Louise de la Bruère, au nom si noble , je t'entends dans la balançoire du jardin  de ton père à Coaticook quand nous chantions , toi d'une voix si belle et si juste et moi lisant sur tes lèvres pour garder le rythme que je maîtrisais mal.  J'entends Mozart et Beethoveen à travers le son de ton piano, je me souviens d'avoir souvent eu les larmes aux yeux en t'écoutant jouer.
Tu m'as appris  à nager au lac Lippy , nous nous vêtions comme des jumelles, ta mère achetait les tissus de nos robes que maman confectionnait. Je nous vois jouant des tours pendables à ta cousine Simone C. Ma famille moins à l'aise que la tienne ne pouvait  me donner ce que tu m'offrais si généreusement.Ta plus grande qualité outre ton grand talent artistique, c'est bien ta grande générosité .Oh non ! pas de protestations , je ne veux pas les entendre.

Louise de la Bruère qui a fondé et dirigé le choeur Florilège à Sherbrooke.


Et toi, Ghislaine St-Amour si menue et toujours si élégante, j'ai profité de ta grande disponibilité pour faire du camping  chez les Cabana et les Loubier au lac Lyster. Tu m'as laissée manger des bonbons à la cenne quand j'étais stagiaire dans ta classe. Ce que nous pouvions rire de nous et des autres sans culpabilité, tu payais les frites de ma cousine Lise et moi la sauce qui les accompagnaient ... J'ai connu tes premiers coups de coeur et toi les miens, nous avons marché si souvent des  dizaines de kilomètres pour visiter notre camp de louveteaux chez les Carbonneau à St-Herménégilde.
Ton mariage t'a éloignée de moi , je suivais tout de même ton parcours  grâce  à mon père lors de tes rencontres familiales dans notre région.Tu as visité le monde entier , fait de l'Afrique un lieu d'adoption plus longtemps que ma propre tentative. Ghislaine tu portes un patronyme que j'envie...
Est-ce que je t'entends protester?

Ghislaine St-Amour a été  professeur  et  femme d'ambassadeur  dans divers pays africains.

Ah la Provencher! Aline de son prénom.
Aline mon amie du secondaire, mon amie d'école normale ( nous n'étions pas si normales que le mot le laisse entendre), mon amie de couple marié et enfin mon amie pour toujours.
Aline, la grande  aux baguettes en l'air, à l'énergie entraînante, une femme de coeur  à l'esprit familial développé qui s'excuse de vous négliger  et qui finit toujours par  vous chouchouter.
Aline, si intelligente qu'elle faisait l'envie de nos professeurs  . J'ai profité de ta Citroen et de ta dangerosité de conductrice pour te donner confiance ...(elle va me tuer). J'ai profité de ton style direct qui m'a fait évoluer, de tes maisons à la campagne, de nos conversations reprises  comme si on venait de les quitter, de tes récits de voyage  si bien imagés  et qui me font faire des économies.
Je te le dis , j'entends bien  continuer à te parasiter , pour une fois oublie les protestations, cette fois tu  n'auras pas le dessus  alors inutile de crier depuis Granby.

Aline  Provencher   directrice en chef du clan Provencher et grande voyageuse .


Marie-Marthe avec toi je me sens coupable car dans tes Cantons de l'Est d'origine , Valcourt , le parasitage est malvenu. Avec Marie-Marthe , une amie de Sabrevois depuis quarante ans , il est impossible de ne pas être un parasite.
Marie-Marthe cuisine pour une armada d'amies, de proches parents,  de parents éloignés, je la soupçonne de diriger  une cantine secrète. Je lui dois des kilos en trop sur mes hanches à force de déguster ses confitures, ses gelées,  ses tartes au sucre et son foie gras. J'ai parasité tous ses `` party`` qu'elle  a  donnés pour toutes les occasions de sa vie maritale et celle de ses cinq enfants et les anniversaires de ses amies. J'ai parasité  le récit  d'une partie de sa vie écrit comme un calendrier saisonnier. Je lui dois des `` petites affaires de rien du tout `` à l'occasion de la St-Valentin , de l'Halloween , de Pâques ... Et dernièrement je lui dois : l'Arbre à Jujubes comme celui qui trônait sur la table de ma grand-mère  maternelle   au  jour de l'an. Les jujubes accrochés aux branches  à mes yeux d'enfants , c'étaient une Merveille.

