jeudi 30 juin 2011

...les baleines

Bien   qu'ils se soient épousés aux Etats -Unis mon frère et sa femme demeurent au Canada à Port Alice au nord de l'ile de Vancouver.Le moulin à pulpe  du village fait vivre  et bien vivre presque tous ses habitants. Le site est montagneux, excellent pour la pêche aux saumons , la baie donne accès au Pacifique et aux merveilles marines qui s'y trouvent entre autres les orques ou épaulards.

C'est à Telegraph Cove que le départ pour l'observation des baleines a lieu. Très petit village de maisons aux quais -trottoirs de bois, il est d'un charme  inhabituel. Lorsque j'ai fait la croisière, le circuit était récent et se faisait en chalutier dirigé par des écologistes passionnés,  qui ne prenaient à bord  qu'une  quinzaine de personnes ( beaucoup    avaient  le mal de mer ) venant des quatre coins du monde.  On embarquait à 9:00h dans la matinée pour ne revenir qu'à 20:00h  dans la soirée .

Les baleines étaient nombreuses au rendez-vous et elles sont demeurées longtemps dans le sillage du chalutier sans doute parce que ce jour là c'était aussi l'ouverture de la pêche en haute mer. Elles et leurs baleineaux nous ont donné un spectacle  mémorable: projections hors de l'eau ,  évents qui régurgitent, chants aux mélodies langoureuses ,  plongeons  et replongeons . J'avais déjà vu ailleurs quelques baleines à l'unité mais jamais aussi enjouées et rapprochées que celles de Telegraph Cove.

J'allais oublier: vous n'avez pas besoin de chaussures , vous pouvez aller pieds nus je n'ai pas entendu qu'on y célébrait  un   mariage  mais après tout pourquoi pas, cela pourrait intéresser mon frère.

la noce les souliers et les baleines

En 1972 j'ai fait mon premier voyage dans l'Ouest. Mon frère Guy a eu la bonne idée de se marier au début septembre comme mes parents vingt-sept ans passés. Il s'est marié  à une américaine de naissance , Cheri qui porte bien son nom, elle est gentille et   depuis elle chérit mon frère tous les jours ( la pauvre). La noce a eu lieu  à Shelton dans l'état de Washington. Une noce  champêtre , organisée par la tante de Cheri, une noce moins traditionnelle que les nôtres comme j'aurais aimé que la mienne  fut mais voilà j'ai fait un mariage double , c'était un peu plus compliqué.
Le mariage de mon frère a failli se faire sans le marié. Nous avions tous couché au motel la veille , mon frère y compris. Il avait apporté ses plus beaux atours pour son mariage et paradait devant moi pour que j'approuve. Tout me  semblait ``ben beau`` lorsque je jetai les yeux sur ses souliers. Il était chaussé de ``lofers``avachis, délavés qui ``juraient`` avec l'habit de noces. Je suggère qu'il porte d'autres chaussures et en une pirouette le voilà qui claque la porte en disant: ``je reviens``. On attend, on attend , il est 10:50h et il se marie à  11:00h,  nous devons compter plusieurs minutes pour nous rendre à l'église . Guy est finalement revenu très zen avec une boite de chaussures dans les mains. Il était allé s'acheter des souliers. Je ne connais aucun autre futur marié qui achète ses souliers  dix minutes avant la cérémonie.

Au cours de son voyage de noces en Californie,  mon frère a manqué d'argent  il a dû se débrouiller avec l'argent  en espèces reçus en cadeaux de noces car il avait oublié son portefeuille au Canada. Je ne sais pas comment ma belle-soeur fait pour endurer un tel phénomène ...à suivre

Nos chatons noirs

La chatte Noiraude de mon fils David avait accouché d'une portée de cinq chatons tous semblables à leur mère , deux semaines plus tôt que ma chatte, Pot de colle , qui elle  avait eu quatre chatons de différentes couleurs dont un seul noir .  David gardait ses chatons dans sa chambre  tandis que les miens se repaissaient au solarium. Nos chattes très maternelles  nous permettaient de prendre  leurs petits  sans problème même qu'elles semblaient se glorifier de notre intérêt.