Marie-Marthe , tu peux protester cela ne t'empêchera pas de recommencer tes ``petites générosités`` et moi de les aimer.

Marie-Marthe Véronneau, mère, grand-mère, écrivaine et directrice de l'auberge Des Trois Epinettes.

Douce France, cher plaisir de mon enfance...

Ma chère France, je vous dirai vous pour respecter votre grand âge ( pour me faire pardonner mon tutoiement habituel). Je vous dirai que j'aurais aimé vous connaître avant mais voilà je ne vous aurais pas connue maintenant.
France qui me rappelle tant ma mère par le talent, le goût de la ``guenille``( le beau vêtement), l'intelligence vive. France si cultivée, je parasite votre bibliothèque et votre longévité. France avec qui je joue au Scrabble  le dimanche à14:00h en dégustant des mignardises . France que j'appelle gentiment mon écureuil , fait ses provisions  pour   l'hiver , l'été à bicyclette en disant que l'exercice  profite à ses jambes.

France , je vous le dis malgré vos protestations, vous êtes une vieille dame si jeune de coeur et d'esprit,
une voisine de palier si agréable comme on en voit  peu dans une longue vie.

France Tarte, 86 ans  bibliothécaire pour les aînés  secteur Iberville .

mardi 19 juillet 2011

Que sont mes amies devenues Rutebeuf

Chères amies,

le décès de ma mère

Je dédie ces mots à mes cousines :  Lise St-A.R.
                                                         Monique L.
                                                         Nicole B.
                                                         Pauline R.     


 J'ai un peu honte de mettre des mots sur un évènement aussi intime et émouvant. Ma mère Bernadette est décédée d'un cancer du poumon en octobre 1993 dans un hôpital de Sherbrooke. Malade depuis plus de deux années avec un diagnostique final tardif , elle et moi avons eu le temps d'apprivoiser la mort qu'elle acceptait comme une délivrance, cet après-midi d'octobre  elle a accroché ses patins.

Ma cousine par alliance Lise St-A.R., infirmière, passait tout son temps libre  et plus,  auprès d'elle. Je lui suis redevable  car j'étais alors captive avec un autre malade chez-moi. Voyant venir les derniers
 moments  , Lise m'appelle au chevet de ma mère et avise aussi des cousines affectivement et géographiquement proches de ma famille. Nous voilà donc Lise, Monique, Nicole, Pauline et moi près du lit de maman . Nous avons certes  de la peine  mais nous sommes toutes des introverties  alors l'abondance de larmes viendra après...

Pauline, femme de grande foi et respectueuse des rites religieux me signale qu'il faudrait faire donner à maman l'onction des malades (Extrême- Onction). Nous demandons l'aumônier qui à notre surprise est
un  homme dans la jeune trentaine  aux cheveux châtains frisés   et aux beaux yeux bleus. Un bel homme que les circonstances  tristes ne nous permettent pas  d'admirer  à sa juste valeur. L'aumônier nous mentionne  que Bernadette a reçu les derniers sacrements il y a un mois  et qu'il peut quand même  faire des prières avec nous selon nos désirs.

La main posée sur le front de ma mère il récite  des Ave Maria, le Notre Père et entonne Au ciel, au ciel, au  ciel, j'irai la voir un jour...cantique religieux  traditionnel bien connu d'une autre génération. L'aumônier nous demande ensuite de nommer des parents  décédés qui accueilleront  ma mère au Paradis. Nous commencons par nos grands-parents Amanda et Joseph, suivis de  Roland, Yvonne, Gérard, Félicienne. Adélard.  Dans les moments tragiques viennent souvent les idées folles; je levai les yeux  vers mes cousines  Lise et Monique et je vis dans leurs regards qu'elles pensaient la même chose que moi. Si  on continuait ainsi à nommer des parents morts on en avait pour la nuit car  maman était issue d'une famille de dix-sept enfants dont la moitié étaient décédés sans compter leurs conjoints  respectifs.

Le fou  rire s'empara de nous, nous ne voulions pas scandaliser l'aumônier qui me passait les Kleenex pour m'essuyer les yeux. Mes mains s'agrippaient  aux draps lu lit pour essayer  de contenir  mon hilarié et je ne pensais qu'à une chose: vitement que l'aumônier se retire  pour pouvoir laisser libre cours à mes émotions.


J'ai revu Monique et Lise dernièrement et nous nous rappelons toujours avec autant de ``plaisir coupable`` les derniers moments de Bernadette si bien accueillie et dans la joie au Paradis.

lundi 18 juillet 2011

Un livre d'influence

Il existe des livres qui à l'exemple des gens que nous croisons nous influencent plus que d'autres. ``Les mots pour le dire ``de Marie Cardinal ont été pour moi une prise de conscience  totale et bénéfique .

J'avais avec ma mère  Bernadette une relation compétitive. Ma mère femme de devoir et femme
d'intérieur accomplie: cuisine, ménage, tricot, couture, jardin, était une femme que l'on dit  parfaite. Vivre avec la perfection , croyez-moi c'est plus que difficile , il faut être à la hauteur , irréprochable.

Elevée sévèrement  ma mère ne faisait de compliments à personne  surtout pas à nous ses enfants cela aurait pu nous rendre orgueilleux.  A l'adolescence , rêveuse , très occupée à étudier  et à gagner le coût de mes études en travaillant à l'Oeuvre des terrains de jeux, je m'accommodais  assez bien de sa perfection. Après mon mariage ce fut autre chose. Je la voyais un week-end par mois et à toutes les grandes fêtes , je revenais toujours bouleversée de nos rencontres , les larmes au yeux  avec un mal d'estomac angoissant .Me voyant souvent mal en point en sa présence , ma mère que les questions directes  n'avaient jamais gênée me dit:`` Coup donc est-ce que je te rends malade? ``
A sa question , face à  elle, nulle réponse. Pourtant je réfléchissais et j'en étais à me demander si elle n'avait pas raison  lorsque je lus  le livre de Marie Cardinal. Le vécu de l'auteur  avec sa propre mère, médecin et femme de devoir n'a  rien de commun avec le mien. Ce qui est semblable, c'est  la souffrance qui nous étouffe.

Marie Cardinal exprimait avec ses  mots à elle , exactement ce que je ressentais moi-même. Elle me fit prendre conscience du grand pouvoir que j'accordais à ma mère, mon  désir d'approbation , d'identification  et surtout  que je n'avais pas le pouvoir de la changer mais de  changer  mon  jugement face  à la situation.

L'auteur qui a fait une longue psychanalyse explique qu'après avoir pris conscience de l'interaction psychologique entre sa mère et elle , elle a pu prendre suffisamment de distance émotionnelle pour en arriver à un degré de neutralité: les blessures d'enfance de sa mère appartiennent à sa mère et  que pour guérir de ses propres blessures  , il faut travailler sur soi  , éviter de prendre les remarques désobligeantes de ses proches comme étant personnelles, ne pas tenir les autres pour responsables ils ont bien assez de leurs propres bobos à gérer.