Pour vérifier si leur sens de la maternité pouvait s'étendre à d'autres que leur propre portée, David a eu l'idée de mélanger  les chatons. Il a d'abord échangé la portée au complet . Les deux chattes ont allaité sans rechigner la portée de l'autre. Ensuite il a mélangé les chatons  sans aucun problème. Il a finalement remis les chatons à leur mère respective. Quelques heures après mon fils me demande combien de chatons  avait  sa Noiraude: ``Toujours cinq voyons!  `` Puis il me dit :`` Viens voir j'en compte six``. Je vérifie , il a raison il y a bien six chatons noirs dans sa boite. Je  vais compter mes chatons et je constate ébahie que le chaton noir est diparu.

La Noiraude avait transporté à notre insu le seul chaton de la même couleur que les siens. En plus d'être très maternelle cette chatte nous a montré qu'elle connaissait ses couleurs.

des affamés qui ont du goût 2

Je devais les revoir à St-Armand. Depuis deux jours j'avais détecté une odeur spéciale dans ma cuisine et je disais à mon mari, Jean-Claude, cette odeur me rappelle quelque chose que je n'arrive pas à nommer. La noirceur venue  j'entends croquer , le bruit venant de mon patio. Instinctivement  je me dis que c'est ma chatte qui mange ses croquettes . Mauvaise déduction la chatte est à mes pieds dans la maison. Je m'approche de la porte et je vois un gros raton laveur qui mange sans souci. J'allume pour éclairer le patio, le raton se sauve sous l'escalier. Je ferme  la lumière et je dis au raton:``Ecoute , je ne t'ai pas demandé de t'en aller de toutes façons je sais où tu es caché. Tu peux revenir et finir de manger.``

Il est timidement revenu, et  le lendemain aussi. Tout doucement je suis allée avec lui sur le patio, m'asseoir en retrait de sa nourriture , du pain brun cette fois ,  deux jours après  je lui tendais les tranches de pain et il les prenait dans ses pattes. J'ai cessé de le nourrir   à la mi-août quand il s'est amené en compagnie de trois  autres ratons.

Des affamés qui ont du goût

La première fois que je les ai croisés , je campais  avec deux amies sur le terrain de la famille Cabana à Baldwin.A cause d'eux nous n'avons pu déjeuner. Il fallait nous réapprovisionner , le pain , le beurre, les biscuits soda, les gâteaux Vachon, les bananes tous disparus en une nuit.Nous avons ouvert une enquête à la Colombo  pour trouver le, la ou les coupables.

Nos indices:  miettes de papier d'aluminium
Nos soupçons: un animal quelconque
Notre solution:  le guet chacune notre tour pour la nuit  à venir

Ils sont venus à deux au milieu de la nuit , leur vacarme nous a alerté car nous avions enfermé nos nouvelles provisions dans nos chaudrons  et déposé une caisse remplie de boites de conserve sur le dessus. Avec leurs pattes bien griffées  et leurs museaux  fins, ils ont réussi à brasser la caisse mais ne sont jamais parvenus  à la nourriture.  Nos deux ratons laveurs que nous avons éclairés  avec nos lampes de poche étaient tellement mignons, leurs grands yeux cernés nous regardant presqu'implorant. Les autre nuits ils ont sans doute trouvé un meilleur restaurant car  nous ne  les avons plus revus.

Je vous salue madame

La Montée Bertrand à Sabrevois est un rang très  paisible , notre terrain situé  à l'orée d'un boisé et à proximité d'un ruisseau avait un charme assez unique il donnait accès  à des sentiers pédestres  et à d'immenses champs de mais propices au ski de fond . Une de nos voisines d'origine russe , Madame Babkine, grand amoureuse des bêtes , avait aménagé sa maison pour pouvoir garder 4 chiens et 6 chats  sans compter les invités occasionnels les chiens et chats des parents et amis.

Il y avait toujours sur sa cuisinière  une grande marmite fumante remplie d'os et de légumes , une soupe pour nourrir ses animaux. Sur les deux divans de son salon  elle avait déposé de  solides jetés en faux cuir pour que les chiens se couchent sans les abimer . La porte de son garage avait une trappe permettant à ses chats de se sauver  quand ses chiens avaient des idées de chasse. Sa maison très propre gardait tout de même une forte odeur de fauve .  Madame Babkine  habituée  l'ignorait . Mais surtout, surtout  elle  avait Karine, une alezane qu'elle montait en écuyère chevronnée. Une jument fière et racée qu'elle gâtait  avec des carrés de sucre en lui caressant la crinière`:``Tiens , mange Karine  maman va te brosser.``

Karine était au pré tous les jours de beau temps. Je la voyais de chez-moi parfois courant pour s'amuser  et puis d'autres fois très calme. Un jour, près de sa clôture, je m'avise de lui dire:``Bonjour Karine``J'ai eu la surprise de voir Karine cabrée  , relevant et penchant la tête en s'ébrouant  et hennissant  trois fois de suite pour me faire honneur. Je suis certaine que la reine d'Angleterre  n'aurait  eu pareil hommage. Les juments russes ont du sang de tsar, le père de Madame Babkine avait été général sous Nicolas 11 et avait pu fuir avant la révolution de 1917.

mardi 28 juin 2011

L'Hôte

J' avais adopté un beau gros beagle . C'est comme cela que je le décris car sans être de pure race il possédait les oreilles caractéristiques du beagle , longues et pendantes. Il dormait dans une  niche de bonne dimension  près de notre remise à Sabrevois.
En  revenant de vacances , mon mari et moi avons trouvé ,esseulé, à deux rangs de chez-nous, un petit beagle qui pleurait de faim.Nous l'avons amené et il a partagé la vie de notre gros chien, ils s'étaient pris d'affection  et se chouchoutaient.
J'avais aussi une chatte  grise  à poils courts  nommée Grisou ( original n'est-ce pas?) qui couchait dans la maison  en maîtresse absolue. C'est maintenant l'hiver , il fait froid et tempête, les tempêtes à Sabrevois à cause de la plaine , c'est à voir! Je m'inquiète de Grisou qui malgré mes appels répétés reste introuvable et je crains la route 133 déjà dangereuse par beau temps .
Je me couche en implorant les dieux de la nature pour ma chatte et le lendemain me levant aux aurores , je regarde tout de suite vers le patio dans l'espoir d'y trouver ma chatte en attente.
Ce que je vois: le gros beagle qui sort de la niche en secouant la neige de son dos,  suivi du  petit beagle, suivi de Grisou qui toute pimpante, fière de ses conquêtes s'en vient vers moi en courant . Futée la Grisou, très futée.

Deux invitations inusitées

Pourriez-vous penser deux secondes que je puisse être invitée à la chasse et que j'accepte d'y aller?Lorsque j'ai dit : `` oui les gars on y va ``, j'avais mon idée  en tête. A Sabrevois, les jumeaux de mon voisin  Guy et Gilles Duquette  qui partageaient avec moi l'amour des chiens et des chats  ont pensé  me convertir à leurs efforts pour contrôler la population  de siffleux ( marmottes).  On dit qu'ils font du ravage.
Armés d'une carabine à plombs  nous partons à la chasse , moi les mains vides  en me promettant de revenir bredouille...