Si vous avez des relations mère-fille pénibles, je vous souhaite de lire un livre qui vous  ouvrira des portes. Cela m'est arrivé à 45 ans , deux ans avant le décès de ma mère ... heureusement pour nous deux.

dimanche 17 juillet 2011

Le père de Mariannhill

La communauté  religieuse de Mariannhill s'établit à Sherbrooke après la deuxième guerre mondiale. Les premiers pères originaient de l'est de l'Europe et partaient l'été, faire le tour des Cantons de l'Est en proposant leurs prières, leurs annales, faisant ainsi connaissance avec les familles peu habituées à voir des étrangers.
Ma famille recevait  depuis trois ans , le même petit père , un polonais si j'ai bonne mémoire. Un homme chétif  dans la cinquantaine, d'un gentillesse exquise et  d'une modestie inoubliable. L'été de mes douze ans il sonne à notre porte pour sa visite annuelle . Ma mère étant hospitalisée  je prends l'initiative de l'inviter à souper pour 18:00h . Mon père arrive de son travail à17:15h et je lui fais part de  mon invitation. Un peu décontenancé de recevoir un hôte sans trop de préavis mon père décide de faire cuire  de la truite (sa spécialité). Il faut dire que mon père , habitué aux diverses maladies de ma mère , se débrouillait très bien avec tous les travaux domestiques.
A 18:00h  le bon père s'amène et ce sont de joyeuses retrouvailles. L'accent fort prononcé du père rendait mon frère et moi hilares, nous nous étouffions de rire en l'entendant parler de son pays d'origine.
Derrière la table de la cuisine , papa avait installé un grand miroir pour nous permettre de regarder la télévision sans aller au salon. Le père considérant le procédé astucieux, dirige son index vers la tempe de notre paternel en disant:``Papa is ça ,ça``. Mon frère Guy riait tellement qu'il laissait  fuser de gros  Tsssi Tsssi bien sonores et incontrôlables. Papa que je croyais gêné par notre manque de savoir-vivre demande alors au Mariannhill  de nous parler en polonais. Ce qui fut fait et se termina   en un éclatement généralisé: nous riions tous , le père y compris  et il nous assura qu'il n'avait ri de si bon coeur depuis longtemps.
Vous étiez très sympathique, monsieur le Mariannhill polonais.

vendredi 15 juillet 2011

des orages dissemblables

Certains phénomènes naturels sont plus difficiles que d'autres à décrire. Les orages font partie de ceux-ci. On dira d'eux qu'ils sont d'une sonorité plus ou moins forte , d'une violence à faire trembler les morts  ou si lointains qu'ils forment des éclairs de chaleur.

J'ai assisté à des orages  costauds mais plutôt brefs  dans un pays d'Afrique, la Côte d'Ivoire. Le compteur de l'électricité s'animait de flashs pas très rassurants  seule une coupure du courant évitait de le griller.

Dans la région de Coaticook (lac Lyster) où les rochers sont à fleur de terre , les orages résonnent en écho. Ils sont impressionnants, on dirait que l'indien Piskiart qui veille sur le lac, a perdu la maitrise de son tam-tam.

Les plus beaux orages que j'ai vus étaient silencieux car ils étaient lointains à la frontière du Québec et du Vermont à St-Armand.Ces orages formés d'éclairs horizontaux, illuminaient la forêt de feuillus sur une dizaine de kilomètres. Ils dansaient la grande valse en formant de mini zigzags répétés qui auraient fait sensation sur une photo panoramique. Les éclairs emplissaient le ciel de teintes  d'aurores boréales et formaient une longue banderole de feux d'artifices   sans pétarade, quelques instants en clins d'oeil et puis en s'éveillant.Ils pouvaient se donner en spectacle pendant des heures.
Mon fils David alors un ado  peu impressionnable en était resté bouche bée et m'avait avoué que c'était vraiment beau. Après une telle appréciation venant d'un ado, je n'avais plus de qualificatifs  à ajouter. C'était vraiment beau.

Les idées brillantes sont-elles héréditaires?

Lorsque mon frère Guy et moi avons connu mon grand-père Wellie, son alcoolisme ne nuisait plus qu'à lui-même. Pour nous ses petits-enfants  c'était même  un sujet de plaisanteries. Nous remplacions souvent sa bière par du  ``Ginger Ale``en lui demandant  si sa bière était bonne et il nous répondait par l'affirmative en feignant d'ignorer la substitution.