Le territoire de chasse : un grand terrain en friche où la famille Duquette possède un petit camp pour le plaisir de tous. Le soleil à son maximum,  mes jeunes  chasseurs  de douze ans savent bien que les marmottes en profiteront.
Voilà notre premier siffleux , Guy arme sa carabine sans compter sur le vent qui alerte l'animal et le fait se réfugier dans son trou. Quelques minutes plus tard  notre deuxième siffleux se pointe , réarmement de la carabine cette fois c'est Gilles qui s'apprête à  viser. Et là, je tousse  en me disant désolée... le sourire au coin des yeux.
 Futés les jumeaux  me disent:``C'est pas avec toi qu'on va tuer des siffleux aujourd'hui hen Denise!``
J'avais visionné maintes fois le film Sissi et retenu le passage  sur le coq de bruyère.

Les jumeaux ont vite oublié leur déconfiture  car quelques mois plus tard ils sont venus me demander les yeux humides si je voulais assister avec eux aux funérailles de leur chatte.
Comment dire non?  `` On sait que tu l'aimais `` m'ont-ils dit.
La chatte  reposait sur une serviette dans une boite en carton. Nous avons récité un Ave, fait le signe de la croix , souhaité qu'elle repose en paix. Elle a été enterrée à la lisière de mon terrain et du leur  là où ont poussé   les tomates biologiques générées par le champ d'épuration. Quelle futée cette chatte tout de même elle a réussi à me tirer les larmes.

lundi 27 juin 2011

Des maisons inspirantes à Coaticook et Stanhope

Décennie 1970

Mes parents après bien des hésitations se sont résolus à acheter une maison sise sur la rue St-Jacques à  Coaticook , ils l'ont habitée pendant 25 ans avant de se loger dans une coopérative d'habitation . 
La maison centenaire  et de style québécois sans lucarne  à l' étage, était petite , bien conservée .
Ses anciens propriétaires,  les Riendeau bien connus dans la région en avait pris grand soin.
Après une décennie ma mère  a voulu la rénover car la cuisine était minuscule , la toilette située à  l'étage  supérieur nous  obligeait à passer par une chambre , l'absence de garde-robe au rez-de-chaussée nous compliquait la vie.
La cuisine fut donc agrandie, une salle de bain moderne installée au rez-de-chaussée, la chambre principale reléguée à l'étage qui  redivisé permettait une meilleure circulation.
Hélas la rénovation n'a pas eu que des avantages: elle a fait disparaitre  la  fenêtre en saillie  si jolie dans le salon et toutes les belles boiseries  qui encadraient portes et fenêtres, le préfini alors à  la mode a fait son apparition. Quel gâchis!
Heureusement  ma mère  s' est abstenue de toucher à l'ancienne écurie adjacente à la maison et à son étage que j'appelais  Carpharnaum avec un grand C car on y remisait les meubles ou différents objets encore en état mais démodés. Ce capharnaum avait servi de remise pour le foin qui nourrissait le cheval à l'époque. Sa grande porte carrée  en bois plein s'ouvrait sur le jardin  coté nord et me permettait d'admirer  la Grande Ours , la Polaire et de situer les diverses constellations .  Je couchais là-haut les soirs d'été  sur un matelas déposé par terre  et je considérais cet endroit comme ma maison .  Je m'envolais dans mes rêves d'adolescente et quand mon frère Guy, taquin, venait me ``jouer des tours`` je m'impatientais.   Quand il venait me faire entendre les chansons qu'il composait, je l'écoutais  admirative de ses tentatives pour maitriser la guitare. Il me  faut souligner son très grand talent à imiter Raymond Lévesque  dans  ``Quand les hommes vivront d'amour`` et mon grand-père Wellie  en boisson hell de hell, ceux qui l'ont connu comprendront...

Stanhope, la maison de Maurice et de Marie-Paul

Le frère de ma mère , Maurice, douanier à Stanhope possédait une maison qui avait du chic. Une belle grande maison à deux étages qui avait été aménagée pour faire deux logis mais que mon oncle et ma tante qui avaient huit enfants  avaient convertie en un seul. La cuisine de tante Marie-Paul était à mes yeux , une Merveille et je ne me gênais pas pour le lui dire à chaque année quand j'allais la visiter une semaine  l'été. Ma mère m'y envoyait pour aider ma tante , j'ai toujours eu l'impression que  celle-ci se débrouillait très bien seule car jamais je n'ai vu une maisonnée aussi sage. Les enfants disparaissaient dehors tôt  le matin et ne réapparaissaient que pour le souper , ils se couchaient autour de 21:00 heures . Il fallait les voir pour le croire.
 Les armoires de la cuisine de tante Marie-Paul étaient nombreuses faites de lattes de bois peintes en blanc, enjolivées de frises . Le pourtour de la fenêtre au -dessus de l'évier s'agrémentait de tablettes arrondies capable  d'accueillir bibelots et plantes. La salle à manger simple  pouvait  recevoir une table à rallonge sans que l'on se sente coincé.
Dehors, côté cour, oncle Maurice avait construit un patio dallé  avec mosaique avant même  que cela soit vraiment à la mode, je crois que Louis , son fils adolescent , avait mis la main à la pâte. La réussite de cet aménagement était totale, le patio entouré d'arbres et de fleurs  invitait à la lecture , ma tante et sa fille Ghislaine la petite dernière  en profitaient , leur chien et leur chatte de même que de nombreux oiseaux dont les colibris. Le terrain avait à l'est , ses pommiers et à la limite arrière une pinède qui vous offrait ses aiguilles roussies comme un tapis pour vos pieds.
Vous comprendrez  que ces deux maisons  m' ont inspirée et fait germer les miennes. J'en ai fait construire quatre, rénover une et louer une qui avait déjà été mise au goût du jour. A présent  sevrée de construction  j'habite  un  appartement , nostalgique du plaisir que j'ai eu à réaliser mes rêves.

Une autre de mes conneries

La ferme de tante Alice n'était pas aussi modernisée que celle de mes autres parents. L'électricité y est venue plus tard , nos besoins naturels se faisaient dans la `` chiotte ``extérieure laquelle avait besoin d'être vidangée et les déchets divers de la maison, portés sur un coin reculé de la terre.
En hiver, la jument de François mon cousin, attelée à un traineau bas sur lisses permettait de transporter un  gros baril rempli de déchets à condition qu'on tienne celui-ci en équilibre.

Certains chevaux ont peur de la fourrure me dit François  et pour cette raison la pelisse servant à nous isoler du froid doit être posée   la fourrure face au sol.
Nous partons , François debout  les rênes dans une  main, l'autre main posée sur le baril en équilibre. Moi, assise sur la pelisse tenant le baril de mes pieds et de mes mains. Nous glissons lentement sans problème lorsqu'à environ 500 mètres de notre point  d'arrivée une fois encore, une idée me vient.
Il faut que je vérifie si cette paisible jument a peur de la fourrure. Je retourne donc un coin de la pelisse en attirant l'attention de la jument par un clic clic, elle jette un oeil farouche à la pelisse et la voilà partie au galop. J'ai failli être éjectée  du  traineau, François s'est retenu  comme  un cowboy en rodéo au baril et a réussi à la dernière seconde en tirant sur les rênes à immobiliser la charge avant que le baril rempli d'immondices ne se renverse  à l'endroit prévu.
Cette fois je n'étais certes pas très futée et François indulgent n'a rien dit.

mes parents fermiers

La famille de mon père comptait deux fermiers: mon oncle Théophile, frère de ma grand-mère  Emilia et mon oncle Sylvio, époux de Rita la soeur de mon père.