Un samedi soir de juillet  1963, Wellie est assis près de moi sur le divan du salon , nous regardons la télévision en attendant de prendre la relève  d'une partie de cartes. Je vois passer mon frère  Guy (13 ans) tenant notre chat dans ses bras en se dirigeant à l'étage dans sa chambre.  Guy  jouait  avec notre jeune cousine Lise Trudel( 6 ans) , à cacher le chat et  à le trouver. Notre maison chauffée au bois était munie d'une  grille  amovible installée  au plafond   du salon, elle permettait  de faire circuler la chaleur   du rez-de-chaussée à l'étage.  Oh la brillante idée!  Mon frère enlève la grille  du plancher de sa chambre , me fait signe de garder le silence et sans plus attendre, lance le chat par le trou , sur la tête chauve de mon grand-pèreWellie toujours assis à mon  coté. Quelle subtile  cachette !

Evidemment nous avons beaucoup ri de la farce  sauf mon père qui ne voulait encourager le vice et bien sûr mon grand-père qui a plutôt ri jaune... et qui a gardé une marque  de griffes de chat  sur son crâne dénudé pendant quelques jours.

Je sais que l'âme de mon grand-père Wellie repose en paix ,  la quantité  d'alcool qu'il a ingurgité de son vivant le préserve pour l'éternité.

vendredi 8 juillet 2011

des oiseaux et des chats

Il existe sans doute une sorte de mutualisme entre les chats et les oiseaux. A Bedford j'ai été amusée par des hirondelles bicolores qui avaient pris en grippe un bon gros matou blanc. Avait-il attrapé une  hirondelle pour la manger ou delogé un de ses oisillons ?... Le pauvre chat essayait par tous les moyens de sortir d'un ponceau. A droite comme à gauche, des hirondelles l'attendaient  et lui picoraient la tête  comme pour l'épouiller. Le manège a duré longtemps et lorsque lassées elles sont parties, le matou a attendu un bon moment avant de se risquer à sortir et s'est enfui chez-lui en vitesse.

J'ai observé le même phénomène  avec des bruants chez ma belle-soeur Pauline . Son chat Callou, chat de maison sans malice, attaché à la corde à linge pour prendre l'air se faisait littéralement charger  par les oiseaux qui semblaient prendre un plaisir fou à voir le chat miauler  et baisser les oreilles.

Que dire aussi de ma très belle chatte Camille et de Ti-gris mon chat invité  qui adorait les sacs de couchage au Grand Verglas. Quand ces deux félins passaient devant la porte vitrée de mon foyer , ils semblaient fascinés. A plusieurs reprises j'avais remarqué leur insistance pour l'âtre.J'étais certaine d'y trouver une souris prisonnière,  j'ai plutôt trouvé un beau bruant sans doute entré par la cheminée  pour manger des insectes et s'y trouvant piégé n'avait pu ressortir.

Mais la véritable symbiose , c'était Ti-gris et moi.  Ti-gris était un joueur né, avec lui tout était prétexte  aux jeux : papier d'aluminium, une corde , une balle, une branche oscillant au vent ,la neige folle sur la corde de bois, même un oiseau...Cher Ti-gris, toi et moi on faisait un bon couple.

samedi 2 juillet 2011

Allez debout !

Ah les petits maudits je les aurais volontiers envoyés à Sherbrooke  et  à Gatineau chez mes cousins Michel et Louis, ornithologues émérites. Pendant trois étés à tour de rôle , ils me servaient de réveil . Inutile d'essayer de dormir plus tard que 5:30h ou 6:00h  la cacophonie est en marche.
La première alarme est venue d'un geai bleu  et d'un écureuil qui face à face règlaient  leurs différends  à coups de bec et de frous-frous sur la clôture blanche derrière chez-moi. L'écureuil défendait ses arachides cachées dans mes plates-bandes.
L'été suivant j'ai eu droit à deux corneilles  qui enseignaient le vol à leurs petits. Couac ,couac, couac la mélodie n'arrêtait pas.  Puis quand   je frisais la crise de nerfs , elles partaient pour la journée  mais revenaient au dortoir le soir. J'ai connu aussi   l'épervier de Cooper qui avec ses kik, kik, kik  et son vol plané, a l'air d'un colonel commandant son régiment. Il se perchait sur le toit  de l'immeuble et surveillait je ne sais qui ou quoi. Il recommençait son manège le soir  vers 19:00h.