La famille de ma mère est toujours  propriétaire d'une ferme  à St- Herménégilde , la ferme Carrier, descendants de ma tante Alice.
 Vous dire le plaisir que j'ai eu à fréquenter ces fermes! J'étais citadine de naissance mais rurale dans l'âme. Les grands espaces, l'air qui embaume le foin coupé même les relents du fumier ne me rebutaient pas.
Mon oncle Théophile familièrement appelé ``Washgalop `` parce qu'il répétait ce mot chaque fois qu'il  entrait une rondelle au jeu de ``pichenotte`` possédait une cabane à sucre  traditionnelle et c'est de  lui que ma famille achetait son bon  sirop.  Adolescente, je suis allée ramasser l'eau d'érable avec lui et ses petits- enfants.  Pour ce faire  j'ai dû marcher 15 kilomètres pour aller et autant pour revenir, mon père n'ayant pas encore d'auto. J'ai travaillé toute la journée à courir les érables et  à déverser  les chaudières  dans le gros  baril de chêne  tiré par le cheval .  Quand je pense que le fermier se tape ce travail pendant un mois, j'ai pour lui beaucoup de respect . Beau temps, mauvais temps la commande doit être remplie. Lorsque mon oncle Théophile a croisé mon père il lui a dit ceci:`` C'est de valeur que ta fille ne reste pas plus proche, elle a ça dans le sang la petite vlimeuse`.``

Oui, j'avais la ferme dans le sang mais pas toujours pour les bonnes raisons.
C'est ainsi que l'élevage de cochons  sur la ferme de mon oncle Sylvio et de ma tante Rita à St-Edwidge a goûter à mes conneries de citadine en vacances.
Un matin de juillet  ma tante nous prévient qu'elle doit aller faire des achats  à  Coaticook et qu'elle et mon oncle reviendront pour la traite des vaches à 17:00 heures. Les vaches étant au pré , il restait à l'étable les trois truies et une vingtaine de leurs cochonnets. Une  étable bien propre avec eau courante  dans les dalots ou auges ce qui  me donne une idée.
Il fait soleil, chaud et humide , les pots Masson  sont à notre portée pourquoi pas arroser les cochons?J'avise la fratrie  qui est consentante . On remplit  nos pots d'eau, on libère les truies  et les cochonnets de leurs enclos et voilà le bal à l'eau commencé. Un ,deux, trois à mon commandement : arrosez. Sept apprentis sapeurs-pompiers à l'exercice je vous jure que cela fait couiner son cochon. C'était d'une drôlerie à se rouler par terre: les  cochons couraient dans tous les sens en se heurtant pour regagner leur habitat, glissaient sur leurs pattes  le ventre à l'air cherchant leur mère respective. Nous avons fait durer le plaisir ou la torture une bonne heure , seul répit pour les pauvres bêtes, le temps de remplir à nouveau nos pots . Auraient-ils pu attraper une pneumonie?  Mon expertise  des porcs s'arrête ici pour leur plus grand bien. Le sol de l'étable étant détrempé  , les tessons de pots cassés  ramassés, je surveillais l'heure du retour de Sylvio et Rita en espérant que le sol s'assèche.
De retour en mettant les pieds dans l'étable, mon oncle qui était bègue s'exclame:`` Veux, veux veux-tututu  ben ben m'dire  qu'é qu'é qu'a mouillé de même?``. Et son fils André cousin de mon âge, de lui répondre :``C'est la belle Denise qui a eu cette idée là.``
Entre-temps cachée dans le foin de la tasserie je faisais le guet de sa réaction et j'attendais avec appréhension  l' heure de la vérité, le souper. Oncle Sylvio le rire fendu jusqu'aux oreilles  en me voyant le menton dans les épaules  me retenant de pouffer, raconte à  sa femme aussi miséricordieuse que son mari, la mésaventure de ses cochons.Le souper fut excellent grâce au très futé oncle Sylvio et aux cousins et cousines qui rient encore.