Je croyais avoir le plaisir de nourrir  les oiseaux  lors de mon retour à St-Jean-sur-Richelieu avec des graines de tournesol  striées. Tout de suite les oiseaux ont été délogés par un écureuil  qui s'est approprié la mangeoire et qui y a déposé ses  empreintes dentaires. Il était d'une telle voracité qu'après une semaine  j'ai retiré la mangeoire en sa présence , lui expliquant que des goinfres comme lui il fallait les mettre au pas. Je lui ai donné une heure de rendez-vous quotidienne  à 16:00h .  Sachez qu'il connaissait l'heure, il m'attendait assis sur la clôture  et je dosais sa pitance. Par mauvais temps il m'arrivait de l'oublier, je le trouvais sur le dossier de ma berçeuse , patient, me regardant par la fenêtre du patio.
L'hiver a fermé  le robinet  et comme mon trottoir  sert d'autoroute pour les chats, l'écureuil a dû programmer son GPS vers le chêne et les érables. J'ai su aussi par les locataires du deuxième que certains craignent les rongeurs...

vendredi 1 juillet 2011

L'expo de Bedford

L'exposition de Bedford  est la plus vieille au Québec et au Canada je crois. Ce n'est pas la plus intéressante mais elle attire quand même bien du monde par tradition.
Cette année là j'avais invité ma belle-soeur et mes neveux Luc et Michel  à visiter l'expo.Nous sommes devant les stalles des vaches, on s'apprête à faire parader l'une d'elles pour le jugement.  Luc qui la regarde les yeux tous ronds s'exclame :``mais c'est donc ben gros, j'en pensais pas que c'était gros de même.``Je m'interroge , que peut-il trouver de si gros? la Vache, il n'avait jamais vu une vache de près.  Luc est un ado de 16 ans , un urbain, il a visité le zoo de Granby, le parc Safari  sans  y voir  de vaches .

Deux ans plus tard en visitant la même exposition je m'arrête devant un mouton qui a gagné  de nombreux rubans et dont le jeune propriétaire couche à proximité pour ne pas laisser son mouton seul. Ce mouton est d'une saleté repoussante on dirait qu'il est crotté.  Sa laine est emmêlée de brindilles, il a un oeil à moitié fermé et l'autre pas très droit, une de ses oreilles est basse tandis que l'autre tente de se redresser. J'avoue ne rien comprendre à la dizaine de rubans  prestigieux qu'il s'est  mérité.
Avec diplomatie je mentionne à l'ado que son mouton a l'air affectueux mais que sa beauté laisse à désirer. L'ado regarde son mouton avec tendresse  et m'explique que c'est justement pour cela que son mouton est le récipiendaire de tant de rubans, il a toutes les caractéristiques de sa race.

Ce jour là j'ai appris, il y a des avantages à tout.

La partie basse

Mon père avait pour habitude de cueillir les noisettes, les noix de Grenoble, les pommettes et les pommes sauvages car il aimait leurs goûts particuliers. Un dimanche du mois d'août, ma mère , mon mari et moi l'accompagnons dans un rang de Barnston pour profiter des pommes maintenant mûres. Les deux pommiers sont au milieu du champ où paissent  un troupeau de vaches laitières.