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Le sol de l'étable étant détrempé te ici pour leur plus grand bien...

dimanche 26 juin 2011

Les lièvres à Toussaint

Nos voisins de palier, les Bolduc ont été pour notre famille des voisins charmants.Toussaint petit homme nerveux  aimait lever le coude assez souvent et un jour mon père  plus costaud a dû le calmer .Pourtant  à jeun, Toussaint était le plus doux des hommes. Toussaint ne chassait pas mais posait des collets  à lièvres et rapportait à la maison plus de gibier que sa famille pouvait manger. Nous profitions de cet abondance, ma mère cuisinait des civets très appétissants.
Un jour , j'étais dans la cave quand j'entends tousser, cracher , jurer , je reconnais la voix de notre voisin . En m'approchant je le vois en train de rabattre la peau d'un lièvre et de l'éventrer. Il  me faut dire  que l'odeur qui   s'en dégageait  pouvait décourager un boucher aguerri. Plié en deux  sur le point de vomir, Toussaint me dit:``Vite, Christ, va chercher ton père , j'en peux pu je vas mourir le coeur à l'envers``
Je suis ricaneuse, je me forçais pour ne pas  rire puis finalemnt je suis allée chercher Dorila pour qu'il finisse le travail de Toussaint. A partir de ce jour, ma mère décréta qu'elle avait suffisamment manger de lièvre cette année là.

Peu de temps après la maison ayant été vendue nous avons tous aménagé ailleurs, les Bolduc à Sherbrooke.  Je me remémore  toujours avec le  même fou rire  les foutus lièvres à Toussaint.
Deux des trois fils à Toussaint et Claire Bolduc , Alain et Jacques ont été parmi les derniers musiciens de Ti-Blanc Richard.

samedi 25 juin 2011

Je devrais craindre les chiens

J'aime les bons gros toutous davantage que les petits jugés trop nerveux. Pourtant j'aurais une raison de les craindre: j'ai eu la main droite  mordue au complet par le chien Pitou  de mon oncle à 6 ans . Cela s'est fait si vite que je n'ai pas eu le temps d'avoir peur. J'allais entrer dans la maison en ouvrant la porte de la main gauche, je touchai la tête de Pitou  machinalement mais si doucement que je crois qu'il a confondu ma main droite avec une mouche, Il l'a gobée.
Ouch... j'ai chialai un brin. On  m'a consolée et désinfectée  puis pansée. Le Docteur Lajoie consulté le lendemain, lundi, a soigné la morsure avec je vous le donne en mille: de bons vieux cataplasmes de Bardane  à changer aux deux jours pendant un mois . La cicatrisation s'est faite sans problème  et malheureusement pour le chien que l'on soupçonnait de rage, il a été abattu et j'en fus chagrinée. Il n'avait pas la rage ,pour le prouver je suis toujours là sans être vaccinée et si jamais je deviens enragée vous saurez pourquoi si futés êtes-vous.

La ménagerie à Dorila

J'ai hérité  de ma famille paternelle l'amour des animaux. Je ne les  gâte pas , je les aime pour ce qu'ils sont , je les aime libres et égalitaires.
Mon père  avait une facilité d'approche avec  à peu près tout ce qui s'appelle ``bébites à quatre pattes``
Au cours des années cinquante l'écologie  n'étant pas encore  à la mode, nous avons d'abord eu une tortue trouvée sur les rives de la rivière . Mon père avait perçé un trou à travers sa carapace  en espérant la garder dans un bassin d'eau. Très futée , elle réussit  à s'enfuir  en tirant fort habilement sur sa corde, déchirant sa carapace  ainsi elle regagna son milieu naturel. Après, ce fut un renard, je ne me souviens plus très bien comment il  est venu vers nous. C'était un renardeau , nous l'avons gardé tout un été, mon père le promenait  en laisse comme un chien, En vieillissant le renard risquait d'être plus agressif et dégageait déjà une odeur caractéristique mon père l'a remis à la pisciculture du lac Lyster, je crois.
Nous avions aussi un écureuil très apprivoisé. Mon père l'amenait partout avec lui dans sa poche de chemise ou de veston  et le montrait à qui voulait bien le voir .  Coco dormait dans une cage à hamster  où il s'exerçait au rouleau. Il a vécu un an et demi , on croit qu'il était un peu handicapé.
Nous avons gardé  des lapins dans notre cave, ils ont fini en ragoûts et mes protestations sentimentales ont su attendrir mon père, ce fut la fin de l'élevage.