Les vaches aiment  les pommes, je le sais pour en avoir donné aux vaches qui venaient me reluquer à Sabrevois. De temps en temps,  je tends une pomme à une ou deux vaches et je continue la cueillette. Tout à coup ma mère me crie en essayant de rester calme :`` Denise, reviens  tout de suite``Je la regarde ne comprenant pourquoi je dois revenir. Puis ma mère ajoute:``regarde, regarde``. Je regarde et je ne vois rien d'autres que deux pommiers et des vaches. Ma mère de plus en plus paniquée presqu'en colère: ``regarde plus bas, tu ne regardes pas  à la bonne place.``

Oh là là là !!!  Le Boeuf offusqué   parce que je m'intéresse à SES vaches  est venu m'éconduire  jusqu'à la clôture , les cornes en évidence et en levant des mottes de terre. J'avoue que j'ai eu un peu chaud et je ne vous parle pas de ma mère...

Quand les oreilles font la différence

Ma cousine Lise élevée sur la ferme de son père mon oncle Sylvio, habitait maintenent à Manchester aux Etats-Unis, ses parents ayant émigré dans les années 1970. Lise vient me visiter à St-Armand. St-Armand, un des plus beaux villages du Québec , peu populeux, s'étend du lac Champlain jusqu'à Frelisburg tout aussi beau. Après nous être fait piquer par les maringouins en nous promenant dans le bois,  nous profitons de la belle soirée pour faire un tour d'auto  et admirer les collines avec l'espoir d'apercevoir un chevreuil  si nombreux dans la région.

Nous rencontrons le maire et son épouse qui font un tour de calèche  et au cours de la conversation  je leur mentionne  qu'en passant devant leur pâturage j'ai vu un chevreuil  couché au milieu de leur troupeau de boeufs d'élevage.Le fait qu'il soit couché m'a intriguée...

Je vois le regard interrogateur du maire  qui psychologue me dit en douce: `` tu es certaine que c'est un chevreuil parce  que j'ai mon âne avec le troupeau.``  Je trouvais aussi que ce chevreuil avait de drôles d'oreilles. Lise a  bien ri de moi , ses frères et soeurs aussi.  J'ai perdu ma crédibilité, je ne suis pas assez futée pour faire la différence entre  un âne et un chevreuil.

maitres sauveteurs

A Saint-Armand notre maison surplombe une colline qui donne sur un  marais protégé, l'étang Streit, un sanctuaire d'oiseaux. Les tortues sortent du marais à la mi-mai pour pondre leurs oeufs qu'elles enterrent dans le sable ou le gravier. Elles peuvent ainsi se retrouver à plus d'un kilomètre de leur départ. David mon fils , âgé de seize ans, entre  en vitesse dans la maison en disant :``Il y a  une énorme tortue dans le milieu du chemin. Viens voir.`` J'accoure, il a raison c'est toute une tortue, une serpentine, On avise qu'il faut l'enlever avant qu'une auto ne l'écrase. David , je le vois bien, craint de se faire pincer les doigts par la tortue  en la soulevant par sa carapace. Moi je crains de la trouver trop lourde et de l'échapper .
Nous avons été chercher une pelle carrée dans notre garage et avec celle-ci nous avons déplacé la tortue vers le champ. Elle est retournée au marais, nous étions heureux de notre sauvetage à la pelletée.

Autre tortues

Nicomas le chien de Randy notre voisin anglais venait marcher avec moi chaque fois que je descendais au marais.Ce chien était d'une intelligence  peu commune certains humains auraient pu en être jaloux...
Je montre à Nicomas  une tortue  en train de pondre et je lui demande de  me trouver d'autres tortues.
Il en a répéré sept  cachéees dans l'herbe. Il plaçait sa patte à proximité de la tortue , me regardait et attendait que j'arrive près d'elles ( patte et tortue). Ce chien qu'un vétérinaire avait dressé,  était un fou de baignades et marchait au pas comme un soldat. Son maître m'en avait confié la  garde  toute une année pour des raisons professionnelles. L' hiver  il attrappait les balles de neige au vol .Quand Randy revenait le chercher les fins de semaine ce chien me demandait du regard la permission de  le rejoindre. Je lui disais:`` voyons Nicomas c'est ton père qui arrive qu'est-ce que tu attends?``.