Nous avons eu la compagnie  de nombreuses chattes ( une à la fois) presque toujours des chattes dites ``d'Espagne``les plus fines et les plus maternelles. Je les vêtais, elles me servaient de poupée et semblaient très heureuses de leur sort. Quant aux chiens, mon père préférait les Chiwawas  à qui il montrait des trucs  tels faire la belle, marcher ou danser sur les pattes  arrières seulement , ne japper qu'à son commmandement: ``Bijou, je vais te  prendre  les oreilles`` Tous les chiens de mon père ont eu pour nom Bijou et ils étaient tous très futés. Moi je préfère les gros chiens moins décoratifs mais de bons compagnons que l'hiver n'effraient pas.

La pêche forcée

Mon grand-père paternel, Guillaume dit Wellie,  connaissait les plantes dites ``sauvages`` et ses propriétés. Mon père savait distinguer toutes les essences d'arbres  indigènes et leurs fruits, il fabriquait des meubles dans une usine des Cantons de l'Est et celà devait lui servir.

Ma mère nommait toutes les fleurs ornementales par leur nom commun ou anglais; j'avais de la mémoire, j'apprenais  et j'aimais la forêt , les sous-bois, le jardinage surtout l'arrosage... J'étais déjà attirée par l'eau. Mon père aimait la pêche au ruisseau, nous n'avions pas le choix, nos fins de semaine d'été nous les passions à la pêche. Cela aurait pu être  très agréable  mais il fallait faire le moins de bruit possible, éviter de marcher dans le ruisseau et surtout ne pas faire ricocher les galets pour ne pas faire fuir la truite. Bref pour des enfants  pas particulièrement sages  c'était beaucoup nous demander.
Il faut dire que mon père  était doué pour la pêche  à la ligne, son hameçon  appaté de vers , mais ou leurres , des  truites il en a attrapées dépassant son quota quotidien comme pourrait en témoigner mon oncle Maurice son compère.
De truites, nous nous régalions: poêlées dans du vrai beurre, assaisonnées à point, cela s'avalait même avec les arêtes  tellement c'était  tendre . Les autres espèces de poissons ? C'était du menu fretin, elles retournaient à l'eau.
Je ne pêchais pas alors mais je m'arrangeais pour marcher pieds nus dans  le ruisseau aussitôt l'attention de mon père détournée, je m'amusais à trouver des écrevisses, tritons et lézards en  retournant  les pierres et à laisser ces rampants  se trouver un autre refuge, petits futés.
Puis les fougères du sous- bois m'attiraient dans leurs touffes et je mangeais  les aliments  de mon pique-nique en  félicitant  les fougères de leurs belles formes.

le dieu Thor

Décennie 1950

Je me sens si bien avec la Nature  au point de faire corps avec elle depuis l'âge de 6 ans mais je me souviens d'avoir d'abord eu très  peur d'elle, surtout des orages. Ma mère, Bernadette, en avait une peur bleue; à coté de son lit qui lui servait de refuge , la tête enfouie sous l'oreiller pour ne pas voir les éclairs, trônait sur la table de chevet : cierge, eau bénite et crucifix. Elle n'était pas bigote mais l'orage réveillait ses croyances: `` Sainte-Barbe,  Sainte-Claire vicaires de Jésus-Christ sur la terre ,
Partout ou cette oraison se dira
Jamais le tonnerre ne tombera``
Mon frère Guy et moi répétions cette prière maintes fois, certains de mettre les éléments de notre bord.
Pendant ce temps, mon père , Dorila, debout face à la fenêtre  regardait le spectacle  de la nature  en souriant et en nous rassurant.
J'avais le choix: craindre l'orage pour le reste de mes jours comme ma mère ou me fier à mon père et affronter consciemment l'orage, sans bravade. Je choisis de ne plus avoir peur et je ne l'ai jamais regretté. J'ai admiré des orages spectaculaires avec une prudence respectueuse.

Je dirais que mon père était une `` bête hominidée futée``